Un petit groupe de médiums se rendent à l’hôtel Bodega Bay pour répondre à l’invitation d’un certain Neil Gallagher. Malheureusement, une fois sur place, la troupe découvre que non seulement Gallagher est mort mais aussi qu’il effectuait des recherches, basées sur la magie égyptienne, afin d’insuffler la vie à des objets inanimés. Les invités du défunt sont alors confrontés à des poupées meurtrières animées des pires intentions, jadis confectionnées par un sorcier s’étant suicidé durant la Seconde Guerre Mondiale, André Toulon.
Avis de Cherycok :
Ça y est, je me décide enfin à me lancer à ce qui est aujourd’hui la plus longue saga horrifique jamais créée. Il s’agit ici de la plus belle réussite commerciale de ce très cher Charles Band puisque la saga Puppet Master compte pas moins de 13 volets, sans compter les sagas qui en sont dérivées tels que Demonic Toys ou encore Dollman. Oui, 13 films, et autant vous dire que, passé l’épisode 3, ils n’ont pas très bonne réputation. Suis-je complètement malade pour me lancer dans cette série de films complètement fauchés ? C’est possible. Mais je suis curieux car nombre de fois durant ma jeunesse, cette VHS m’aura fait de l’œil dans mes videoclubs favoris sans que jamais je me décide à le voir. Vous me direz que je pourrais me contenter de voir ce premier opus qui, soit dit en passant, a acquis au fil des années un statut de petit film culte. Mais je suis motivé et on va essayer de se les enquiller ces 13 films (vous noterez que j’ai employé le terme « essayer ») en commençant par le premier, qui n’est en fait pas le premier dans la chronologie de la saga, mais qui est celui qui est sorti en premier. Bref, c’est un peu le bordel cette saga mais on va essayer de s’en sortir. Alors c’est parti pour Puppet Master premier du nom !
Vers la fin des années 80, la boite Empire Pictures (Re-Animator, From Beyond, Trancers, Ghoulies, …) de Charles Band ne va pas très bien et se voit obligée de fermer. Mais papa Band ne se laisse pas abattre, relocalise toutes ses troupes aux Etats Unis et fonde la mythique Full Moon dans le but de créer des films à petits budgets qui s’inspireront de films qui ont fonctionné. Après s’être associé à Paramount Pictures, ils mettent en chantier leur premier film, Puppet Master, qui s’inspire d’un autre film produit par Charles Band, Dolls, réalisé deux ans plus tôt par Stuart Gordon. Initialement prévu pour sortir au cinéma, le film sortira directement en vidéo, Band estimant qu’il était susceptible de gagner plus d’argent de cette manière qu’il ne le ferait avec les salles obscures. Le succès est immédiat et la saga continuera donc des années durant, en étant encore aujourd’hui active puisque le dernier opus, le 13, intitulé Puppet Master : The Littlest Reich date de 2018 et qu’un spin-off basé sur un des personnages, nommé Blade : The Iron Cross, ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez.
Pour ce premier opus, Charles Band a voulu mettre toutes les chances de son côté. Il n’avait pas beaucoup d’argent à injecter dans son film mais il connaissait beaucoup de monde dans le milieu. Pour la réalisation, il fait appel à une valeur sûre de la série B horrifique du moment, David Schmoeller, qui avait entre autres pondu des films tels que Tourist Trap (1979), Fou à Tuer (1986) ou encore Catacombs (1988). Pour s’occuper des effets spéciaux, notamment de l’animation des marionnettes, il contacte David Allen qui avait déjà prouvé son talent dans des films tels que Hurlements (1981), Le Secret de la Pyramide (1985), Dolls (1987), ou encore Willow (1988). Pour la photographie, il délocalise l’italien Sergio Salvati qui a œuvré sur plusieurs Lucio Fulci (L’Emmurée Vivante, Frayeurs, L’Au-delà, Les Quatre de l’Apocalypse, …). Et c’est son frère Richard Band qui s’occupera de la musique. Pas mal non ?
La première chose à dire, c’est que ce premier opus de la saga Puppet Master a pris un coup de vieux. Comme beaucoup de films horrifique des années 80, le film manque clairement de nerf. C’est clairement un peu long à démarrer et certaines scènes trainent beaucoup trop en longueur malgré la courte durée de la bobine (à peine 1h30). Le script n’est qu’un prétexte pour réunit des gens dans un même lieu afin qu’ils soient trucidés, et rien n’est réellement développé (ça sera fait dans les épisodes suivants). Mais Puppet Master est là pour poser des bases, et surtout nous présenter des personnages. Pas ceux interprétés par des acteurs qui, au final, sont anecdotiques (hormis le mystérieux Mr Toulon qui sera développé dans l’épisode 3), mais bel et bien les marionnettes tueuses qui sont des personnages à part entière, avec leurs caractéristiques, leurs personnalités. Elles sont clairement ce qui va faire le succès du film. Il y a Pinhead et ses points géants : Tunneler et son crâne en forme de foreuse ; Leech Woman qui vomit des sangsues ; Jester et sa tête divisée en trois parties qui peuvent tourner ; et enfin, le plus marquant et flippant de tous, Blade, avec sa main gauche qui arbore un crochet et sa main droite qui se finit par un couteau. Elles auront chacune leur petite séquence d’attaque (trépanation, gorge tranchée, …), et le travail sur le stop motion, bien que désuet pour beaucoup aujourd’hui, est réellement à saluer tant il tient encore bien la route. Point de peur dans Puppet Master, mais plutôt une atmosphère à la fois étrange, intrigante et onirique. L’ambiance est immédiatement des plus sympathiques, d’autant plus que la mise en scène est plaisante, avec de très bonnes idées comme de mettre parfois (comme dans l’introduction) la caméra au niveau du sol, du point de vue des marionnettes. Peu de gore et de sexe ici alors que c’était courant dans le cinéma horrifique des années 80, David Schmoeller va plutôt jouer la carte de la suggestion, du hors-champ et, il faut l’avouer, c’est plutôt efficace et va donner lieu à des scènes bien barrées, parfois un peu ridicules, mais toujours funs.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les marionnettes ♥ L’ambiance générale du film ♥ Bonne mise en scène |
⊗ Manque de rythme ⊗ Les personnages |
Même s’il accuse le poids des années, ce premier opus de Puppet Master demeure relativement plaisant et agréable. Il pose les bases d’une saga qui, bien que très inégale, est aujourd’hui connue de tous les amateurs de cinéma horrifique. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Même si la saga comporte tout de même 13 opus, certains autres films Full Moon sont considérés comme faisant partie de la saga. C’est le cas de Dollman (1991), Demonic Toys (1992), Bad Channels (1992), Dollman vs Demonic Toys (1993) et Demonic Toys : Personal Demons (2010).
• L’hôtel Bodega Bay, dans lequel se situe l’action, était un hôtel miniature, construit à peu près à la taille d’un réfrigérateur. Lorsque les cinéastes ont trouvé l’endroit idéal, ils ont accroché la maquette en l’air et ont utilisé les perspectives pour faire apparaître l’hôtel comme s’il était réellement là en haut de la falaise.
• Alors qu’elles sont au centre du film, le temps total d’apparition à l’écran des marionnettes est d’à peine six minutes. C’est pourtant suffisant pour comprendre tout leur potentiel qui sera donc exploité dans de nombreuses suites.
• L’une des premières marionnettes que Charles Band a imaginées était un ninja à six bras armé de pistolets. Cette marionnette ne sera finalement pas dans le film, mais c’est elle qui a inspiré la marionnette Six-Shooter qui fait ses débuts dans Puppet Master III : Toulon’s Revenge (1991).
Titre : Puppet Master
Année : 1989
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Le début d’une saga
Réalisateur : David Schmoeller
Scénario : Charles Band, Kenneth J. Hall
Acteurs : Paul Le Mat, William Hickey, Irene Miracle, Jimmie F. Skaggs, Robin Frates, Matt Roe, Kathryn O’Reilly, Mews Small, Barbara Crampton, David Boyd