[Film] Prince des Ténèbres, de John Carpenter (1987)


Une équipe de chercheurs part étudier un mystérieux cylindre dans une église. Mais cette relique renferme le fils de Satan, prêt à apporter la fin du monde.


Avis de Rick :
Si je suis un grand fan de John Carpenter, il y a des films dans sa filmographie qui ont une importance particulière. The Thing par exemple a été découvert très jeune grâce à la VHS de Maman Rick, et la scène du chenil m’aura traumatisé pendant bien 10 bonnes années. 10 années durant lesquelles j’aurais vu le film de nombreuses fois, mais toujours détourné le regard lors de cette fameuse scène. Invasion Los Angeles m’avait marqué pour son côté bad-ass et ses répliques qui tuent. Et Prince des Ténèbres m’aura tout autant marqué. Je l’avais découvert sur M6, très très jeune, et après quelques mots de ma mère et de mon oncle en mode « c’est très lent, tu ne vas pas accrocher », et bien je m’étais pris une monumentale claque dans la face. Si bien que lorsqu’un jour en marchand de journaux, la VHS s’y trouvait, mon argent de poche était parti dedans. Puis il y a eu le DVD acheté Day One. Prince des Ténèbres, malgré quelques défauts, reste un de mes Carpenter favoris, le second opus de la trilogie de l’apocalypse de Big John, entre The Thing et L’Antre de la Folie, son premier film après sa mauvaise expérience de studios et l’échec total des Aventures de Jack Burton. Un film où Carpenter retourne à ce qu’il maîtrise, avec un huis clos (Assaut, la seconde partie de The Fog, The Thing), avec une menace invisible et un soupçon de paranoïa (encore The Thing), un ton sérieux et désespéré, un casting d’habitués (Donald Pleasence après Halloween et New York 1997, Victor Wong et Dennis Dun après Jack Burton), de futurs habitués (Peter Jason) et j’en passe. Un film marquant, du pur Carpenter (donc, assez lent il est vrai), avec une ambiance lourde, une OST parmi les meilleurs de Big John, des plans marquants, un final de haute volée.

Bref oui, plus de 20 ans après la première vision, Prince des Ténèbres reste toujours pour moi le haut du panier dans la filmographie déjà bien haute de Carpenter. Et l’OST du film reste une de celles que j’ai le plus écouté. Ici donc, c’est l’histoire d’un groupe d’étudiants en science qui se rendent dans une église de Los Angeles pour étudier un mystérieux cylindre contenant un liquide vert pas très catholique, avec l’aide d’un prêtre, de quelques professeurs. Avec une longue introduction d’une demi-heure et un générique (entrecoupé par des scènes tout de même) de bien 9 minutes, Carpenter pose cash son ambiance et les ambitions du film. À savoir parler du mal à l’état pur mais d’un point de vu totalement scientifique et sérieux en tout instant. Le mal, ce serait le diable, mais d’un point de vue scientifique, expliqué à coup de quantique, de particules et d’anti particules, de reflets dans le miroir, de double. Et ça fonctionne du tonnerre pour peu que l’on accroche. Les décors de cette église à Downtown LA (Église que j’ai été voir lors de mon séjour à Los Angeles pour l’anecdote), les personnages, les mouvements de caméra, la musique, tout est tout simplement parfait d’un bout à l’autre, ou presque. Oui, on pourra dire que quelques moments sont un poil too much surtout que tout se prend vraiment au sérieux (l’anecdote du professeur Birack envers son élève, un poil trop surréaliste). Mais pourtant, rien qui ne retire à l’œuvre sa puissance. Car Prince des Ténèbres nous plonge constamment dans une ambiance tendue, étrange, entre les événements à l’intérieur de l’église mais également ceux à l’extérieur avec ces hordes de clochards qui restent immobiles des heures durant, à attendre, ou à guetter.

Et rapidement, Carpenter multiplie les dangers de tous les côtés, ainsi que les éléments étranges. Le fluide dans le cylindre contamine les humains, les insectes sont présents, la gravité s’inverse parfois, des rêves étranges qui n’en sont peut-être pas viennent perturber nos personnages jusque dans leur sommeil tandis que la menace grandit dans l’église et en dehors. Le rythme s’accélère, mais Carpenter lui continue de soigner sa mise en image sans se précipiter, même lorsqu’il installe certains moments chocs et visuels, ce qui, paradoxalement, va en amplifier leur effet. Chapeau. Et que dire de ce long final qui en aura marqué plus d’un, où tout s’accélère, même la musique, où l’ensemble atteint un niveau véritablement haut au niveau de la terreur, avec quelques nouvelles trouvailles autant visuelles que dans le propos, et quelques images marquantes rapprochant encore un peu l’œuvre de celle de Lovecraft (pas étonnant que le troisième film de la trilogie, L’Antre de la Folie, soit très influencé par Lovecraft). Alors oui, Prince des Ténèbres à quelques défauts, par moment, on pourra même dire que, à l’image d’ailleurs d’Invasion Los Angeles l’année suivante, le film a un côté série B, mais qui s’assume, se prend au sérieux, et va à fond dans son « délire », ce qui rend l’ensemble salvateur pour son ambiance et son propos. Dans le fond, ce n’est sans doute pas le meilleur Carpenter, même si certains moments pertinents s’en rapprochent, mais ça reste malgré tout du bon, même du très très bon Carpenter !

LES PLUS LES MOINS
♥ L’ambiance nom de dieu !
♥ L’OST
♥ Le traitement ultra sérieux et pessimiste
♥ Des scènes horrifiques très réussies
⊗ À mes yeux, rien
Prince des Ténèbres, c’est Carpenter qui prouve une nouvelle fois qu’avec un budget ridicule mais une liberté totale, il est au sommet de son art. Flippant, prenant, mystérieux, ingénieux même, Prince des Ténèbres est un très grand Carpenter.



Titre : Prince des Ténèbres – Prince of Darkness
Année : 1987
Durée : 1h42
Origine : U.S.A.
Genre : Fantastique
Réalisateur : John Carpenter
Scénario : John Carpenter

Acteurs : Donald Pleasence, Jameson Parker, Victor Wong, Lisa Blount, Dennis Dun, Susan Blanchard, Anne Howard, Ann Yen et Ken Wright

 Prince of Darkness (1987) on IMDb


Galerie d’images :

Bonus, l’église photographiée par moi-même en 2010 : 

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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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