Diego est dans sa voiture au milieu d’un champ. Il entend à la radio un quiz sur le club de foot dont il est fan et un homme mort tombe sur son pare-brise. Un agent secret se présente et demande des informations sur l’homme qui se trouve dans son coffre.
Avis de Cherycok :
Le cinéma de genre argentin est en grande forme depuis maintenant pas mal d’années, nous envoyant à travers les festivals tout un tas de films plus ou moins marquants dont le récent uppercut When Evil Lurks. Cinéma d’horreur, d’action, thriller, bien qu’il faille souvent passer par la case SVOD pour découvrir tout un pan de ce cinéma des plus vivifiants, il y a de quoi régaler l’amateur de bobines de genre. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser au cas Punto Rojo, mis en scène par Nicanor Loreti (Socios po Accidente, Diablo), réalisateur argentin qui enchaine les films malins à petit budget, un métrage de 1h09 génériques compris qui déborde de débrouillardise et d’énergie, que n’auraient clairement pas renié Quentin Tarantino ou Robert Rodriguez avec un côté punk assumé. Non disponible chez nous à l’heure où j’écris ces lignes, Punto Rojo est une course cinématographique pleine de combats et d’échanges de coups de feu dans un temps et un espace restreints.
Au milieu de nulle part, en plein campagne, une voiture se gare et, tout en écoutant la radio, son conducteur Diego, incarné par Demián Salomón (When Evil Lurks) appelle l’émission pour participer à une sorte de quizz sur son équipe de football favorite, le Racing, dans l’optique de gagner 200000 pesos. Alors qu’il se débrouille très bien avec les questions, un corps tombe du ciel sur son pare-brise sans qu’il ne comprenne ce qu’il se passe. Alors qu’il sort de la voiture et essaie de comprendre, il voit un avion-cargo s’écraser à proximité. Pour ajouter au drame, une sorte d’agent spécial armée, jouée par Mariana Anghileri (Mon Meilleur Ami, Al Tercer Dia), arrive sur les lieux, prête à éliminer Diego. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Pourquoi tout cela se passe-t-il au cul du monde ? Cela a peut-être un rapport avec la personne enfermée dans le coffre de la voiture de Diego et une mystérieuse boite présente sur le siège passager. A partir de là, Punto Rojo revient sur les différents évènements de la journée qui ont conduit à ce moment et jusqu’à la fin, le scénario va petit à petit nous donner les différentes pièces du puzzle, nous faire comprendre que les protagonistes ne sont pas forcément qui ils semblent être dans ce no man’s land argentin rythmé au son de Radio Football, d’autant plus lorsqu’on connait l’amour proche de l’obsession pour le football du peuple argentin. Est-ce que Diego pourra finir de répondre aux questions du jeu radiophonique où tout ce qu’il va se passer autour de lui va lui faire manquer ses appels téléphoniques qui l’amèneront peut-être en finale et gagner les 200000 pesos ? C’est ce que Punto Rojo va mettre en image, alternant dialogues enlevés, violence brutale et humour très noir. Le réalisateur du film a déclaré, lors de la première au Mar Del Plata Film Fest, que Punto Rojo était son film le plus personnel, le premier qu’il a écrit et monté tout seul. Il rajoute que l’expérience a été aussi ludique qu’intense, avec un trio de tête qui a tout donné. Il raconte qu’il y a des touches comiques, des moments à la Mad Max, du western, de l’action influencée par l’Indonésie et tout l’humour qu’il pouvait y mettre. Il explique qu’il a cherché à faire un film intense et amusant, avec de grandes performances qui le soutiennent et dans lequel chaque image respire le cinéma.
Et il faut avouer qu’il décrit parfaitement bien l’expérience qu’est Punto Rojo, un film nous prouvant que même avec un budget riquiqui, un tournage très rapide (17 jours au total), trois bouts de ficelles mais une réelle envie de bien faire, il n’y a pas besoin de beaucoup d’argent pour faire un bon p’tit film. Malgré le nombre de lieux limités, il se passe beaucoup de choses entre les personnages. Le mystère ne cesse d’évoluer et les sauts dans le temps permettent de comprendre comment Diego, l’agente secrète et la personne dans le coffre de la voiture se sont retrouvés là. Le film est bien rythmé, parvenant à maintenir un suspense constant, menant à un climax inattendu. Nicanor Loreti trouve le parfait équilibre entre les moments d’action intense, parfois à la violence exacerbée, et les scènes plus calmes, permettant au public de respirer et de réfléchir à l’évolution du scénario jusqu’à une scène finale à l’humour très très noir, se perpétuant lors du générique de fin. Cet humour noir est d’ailleurs présent à chaque fois que le personnage de Diego a un moment de répit et qu’il est de plus en plus amoché mais qu’il doit quand même continuer de répondre aux question du jeu radiophonique. Sur le plan technique, Punto Rojo est très réussi. La photographie est propre, les cadrages réfléchis, les différents effets visuels sont très bien intégrés au film (des passages tout en noir et blanc à l’exception d’un élément en couleur, une insulte lancée par un personnage défile par écrit sur tout l’écran, des arrêts sur images se transformant en planche de BD, …) et font sens lorsqu’ils arrivent, la bande son très rock colle parfaitement bien au style un peu punk du film et, sincèrement, on prend un malin plaisir à entendre les personnages vociférer tout un tas de jurons plus ou moins fleuris (« la concha de tu madre », « la puta que te parrio », …). On ne peut que regretter que ce genre de petit film n’arrive pas à trouver son chemin jusqu’à chez nous car, bien qu’il ne s’agisse clairement pas d’un chef d’œuvre du 7ème Art, il vaut clairement le coup d’œil pour qui aime le genre.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Bien mis en scène ♥ La construction du scénario ♥ Les personnages ♥ Les dialogues ♥ Parfois bien vénère |
⊗ Des plans qui trainent parfois trop ⊗ La partie « bombe atomique » sous exploitée |
Punto Rojo condense en 1h09, génériques compris, ce que certains n’arrivent pas à faire en 2h. C’est punchy, bien fichu, malin, tant au niveau de la mise en scène, des dialogues que du scénario, certes pas parfait mais souvent jouissif. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Demián Salomón a gagné le Prix de la meilleure interprétation masculine pour Punto Rojo lors du 36ème Festival International du Film de Mar de Plata.
Titre : Punto Rojo
Année : 2021
Durée : 1h20
Origine : Argentine
Genre : Qui est réellement qui ?
Réalisateur : Nicanor Loreti
Scénario : Nicanor Loreti
Acteurs : Demián Salomón, Mariana Anghileri, Constanza Cardillo, Edgardo Castro, Matias Lertora, Paula Manzone, Juan Palomino, Pablo Sala