[Film] Ravage, de Gareth Evans (2025)

Après une affaire de trafic de stupéfiants qui a mal tourné, un policier va tenter de sauver le fils d’un homme politique. Il va devoir évoluer dans une ville profondément corrompue.


Avis de Rick :
Depuis le tout premier The Raid, et ça commence à dater maintenant, tout le monde surveille de près ce que Gareth Evans fait. Si depuis, comme beaucoup de réalisateurs, il s’est réfugié chez Netflix, aux côtés de Timo Tjahjanto (The Big 4, The Shadow Strays), pas grave. Son précédent long métrage était déjà arrivé sur la plateforme au N rouge. C’était Apostle, ou Le Bon Apôtre, et là aussi mine de rien, ça commence à dater. Tourné en 2021, son dernier long métrage, Havoc, renommé Ravage par chez nous, était donc attendu. Et on l’aura attendu, longtemps, entre des reshoots qui, suivant les sources, auraient été demandées par Netflix suite à des retours négatifs, mais suivant d’autres sources, auraient été voulues par Gareth Evans car le film le nécessitait. Un tournage additionnel qui a dû attendre, car entre temps, il y a eu une grève. Bref, Avril 2025, le film est enfin là. On se lance, aussi heureux d’un petit garçon qui reçoit enfin son jouet à Noël, avec des attentes fortes, et devant cette ouverture, on ne sait que penser, tant on a l’impression de voir une course poursuite à la Furiosa, mais seulement avec les mauvais côtés. A savoir un côté numérique, bien trop fluide, bien trop too much pour paraître crédible et tout simplement réel. On se demande bien ce qu’il s’est passé. On craint le pire, entre ses mouvements de caméra improbables, ces voitures et camions beaucoup trop fluides et rapides… Puis le film débute vraiment, et nous sommes enfin rassurés, nous ne sommes pas devant une cinématique de jeu vidéo, mais bien de retour dans l’univers sanglant, violent et sans pitié de Gareth Evans. Avec ce que cela implique de qualités comme de défauts.

Je l’avais souligné à l’époque de A postle, mais la plus grande force d’Evans, ce n’est pas l’écriture, même s’il écrit toujours lui-même ses scénarios. Et ici, c’est exactement la même chose, comme pour The Raid 1, The Raid 2 et tous les autres. C’est un scénario fonctionnel, déjà vu, assez cliché dans le fond, mais finalement, ce n’est pas pour voir une fresque originale ou épique façon Scorsese que nous sommes là. Non, là où Evans brille de milles feux, c’est en mise en scène pure, dans sa manière de fluidifier la violence et de la rendre jouissive à l’écran. Et sur ce point, le métrage est exactement ce qu’on attendait de lui, avec comme moment de grâce une scène d’action de bien dix minutes dans une boite de nuit qui rentre immédiatement dans mon top 5 des meilleures séquences de l’année. Que l’on regretterait de ne pas découvrir sur un écran de cinéma pour avoir droit au même choc jouissif que fut la découverte de The Raid 2 à l’époque. Mais bon, un peu de contexte à tout ça. Rien d’original comme énoncé, Tom Hardy joue un flic hard-boiled qui se retrouver à chercher et protéger le fils d’un politicien (ce bien trop rare Forest Whitaker) alors que les flics, des flics ripoux, les triades et un peu tout le monde sont après lui et sa petite amie Mia. Alors forcément, il est question de gangs, de drogue, de trahisons, et de se tirer dans la gueule à coup de fusil à pompe à bout portant jusqu’à ce qu’il ne reste pas assez de peau pour être considéré comme vivant. Et ça fonctionne comme toujours à merveille. Malgré le côté classique du scénario, des personnages et même des situations, la mise en scène de Gareth Evans fait passer la pilule, même en dehors des scènes d’action, de par sa maitrise de la caméra et de l’ambiance. Entre son grain souvent prononcé, son montage affuté, sa violence débridée et le score musical du fidèle Aria Prayogi à l’œuvre chez Evans depuis Merantau en 2009, c’est du tout bon.

Mieux, ça parvient à créer une réelle ambiance de film noir et désespéré où la morale est quasiment absente de la plupart des personnages, à l’exception de la flic Ellie qui va finir par filer un coup de main à notre héros. Oui, car flinguer la moitié de la ville en l’espace d’une scène épique, ça fatigue. Et niveau action donc, Gareth Evans est en forme, comme toujours, c’est méga violent, la caméra est fluide tout en étant toujours lisible, ça pisse le sang dans tous les sens, ça poignarde, charcute, mitraille, explose, abat froidement des innocents, et ça retrouve donc cet aspect purement jouissif de l’action. Sans doute plus rare que dans un The Raid 2, mais également bien plus court (1h45 ici contre 2h30 pour The Raid 2), Ravage fait des merveilles quand les dialogues laissent leur place à la poudre, et ça en deviendrait presque orgasmique, le temps de deux scènes énormes, celle de la boite de nuit, et le long final. Orgasmique pour les yeux, pour les oreilles, pour les sens, et moi perso j’en redemande. A l’heure ou le cinéma d’action à destination des salles de cinéma est souvent aseptisé, nous faisant presque croire qu’une guerre de gangs, ça ne salut pas, ça fait plus que du bien de voir le cinéma clairement exagéré de Gareth Evans qui vient défoncer tout ça, avec supplément cervelle sur les murs.

LE MEILLEUR LE PIRE
♥ Une mise en scène parfaitement rodée
♥ De l’action purement jouissive
♥ La scène de la boite de nuit, grand moment
♥ Un casting de belles gueules (fracassées)
♥ L’ambiance musicale et sonore
⊗ La course poursuite d’ouverture, une catastrophe
⊗ Un scénario comme toujours simple, et simpliste
note2
Ravage, ou Havoc, c’est passé son ouverture ratée et bien moche un pur plaisir d’action bourrin qui explose les têtes dans des scènes jouissives et volontairement chaotiques.


Titre : Ravage / Havoc
Année : 2025
Durée :
1h45
Origine :
Etats Unis
Genre :
Policier
Réalisation :
Gareth Evans
Scénario :
Gareth Evans
Avec :
Tom Hardy, Jessie Mei Li, Timothy Olyphant, Forest Whitaker, Justin Cornwell, Quelin Sepulveda, Luis Guzman, Michelle Waterson, Sunny Pang, Jim Caesar et Xelia Mendes-Jones
Havoc (2025) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Lucio Fulci, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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