Une étrange rocher est mis à nu pendant un chantier d’exploitation forestière intensive. Le chef du chantier en retire un pendentif, qu’il offre à sa fille Wakaba. Malheureusement il s’avère que le pendentif n’est autre qu’un scellé retenant prisonnier DesGhidrah depuis des millénaires. Sentant venir la menace, les deux Elias, Lora et Mona, décident de retrouver le pendentif, mais se le font voler par une de leur semblable, la terrible Belvera.
Avis de Yume :
Dans l’univers du kaiju, hormis bien sur Godzilla, peu de monstres ont véritablement su tirer leur épingle au jeu de la reconnaissance. On peut bien sûr citer King Ghidorah, mais c’est bel et bien Mothra qui arrive en tête de classement, accédant au rang de monstre culte. Pourtant, en dépit de cette reconnaissance, Mothra n’est généralement considéré que comme un adversaire à la mesure du roi Godzilla. Et c’est donc régulièrement que Mothra fit ses apparitions remarquées dans la longue série des Godzilla, mais toujours en second rôle, alors que tout avait commencé en 1961 dans un film en solo au caractère écolo réalisé par le grand Ishiro Honda. Il fallait donc rendre, un jour ou l’autre, hommage à ce monstre aussi doux que joli. Et c’est 35 longues années après sa naissance que la Toho se décide enfin à lui réserver les honneurs d’un nouveau film en solo, le bien nommé Rebirth of Mothra. Renaissance. Pas si sûr que ça finalement que ce film en soit une. Certes Rebirth of Mothra marque le retour du monstre, mais ce dernier se fait dans un complet changement de registre.
Alors que le Mothra de 1961 était un film adulte, au ton sérieux et écologiste avant l’heure présentant un monstre pouvant être assimilé au système immunitaire de la Terre, le Mothra de 1996 devient un gentil monstre luttant aux côtés d’enfants. Un changement de ton qui choque au premier abord, étant donné que les personnages principaux du film sont deux enfants et bien sûr les deux Elias (aussi nommées faeries, shobijin ou cosmos dans la série Godzilla) qui accompagnent toujours Mothra. Ces deux êtres minuscules luttent contre leur sœur noire, passée du côté obscur de la Force, et qui ne jure que par la destruction. Un pitch effrayant, tout autant que le ton enfantin continuel dans lequel le film s’enlise. Pourtant Rebirth of Mothra n’est pas exempt de bons points, au premier rang desquels la réalisation nerveuse et les effets spéciaux. Il faut dire que Okihiro Yoneda, même si Rebirth of Mothra est sa première réalisation, a été assistant réalisateur de Akira Kurosawa sur Yume et Rhapsodie en Août ainsi que sur un des précédents opus de Godzilla, Godzilla VS King Ghidorah. L’homme cumule donc de solides bases de réalisations, et il est aidé aux effets spéciaux par le grand Koichi Kawakita, spécialiste providentiel qui est pour beaucoup dans la réussite visuelle de la majorité des films de la saison Heisei de Godzilla. Il a donc déjà travaillé sur Mothra, et on lui doit la poésie constante (dont l’éclosion) du fabuleux Godzilla vs Mothra : Battle for Earth en 1992. Et sa présence sur Rebirth of Mothra sauve le film, en y créant des effets visuels époustouflant si on tient compte du fait qu’il travaille avec des miniatures et des incrustations plutôt que de céder au tout numérique.
Certains passages tels que le combat aérien entre les faeries montées sur un mini Mothra et leur sœur noire, ou les deux combats contre DesGhidorah sont magistraux. Bien sur l’emploi de jouets et quelques incrustations sont voyants au possible mais le charme opère. Tant et si bien que le défaut majeur du film, son ton enfantin, disparaît rapidement, sans malheureusement se faire oublier, sous un déluge de combats. De combats et bien sûr de chansons, puisque Mothra ne saurait exister sans les deux fabuleux thèmes si connus, qui ici encore retentissent faisant à coup sûr vibrer le fan de Mothra. Le fan remarquera aussi un semblant de mythologie, expliquant la disparition des Elias, mais bien sûr cela ne va jamais dans le sens de ce qui avait été expliqué lors des apparitions précédentes de Mothra dans les films de Godzilla. Et cette non continuité est d’ailleurs plutôt déstabilisante, la Toho étant peut-être allée trop loin dans la coupure franche et nette en voulant recréer de toutes pièces un Mothra flambant neuf. Un Mothra tout aussi différent de ces prédécesseurs, qu’identique.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La réalisation ♥ Les effets spéciaux ♥ Les combats |
⊗ Le changement de registre ⊗ Très enfantin ⊗ La non continuité de la mythologie |
En mettant Mothra sur le devant de la scène, la Toho a bizarrement fait le choix de destiner le film à une cible jeune ce qui rend Rebirth of Mothra trop lisse, et quelque fois énervant. Et malgré le travail impeccable de Koichi Kawakita, l’ennui se fait malheureusement sentir, la faute à une morale trop simple. |
Titre : Rebirth of Mothra / Mosura
Année : 1996
Durée : 1h44
Origine : Japon
Genre : Le retour de la mite
Réalisateur : Okihiro Yoneda
Scénario : Masumi Suetani, Tomoyuki Tanaka
Acteurs : Megumi Kobayashi, Sayaka Yamaguchi, Aki Hano, Kazuki Futami, Maya Fujisawa, Kenjiro Nashimoto, Hitomi Takahashi