Que peut bien faire un petit garçon cloué au lit par la grippe, condamné à écouter les conseils des grands et même de subir un grand-père rabat-joie, au lieu d’aller faire les quatre cents coups avec ses copains ? Et voilà en plus que le papy se met en tête de lire à haute voix un conte de fée aux antipodes de Superman et de Rambo ! Au Moyen-Age, dans le pays imaginaire de Florin, la belle Bouton d’Or se languit après le départ de son bien-aimé Westley, parti chercher fortune et qu’elle croit mort. Cinq ans plus tard, elle accepte d’épouser le prince Humperdinck pour qui elle n’éprouve aucun amour. Mais peu avant son mariage, elle est enlevée par trois bandits et entraînée dans une aventure mouvementée au cours de laquelle elle retrouvera sa raison de vivre…
Avis de Cherycok :
Princess Bride m’a été conseillé par de proches amis connaissant mes goûts pour les mauvais films sympathiques, me vendant le film comme un nanar de compétition provocant moult fous rires involontaires. Ma curiosité fût piquée au vif tant ce film a pourtant une réputation de film culte et fût acclamé par la critique lors de sa sortie, recevant même l’Antenne d’Or au festival d’Avoriaz en 1988. En 2002, l’American Film Institute le classe 88ème meilleur film romantique américain de tous les temps. En 2008, le célèbre magasine empire le classe 122ème dans sa liste des 500 meilleurs films de tous les temps. Et pour ceux qui aiment les notes, il obtient une moyenne de 8.1/10 sur plus de 330000 votes sur IMDB, le classant donc dans les 250 films les mieux notés du site. Il me fallait donc comprendre pourquoi d’un côté ce statut « culte », et pourquoi d’un autre celui de « nanar kitch » évoqué par mon entourage et confirmé par plusieurs critiques du film sur la toile. Challenge accepted !
Mais tout d’abord, un peu d’historique. Princess Bride est à la base un roman de fantasy écrit par William Goldman et sorti en 1973. Immédiatement, ce dernier cherche à le porter à l’écran mais il est jugé par certains studios impossible à adapter en long métrage. C’est sans compter sur le succès de Stand By Me (1986) de Rob Reiner (Quand Harry Rencontre Sally, Misery), qui rapporta 17 fois son budget, et l’envie de ce dernier d’adapter Princess Bride, fan absolu du roman depuis sa sortie. Le film est enfin mis sur les rails et sort quelques mois plus tard, non sans quelques ajustements au casting qu’avait imaginé l’écrivain / scénariste au tout départ. William Goldman aurait voulu Carrie Fisher (Star Wars) pour incarner Boucle d’Or, il aura Robin Wright (Forest Gump, Santa Barbara). Il aurait voulu Arnold Schwarzenegger (Terminator, Predator) pour le rôle de Fezzik, il aura le catcheur André The Giant. Il espérait Danny DeVito (Batman Le Défi, La Guerre des Roses) pour celui de Vizzini, il aura Wallace Shawn (Manhattan, Ombres et Brouillard). Ou encore Christopher Reeves (Superman), mais ce sera finalement Cary Elwes (Sacré Robin des Bois). Oui, du haut de ses 16 millions de budget (pas si élevé, même pour l’époque), il a dû falloir faire des choix et du coup, le film ne comporte pas réellement de tête d’affiche. Néanmoins, le casting s’en sort très bien, avec une mention spéciale pour les seconds rôles et leurs personnages tous plus pittoresques les uns que les autres (Mandy Patinkin y est exceptionnel).
Le film s’amuse à détourner les contes de fée. Le coup le narrateur, incarné par l’excellent Peter Falk (Colombo) qui se fait sans arrêt couper par son petit-fils, à qui il fait la lecture du conte, est très bien trouvé. Le jeune garçon n’aime pas les scènes de baisers et interrompt à chaque fois son grand père pour qu’il saute le passage, ou alors il refuse qu’un personnage meure, et c’est un très bon procédé pour enlever un peu de niaiserie à un genre de film qui en général n’en manque pas. Princess Bride a clairement été écrit au second degré, c’est d’ailleurs ainsi qu’il faut le voir, et certaines scènes ou dialogues sont absolument hilarants (« Yé m’appelle Inigo Montoya, tou as toué mon père, prépare toua à mourir ! »). Les amateurs d’escrime salueront également le fait que le film rende bien hommage à leur sport / art avec des combats bien troussés et des enchainements très bien chorégraphiés.
Princess Bride se suit sans aucun souci, de par sa courte durée, son scénario fluide et sans réel temps mort. L’écriture du film et la mise en scène sont soignées, plus intelligents qu’il n’y parait au premier abord, et très ancrés dans ces années 80 qui ont fait rêver tant de monde.
Sauf que le film est peut-être trop ancré dans les années 80. Beaucoup trop même. Forcément, quelqu’un qui a vu et idolâtré ce film durant sa tendre enfance le reverra de nos jours avec des yeux emplis de nostalgie et ne prendra pas en compte bon nombre de problèmes. Bien entendu qu’il est nécessaire de se remettre dans le contexte quand on voit pour la première fois un film qui a 30 ans. Il faut prendre en compte qu’un film peut accuser le poids de l’âge. Mais pour Princess Bride, cela peut être compliqué. Car c’est tout de même sacrément kitch ! Certains décors font très carton-pâte au point qu’on se demande si, déjà à l’époque, ils ne donnaient pas cette impression d’avoir dû économiser à droite à gauche faute de budget pas assez conséquent. Et que dire de ce rongeur géant… Un animatronics aurait eu bien plus de gueule que ce figurant en costume ridicule mais cela coutait sans doute plus cher… J’en reviens toujours au budget mais il n’y a pas que ça. On parlait de niaiserie un peu plus haut, comme quoi le film essayait de désamorcer la chose en rajoutant un aspect comique. Malgré tout, il en reste encore beaucoup. C’est certes un des principes mêmes du conte de fée, mais le bisou sur fond de coucher de soleil agrémenté d’une musique guimauve, ça peut hérisser le poil pas pour les bonnes raisons.
Alors au final, « film culte » ? » Nanar kitch » ? Ni l’un ni l’autre à vrai dire. Difficile d’y voir une œuvre culte lorsque le premier visionnage n’a pas été fait dans les années 80 et qu’il est compliqué de se projeter 30 ans en arrière. Difficile d’y voir un vrai nanar kitch (même si le kitch y est) tant c’est la comédie second degré qui règne presque tout le long du film, avec ces personnages hauts en couleurs et ces scènes parfois improbables. On se situe sans doute quelque part entre les deux…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Plein d’humour… ♥ Le bon casting ♥ Bonne mise en scène |
⊗ … pas toujours heureux ⊗ Certains décors ⊗ Le rongeur géant ! |
Princess Bride est un sympathique divertissement très typé 80’s qui fait vibrer la fibre nostalgique, au même titre que des films tels que Les Goonies ou Willow, de ceux qui l’ont vu durant leur tendre enfance. Pour les autres, ça ne sera pas forcément le cas… |
Titre : Princess Bride / The Princess Bride
Année : 1987
Durée : 1h38
Origine : U.S.A
Genre : Fantasy 80’s style
Réalisateur : Rob Reiner
Scénario : William Goldman
Acteurs : Cary Elwes, Mandy Patinkin, Chris Sarandon, Christopher Guest, Wallace Shawn, André The Giant, Robin Wright, Fred Savage, Peter Falk, Peter Cook