Durant des siècles, le Monde-Mère a étendu son empire au travers de la conquête militaire de la galaxie. Mais quand la famille royale a recueilli la princesse Issa, qui possède de rares dons de guérison, elle a vu l’espoir de parvenir à unifier l’empire non plus par la force, mais par la compassion. Malheureusement, la famille royale fut assassinée, et un politicien ambitieux, le sénateur Balisarius, s’est autoproclamé régent du Monde-Mère et a relancé la politique de conquête. Sur la lune Veldt, une colonie reculée aux frontières de la galaxie, une petite communauté de fermiers reçoit la visite de l’amiral Atticus Noble, chef des armées du Monde-Mère et bras droit de Balisarius. Bien vite, les pacifiques habitants de Veldt découvrent la cruauté et la brutalité de leurs visiteurs ; ils décident d’envoyer Kora, une habitante recluse récemment arrivée sur la lune, afin de rassembler une équipe de combattants pour repousser l’amiral et ses troupes…
Avis de Rick :
Bien que n’étant pas fan de Zack Snyder, détestant même Sucker Punch de toute mon âme, mais trouvant beaucoup de belles choses à dire sur Man of Steel, j’attendais son Rebel Moon avec impatience. Après tout, la promesse d’un space opéra, à une époque où Star Wars est mort et enterré (même si Disney compte bien continuer de jouer avec son cadavre), avec un réalisateur au style visuel si marqué, c’était une bonne chose, ça donnait envie. Puis, avec Netflix derrière, Snyder avait sa liberté totale, même si son précédent métrage, Army of the Dead, montrait déjà les limites de ce partenariat. Et que Snyder s’était, sur ce métrage, improvisé directeur de la photographie pour un résultat tout bonnement calamiteux. Mais voilà, je ne partais pas avec des à priori, j’étais même plutôt impatient de pouvoir oublier la dernière trilogie Star Wars. Surtout que Rebel Moon, c’était ambitieux, et qu’en plus, ce projet que Snyder traine derrière lui depuis bien 10 ans avait été dès le départ pensé pour se dérouler dans l’univers de Star Wars. Projet qui fut refusé, et donc remodelé pour sortir sur Netflix, en deux parties… Ou en quatre, puisque Snyder avait annoncé avant même la sortie que Rebel Moon aurait droit à une version longue. Alors, pourquoi pas, mais pourquoi, sachant que Netflix laisse une liberté quasi-totale au réalisateur, ne pas sortir d’entrée de jeu la version complète, sa version ? Surtout qu’après vision de la bête, durant malgré tout un peu plus de 2h10, un constat s’impose, et des interrogations demeurent. Oui, le film, son intrigue et ses personnages sont génériques, vides, peu intéressants, alors si l’heure coupée au montage développe ses personnages et leur donne un peu de substance, pourquoi avoir coupé tout ça ? Pour nous imposer un second visionnage ? Sans moi. Si pour Justice League, la version Snyder Cut se justifiait par les bidouilles nombreuses effectuées par la Warner une fois le réalisateur loin du projet, ici, ce n’est pas le cas.
Rebel Moon, première partie donc, c’est une bien trop longue introduction. Vous savez, dans ces films, que Snyder copie d’ailleurs, où un héros doit former une équipe pour affronter un ennemi commun, et bien, la moitié du métrage est là pour nous montrer la formation de l’équipe, les recherches, développer les personnages. Snyder réussi là l’impensable. Étendre cette introduction à un film entier, donc plus de 2h10 encore une fois, ce qui fait quand même long juste pour une introduction, mais le tout sans jamais développer ou iconiser comme il le faudrait chacun de ses personnages. En gros donc, faire plus long qu’ailleurs, pour finalement raconter beaucoup moins. Ce constat, il est triste. Amer même. Pendant bien 1h40 donc, nous suivons Kora (Sofia Boutella), qui part un peu partout dans la galaxie pour retrouver plusieurs personnages et ainsi former les sept samou… oui non, même si l’inspiration, elle est bien là. Avant une bataille finale qui sert avant tout, dans les faits, à donner envie aux spectateurs de voir la seconde partie. Sauf que. Sauf que oui, beaucoup beaucoup de choses coincent. On pourrait parler des personnages, souvent vides, mal définis, introduis de force dans le récit pour certains (voir la présentation du personnage de Bae Doona, qui n’a en réalité pas vraiment de présentation, on la découvre directement de face en plan rapproché, sans dialogues). On pourrait parler de cette « aventure », qui rappelle à chaque nouveau lieu visité qu’en réalité, rien n’a vraiment égalé Star Wars dans ce domaine. Du moins, la trilogie originale. Ainsi, au début des aventures de Kora, on découvre une cantina du pauvre, avec trois malheureux figurants qui se battent dans 5 mètres carrés. On pourrait parler de ce personnage torse nu qui ne semble, dans les faits, n’être qu’un mix entre Conan le Barbare et Harry Potter pour cet oiseau géant qu’il doit dresser.
Ou de Bae Doona justement, débarquant d’un coup, munie de deux sacres en feu (donc, des sabres lasers un peu ?), et qui se trouve sur une citée industrielle située dans les nuages aux teints orangés rappelant largement un certain Coruscant dans Star Wars encore une fois. Que reste-t-il donc vraiment ? L’aspect science-fiction et l’action me direz-vous ? Mais même pas véritablement en fait. Si on ne va pas cracher dans la soupe non plus, le film alterne les plans plutôt bien composés et aux effets réussis, et les plans foirés de mauvais goût. L’action, aucune surprise, Snyder laisse place aux ralentis, lui qui s’était totalement freiné sur Army of the Dead. Mais là où un ralenti bien placé peut iconiser un personnage ou rendre une action plus violente, Snyder en abuse tellement que cela devient juste un triste automatisme. Rien de plus. Il s’en sert systématiquement à chaque scène d’action, qu’elle soit dans le présent, le passé, concerne Kora ou un autre de ses acolytes. L’aspect science-fiction, on aurait voulu y croire, sauf que Snyder n’a semble-t-il que gardé le pire de Star Wars, avec ces fascistes de l’espace à peine déguisé, des planètes variées que l’on ne visite que quelques secondes, des hommages un peu partout, et voilà, fin, la suite au prochain épisode. L’ironie de tout ça, c’est que maintenant qu’il jouit d’une liberté totale chez Netflix, les fans de Snyder semblent beaucoup moins apprécier son travail. Snyder en réalité ne trouverait-il le moyen de faire mûrir véritablement ces idées que lorsqu’on lui met des contraintes dans les pattes ? C’est possible, et d’ailleurs dans le fond, il ne serait pas le premier réalisateur, ambitieux, mais incapable de gérer ses projets si on le laisse seul maître à bord. On pourra au moins se dire, bien que s’inspirant beaucoup de Star Wars, que n’étant pas dans ce même univers, Rebel Moon ne détruit pas une mythologie comme a pu le faire les récents métrages made in Disney. Maigre consolation il est vrai.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Quelques visuels réussis | ⊗ Un casting gâché par des personnages vides ⊗ Des hommages souvent risibles ⊗ Une introduction de 2h15 ⊗ D’autres visuels foirés ⊗ L’abus de ralentis |
The Rebel Moon, au moins, ne crache pas sur un univers existant comme les récents Star Wars. Ceci dit, ça n’en fait pas un bon Space Opéra pour autant, tant cette première partie fait office de trop longue introduction qui pourtant n’a quasiment rien à raconter. |
Titre : Rebel Moon Partie 1 : Enfant du Feu – Rebel Moon Part 1 Child of Fire
Année : 2023
Durée : 2h13
Origine : Etats Unis
Genre : Pétard mouillé
Réalisation : Zack Snyder
Scénario : Zack Snyder, Kurt Johnstad et Shay Hatten
Avec : Sofia Boutella, Djimon Hounsou, Ed Skrein, Michiel Huisman, Bae Doona, Ray Fisher, Charlie Hunnam, Anthony Hopkins et Staz Nair
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