Suite à une tentative d’évasion, un cargo transportant de dangereux criminels de Manille à Busan sombre dans le chaos. La traversée tourne au cauchemar lorsque quelque chose de mystérieux se réveille de la cale du bateau…
Avis de Cherycok :
Un transfert de prisonniers d’un point A à un point B, via un moyen de locomotion, qui va mal se passer avec des détenus qui vont se défaire de leurs liens et semer la panique, ça ne vous rappelle rien ? Oui, voilà, Les Ailes de L’Enfer (1997). Sauf que dans Project Wolf Hunting, le lieu de l’action n’est pas un avion mais un bateau. Déjà réalisateur de Traffickers (2012), The Chase (2017) ou encore Metamorphosis (2019), Kim Hong-Sun nous propose un huis clos survolté qui sort du lot de la production cinématographique coréenne, quand même essentiellement centrée sur les polars / thrillers et les drames. Ici, il joue sur le même terrain que le taïwanais The Sadness (2021) en termes de sanquette avec tout ce que cela implique de giclées exagérées et de gore frontal, avec pour ambition de délivrer le film le plus sanglant jamais réalisé. Avis aux amateurs !
Présenté en avant-première au Festival International du film de Toronto le 16 septembre 2022 dans la catégorie « Midnight Madness », puis en compétition dès le lendemain à L’Étrange Festival avant d’arroser les salles coréennes quelques jours plus tard, Project Wolf Hunting a une intrigue malgré tout assez sommaire. L’histoire manque clairement d’épaisseur et on sent bien que le côté graphique des scènes gore a été bien plus travaillé que le scénario. Il n’y a pas à chercher de métaphores ici, ni de message philosophique, le réalisateur Kim Hong-Sun mise sur le grand spectacle et essaie autant que possible de divertir le spectateur qui ne sera pas trop sensible à ce flux quasi constant de violence débridée. Project Wolf Hunting est réellement à déconseiller aux âmes sensibles tant la violence y est poussée et surtout montrée. Têtes explosées, organes arrachés, fellation meurtrière, jambes et bras coupés, … Ça gicle dans tous les sens, ça repeint les pièces du sol au plafond avec un second degré frôlant l’absurde. On est dans une orgie sanglante, souvent gratuite mais ô combien jouissive pour l’amateur du genre. Pour encore plus de fun, Kim Hong-Sun va limiter autant que possible les CGI et préférer les practical quitte à rendre le tournage plus difficile pour le casting qui va passer son temps avec du faux sang des pieds à la tête. Grand bien lui en a pris, surtout lorsqu’on voit le rendu du loup en cage, l’espace d’une seconde lors d’un flashback (The Asylum font mieux !). Les scènes d’action sont bien furieuses, bien bourrines, bien badass, mais malheureusement parfois plombées par un montage à l’américaine « un coup / un plan » qui donne un résultat pas toujours très agréable à l’œil comme par exemple lors du dernier affrontement.
Le scénario de Project Wolf Hunting est donc assez basique. Mais afin de le renouveler un peu et de ne pas ennuyer le spectateur, il change de direction à plusieurs reprises. Bien qu’on ait un peu l’impression de voir trois films qui auraient été mixés en un seul, cela permet de relancer la machine et de ne jamais s’ennuyer deux heures durant. Les références sont assumées, des Ailes de l’Enfer donc (« Pourquoi on ne prend pas un avion ? ») à Predator (la vision thermo) en passant par Robocop (les bruits de pas ferrailleux), Kim Hong-Sun va s’amuser avec les codes de plusieurs genres sans jamais se mettre de limites si ce n’est celles de son concept de départ. Le casting est très convaincant, avec une mention particulière pour la charmante Jung So-Min en policière qui garde son sang-froid en toute circonstance. Dommage que les personnages soient très peu travaillés et qu’ils soient parfois bien crétins, sans aucun instinct de survie. Néanmoins, ils sont suffisamment caractérisés et hauts en couleur pour qu’ils aient un minimum de relief et pour que certains d’entre eux sortent naturellement du lot et qu’on prenne plaisir à les voir errer dans ce bateau prison des plus inquiétants. Les décors, essentiellement des couloirs et pièces exigus étant donné le lieu de l’action, vont être très bien exploités afin que le film ne soit jamais répétitif malgré son intrigue prévisible (il est par exemple facile de deviner qui est réellement ce jeune prisonnier un peu en retrait et qui aura son importance plus tard).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ C’est gooooore ! ♥ Le casting ♥ Très bien photographié ♥ La tension bien gérée ♥ Bien rythmé |
⊗ Un scénario au second plan ⊗ Le montage de certaines scènes d’action ⊗ Intrigue prévisible |
Project Wolf Hunting est un blockbuster décomplexé, très 90’s dans l’âme, dans lequel le bourrinage sanglant va être au centre de tout. Bien qu’il soit imparfait sur bien des points, il fait du bien par où il passe et remplit son contrat de divertissement. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• 2.5 tonnes de faux sang ont été utilisées pour les besoins des très nombreux meurtres du film. Pas moins de 57 personnages sont tués.
• Project Wolf Hunting a gagné le Prix Spécial du Jury au Festival International du Film Fantastique de Catalogne 2022. Il y a également eu la mention spéciale pour les effets spéciaux.
Titre : Project Wolf Hunting / 늑대사냥
Année : 2022
Durée : 2h02
Origine : Corée du sud
Genre : Le bateau de l’enfer
Réalisateur : Kim Hong-Sun
Scénario : Kim Hong-Sun
Acteurs : Seo In-Guk, Jang Dong-Yoon, Sung Dong-Il, Park Ho-San, Jung So-Min, Ko Chang-Seok, Jang Young-Nam, Choi Gwi-Hwa, Son Jong-Hak, Lee Sung-Wook