[Film] Portrait in Crystal, de Hua Shan (1983)


La légende veut que si vous mettez du sang sur une statue de cristal pendant sa fabrication, elle prendra vie. Long Fei achève une telle statue et verse du sang dessus pour voir ce qui se passe. Peu de temps après, sa statue disparaît et une statue de cristal grandeur nature commence à tuer des gens. Il devient le principal suspect et cherche à se cacher, à découvrir ce qui se passe vraiment et à laver son nom.


Avis de Cherycok :
Au début des années 80, la Shaw Brothers est en perte de vitesse. Elle qui régnait en maitre à Hong Kong dans les années 70, affronte des temps bien plus durs, concurrencée par une nouvelle vague qui prend de plus en plus de place. Alors elle va tenter de se renouveler et on va voir débarquer toute une tripotée de films appartenant à un sous genre du wu xia pian, le wu xia pian fantasy, des bobines souvent complètement folles, parfois hystériques, partant dans tous les sens. Ce sous genre ne durera que trois ou quatre ans, avant de connaitre un nouveau sursaut au début des années 90. Ses dignes représentants répondent aux doux noms de Holy Flame of the Martial World, Buddha’s Palm et autres Portrait in Crystal. Et ça tombe bien puisque c’est ce dernier qui nous intéresse ici.

Portrait in Crystal est sans doute le film le plus fou de Hua Shan (Super Inframan, Soul of the Sword). Un an après le déjà bien barré Bloody Parrot, il va rajouter à son wu xia pian, déjà bien fantasy, de l’horreur, de la comédie, et même du pinku (avis aux amateurs). Le film va nous embarquer d’un incident à un autre : un héros emprisonné et rendu fou à l’intérieur d’une cloche géante, une jeune femme attachée nue à un crucifix pour des tortures sado-maso, une cage thoracique humaine suspendue comme une lyre pour provoquer des illusions psychédéliques, du poison qui fait gonfler et exploser des ventres, une combattante en cristal qui brille comme une boule à facettes, un esprit qui donne littéralement la lune, un combattant qui absorbe l’énergie du soleil pour faire enflammer son épée, des pièges à la Indiana Jones, des machines à fumée qui tournent à plein régime, des corps qui explosent, des masques Squeletor, du sang couleur vermillon, … Hua Shan se déchaine sur les effets pyrotechniques et psychédéliques transformant de nombreuses scènes en mini trip sous LSD. L’intrigue n’a pas beaucoup de sens au début, on se demande où elle veut nous amener, mais rapidement elle se transforme en un récit intéressant qui va regorger de concepts intelligents et même d’images relativement poétiques, le point culminant étant lorsqu’un des personnages féminins décroche vraiment la lune pour la tendre au héros.

Bien entendu, Portrait in Crystal risque de paraître foutraque au commun des mortels n’ayant pas l’habitude de ce genre de divertissements survoltés. Quelques moments prêtent même à rire car ils sont, aujourd’hui, bien kitchs avec ces couleurs vives de partout, ces effets psychédéliques, les décors en studios parfois bien carton-pâte, les SFX bien dans leur époque, kitchs, grattés à même la pellicule. Mais c’est aussi ce kitch qui donne tout son charme au film. Nous sommes dans une bonne bisserie assumée, un joyeux bordel à la mise en scène énergique, tantôt hystérique, tantôt poétique (il y a des plans visuellement très beaux). Avec ses 1h17 au compteur, pas le temps de s’ennuyer, d’autant plus que le rythme est très élevé car il y a toujours une péripétie à l’écran. Trop élevé même car on a parfois l’impression qu’il manque des scènes. On passe d’une scène à l’autre parfois comme s’il manquait un liant entre elles. Sorcellerie, fantômes, marionnettes, pièges, gags, et bien entendu des combats fantaisistes, virevoltants, tournoyants. Les chorégraphies sont d’ailleurs de bonne facture, avec un montage parfois posé, permettant d’apprécier certains enchainements, parfois bien plus cut (et accélérés), lorsque ça devient hystérique. Le film se permet pas mal d’excès gores avec ventre qui explose (vive les ballons de baudruche), bras coupé, têtes transpercées avec des baguettes ou une lance, découpage de peau et autres giclées de sang. Jason Pai Piao est très à l’aise épée à la main, mais moins lors des rares moments plus calmes. Il offre une performance digne mais pas vraiment remarquable.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des scènes complétement délirantes
♥ Mélange des genres homogène
♥ Très bien rythmé
♥ Visuellement certes kitch mais réussi
⊗ Parfois brouillon
⊗ Jason Pai Piao manque de charisme
Portrait in Crystal est un wu xia pian fantasy qui vaut vraiment le coup d’œil tant il est généreux dans ce qu’il propose. Si vous aimez les délires bis hystérico-frapadingues made in HK, ce film est fait pour vous.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur Hua Shan est arrivé à la Shaw Brothers d’abord en tant qu’assistant photographe, puis directeur photo. Et ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard qu’il réalise son premier film pour la Shaw Brothers, The Super Inframan, en 1975.


PORTRAIT IN CRYSTAL est sorti chez Spectrum Films en coffret Blu-ray avec les films THE BELL OF DEATH et LEGEND OF THE FOX, au prix de 45€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr

En plus des films, on y trouve : Présentation du film par Arnaud Lanuque, Le cinéma fou de Hua Shan par Frédéric Ambroisine, bande annonce.



Titre : Portrait in Crystal / 水晶人
Année : 1983
Durée : 1h17
Origine : Hong Kong
Genre : Mais vous êtes fous !
Réalisateur : Hua Shan
Scénario : Wong Ying, Chan Man-Kwai, Choi Nai-Ban

Acteurs : Jason Pai Piao, Lau Yuk-Pok, Wang Yong, Chan Sze-Kai, Teng Wei-Hao, Hsiao Yu, Hung San-Nam, Chun Wong, Lam Sau-Kwan, Moo Yuk-Fan

 Shui jing ren (1983) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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