Graham Krakowski -ingénieur informatique- achète une maison à bas-prix, situé à côté d’un terrain vague. Après y avoir emménagé, il y surprends un sans-abri dans sa cuisine. Graham appelle la police mais comme il n’y a pas eu d’agressions, celle-ci ne peut rien faire. le jeune homme développe alors une peur panique ayant trait au clochard. La vie de Graham va devenir un enfer et dès lors, il ne sera plus capable de distinguer la réalité de son imaginaire paranoïaque…
Avis de John Roch :
Question effets spéciaux, la réputation de Chris Walas n’est pas à prouver. Ayant bosser sur des productions plus ou moins friquées, des productions de Roger Corman aux réalisations de Steven Spielberg, son talent peut être admiré dans Les Monstres De La Mer, Piranha, Les Aventuriers De l’Arche Perdue, Le Dragon Du Lac De Feu, Gremlins, ou encore Le Festin Nu. Walas détient même une statuette dorée pour son travail sur La Mouche. Coté mise en scène en revanche, son tableau de chasse n’est pas aussi glorieux. Non pas que Chris Walas soit un manche au niveau de la réalisation, mais disons que ses deux films lui ont un brin porté la poisse. Il y a tout d’abord La Mouche 2. Suite pas forcement mauvaise et parfois surprenante du métrage de David Cronenberg, mais complètement inutile. Puis il y a Psychose Meurtrière, titre Français à la con et passe partout auquel on préférera le nom original The Vagrant, déjà plus parlant quant au contenu du film. Mais The Vagrant va stopper net les ambitions de Chris Walas, non seulement en tant que réalisateur (c’est son second et dernier film) mais aussi en tant que directeur des effets spéciaux puisqu’il se fera de plus en plus rare dans ce domaine. Il faut dire que question four, on est pas sur du pré-chauffé à 200°c, là c’est de la puissance crématoire. Car produit pour un budget confortable d’un peu moins de 10 millions de dollars, The Vagrant en aura rapporté… accrochez-vous… 5900 lors de son exploitation Américaine en salles. Une sortie sur grand écran un peu trop ambitieuse pour un film qui a dû se rentabiliser en vidéo-club, là où était sa place dès le départ car si The Vagrant n’est pas un film qui méritait forcement une exploitation en salles, on se retrouve tout de même face à un petit film franchement sympa à découvrir pour qui ne l’aurait pas loué à l’époque.
Le scénario de The Vagrant, on le doit à Richard Jefferies, auteur de quelques scripts dont un qui parlera aux amateurs d’épouvantails et de B movies : le très sympa Scarecrows. L’idée de The Vagrant, il l’a eu en observant un sans abri qui s’était installé sur un terrain vague en face de chez lui. De ce postulat, il va écrire un script pas dénué d’idées ni d’intérêt. Mais peut être un peu trop pour un film d’une heure trente. The Vagrant a pour héro Graham, un genre de Yuppie qui s’endette pour acheter sa première maison suite à une éventuelle promotion dans son milieu professionnel. Mais il n’est pas le seul habitant puisqu’il va rapidement tomber nez à nez avec un vagabond ayant élu domicile sur un terrain vague en face de ladite maison et y vient de temps à autre pour squatter. Graham, dont la maison est de plus en plus saccagée à chacun de ses réveils, commence à développer une forme de psychose et jure à qui veut l’entendre que le clodo s’introduit dans son nouveau domicile la nuit pour le terroriser. Le jour où sa voisine est retrouvée assassinée, Graham croit dur comme fer que le vagabond est un psychopathe, mais en sombrant de plus en plus dans la paranoïa, ne serait-ce pas lui qui perd les pédales au point de développer, pour reprendre le titre Français du métrage, une psychose meurtrière ? Avec son clodo psycho, The Vagrant aurait pu être un psycho killer movie classique, cependant le film se veut plus malin que ça en installant une dimension psychologique qui tente de mettre le doute sur la réalité de la menace, sans pour autant y parvenir. Pas la faute au script mal écrit mais plutôt celle de la durée du métrage, trop courte pour exploiter correctement le sujet. Dans The Vagrant, Chris Walas mélange vagabond pas très net, personnage principal somnambule à la paranoïa grandissante, et scènes oniriques (ou pas) sans pour autant réussir à correctement digérer le tout. Car si l’ensemble tient la route, il y a un sentiment de trop plein. Toutes les idées qui développent la personnalité de Graham et par extension le récit sont comme condensées, parfois en une scène pour ne plus revenir ensuite. De fait, aucun suspense ne se dégage de The Vagrant, on ne doute jamais de qui du protagoniste ou de l’antagoniste est la véritable menace malgré des efforts évidents pour brouiller les pistes. Et c’est dommage car le métrage est bien écrit et des idées, qu’elles soient d’ordre scénaristique ou visuelles, le métrage n’en manque pas.
L’ensemble tient malgré tout la route donc, et The Vagrant réussit même à se renouveler dans sa dernière partie en changeant complètement de décors, et réussit à maintenir l’intérêt jusqu’à un twist aussi inattendu qu’improbable. De fait, The Vagrant est un métrage très bien rythmé qui alterne entre scènes parfois un peu flippantes dès lors que le vagabond apparait à l’écran, et scènes comiques, car le film est rempli d’humour. C’est cet humour qui a certainement séduit Mel Brooks, producteur de la chose. Car The Vagrant est une véritable petite comédie horrifique. La partie comédie est aussi bien écrite que le reste du métrage. Certaines scènes font preuve d’un humour noir inattendu (la scène du procès vaut le coup), les dialogues sont parfois tordants et certains personnages le sont tout autant, porté par un casting qui est visiblement heureux d’être là et qui s’amuse. En particulier, Bill Paxton dans son rôle de paranoïaque dépassé par les événements, et Michael Ironside qui campe ici un flic bad ass mais pas dénué d’un sens de l’humour qui fait mouche à chaque fois. Quant au vagabond qui rend maboule Graham, seul élément du métrage dénué de toute forme d’humour, c’est un Marshall Bell méconnaissable qui donne vie à ce personnage à la fois dégoûtant et inquiétant, avec succès. Même la musique, signée Christopher Young, participe à ce coté horrifico-comique avec un score aux sonorités étonnantes. De son coté, Chris Walas livre un film d’honnête facture et ne tombe pas dans le piège facile dans lequel tombent les réalisateurs issus des effets spéciaux : privilégier les sfx au détriment du reste. Au contraire, The Vagrant ne comporte que très peu d’effets gores, on sent clairement la volonté du metteur en scène de délivrer le meilleur produit fini possible et il y parvient en illustrant un scénario aussi horrifique que comique à la mise en scène soignée. Si aujourd’hui The Vagrant est tombé dans l’oubli, il n’en demeure pas moins un petit film plus que sympathique, le genre de série B qui se révèle plutôt surprenante.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario bien écrit ♥ De bonnes idées ♥ Une véritable comédie horrifique qui réussi sur les deux tableaux ♥ Le casting ♥ Parfois un peu flippant ♥ Une mise en scène soignée ♥ La musique |
⊗ Un film qui a du mal à condenser toutes ses idées |
Pour son second et dernier long métrage, Chris Walas signe avec Psychose Meurtrière une comédie horrifique de bonne facture. Méconnu hier, oublié aujourd’hui, ce métrage est une petite surprise à (re)découvrir pour les amateurs de séries B. |
Titre : Psychose meurtrière / The vagrant
Année : 1992
Durée : 1h31
Origine : U.S.A
Genre : Quand un parano rencontre un clodo
Réalisateur : Chris Walas
Scénario : Richard Jefferies
Acteurs : Bill Paxton, Michael Ironside, Marshall Bell, Colleen Camp, Mitzi Kapture, Marc McClure, Teddy Wilson