[Film] Portés Disparus, de Joseph Zito (1984)

James Braddock, un colonel des Forces Spéciales Américaines, est retenu dans un camp de prisonniers vietnamien. Après s’être évadé de ce camp et être rentré aux USA, il se voit confier la mission de localiser et de sauver un groupe d’hommes portés disparus.


Avis de Rick :
Si le monde entier connait Chuck Norris, et que les cinéphiles connaissent fort bien la Cannon, la société de Yoram Globus et Menahem Golan, il faut bien avouer que dans les grandes lignes, je n’ai pas vu grand-chose de l’un, comme de l’autre. Il était temps de réparer cette injustice. Et Portés Disparus, Missing in Action dans sa langue natale, est là un cas bien particulier, qu’il est possible d’aborder sous quasi tous les angles possibles et imaginables. On pourra bien entendu parler de la Cannon, qui aura dans les années 80 forgés les carrières de bon nombre de monsieur que l’on connait fort bien en leur offrant bon nombre de rôles, mais également des réalisateurs. Grosso modo, on peut citer Charles Branson (Death Wish 2, 3 et même 4), Chuck Norris donc (Portés Disparus la trilogie, mais aussi Invasion U.S.A. et Delta Force), Tobe Hooper (Lifeforce, Massacre à la Tronçonneuse 2, L’Invasion Vient de Mars), et même Stallone (Cobra, Over the Top) ou Van Damme (Bloodsport, Cyborg). Sans oublier tous leurs films de ninja. On pourrait aussi bien entendu parler de l’équipe technique assez inattendue pour un film d’action à bas budget, puisque à la réalisation, on retrouve Joseph Zito, qui retrouvera Norris sur Invasion U.S.A., mais qui n’avait jusque là signé que des slashers particulièrement violents, comme The Prowler ou le quatrième opus de Vendredi 13, ou même la présence derrière la musique de Jay Chattaway, plus connu des cinéphiles pour ses OST chez William Lustig, de Maniac à Maniac Cop 2, en passant par Vigilante, ou plus tard sur différentes séries Star Trek. Étonnant oui. Même constat au casting, puisqu’outre Chuck, on trouve dans des rôles importants la présence de M. Emmet Walsh (Blade Runner, Critters, Blood Simple), ou encore James Hong (encore Blade Runner, mais surtout les Aventures de Jack Burton chez Carpenter). Ça ne s’arrête pas là, puisqu’en se penchant un peu sur la création du film, on apprend que Portés Disparus a été tourné en même temps que sa suite, en réalité préquelle, qui sortira un an plus tard et sera réalisé par Lance Hool. Sauf que même là, c’est le bordel, puisque Portés Disparus devait être le second opus, mais qu’après le montage, les producteurs trouvaient cette suite bien meilleure, et décidèrent d’en faire le premier opus, et du premier le second sous forme de préquelle, histoire de s’assurer que si le second opus ne plait pas, il bénéficie du succès du premier pour rapporter tout de même de l’argent.

Ah, la Cannon ! Portés Disparus, c’est donc l’histoire de Braddock, ex soldat de la guerre du Vietnam, pas content, qui repart en guerre pour rapatrier les soldats toujours capturés là-bas. Oui, basiquement c’est Rambo 2, où Chuck joue Stallone, le tout un an avant Rambo 2. Les années 80, l’époque des films d’action US où l’Amérique gagne toujours, pour oublier le désastre que fut la guerre du Vietnam dans la réalité. Est-ce que le film vaut son pesant de cacahuète ? Malheureusement non, ce fut finalement plutôt la douche froide. Peut-être en attendais-je trop ? Trop dans le nanar, trop dans l’action débile ? Car malgré quelques éléments qui font bien rires, Portés Disparus est un film sérieux, et qui se prend au sérieux la plupart du temps. Alors oui, on a bien Chuck Norris qui quand il est énervé explose d’un coup de poing sa télévision, qui refuse de serrer la main au méchant lors d’une réunion diplomatique, qui en un éclair passe par la fenêtre et se retrouve sur le balcon du dessous, et qui dans le dernier acte partira seul au Vietnam car on ne laisse personne derrière ! Mais finalement, c’est affreusement long et sérieux pour un propos si léger et qui semble finalement si peu maitrisé. Il est fort probable que les intentions derrière le scénario de base étaient louables, d’où une mise en place aussi longue. Le traumatisme du colonel qui a survécu à l’enfer, est parvenu à s’évader et à rentrer au pays après des années prisonnier. Les tensions entre les différents gouvernements, les petits mensonges. Et finalement, après un rapide interrogatoire qui se termine fatalement par une exécution, Chuck retourne au Vietnam (le film a été tourné aux Philippines) pour tuer tout ce qui bouge et sauver les Américains. Car la guerre n’est pas terminée ! Simple, classique, mais avec un fond, souvent assez mal exploité. De héros avec ses traumas, on se retrouve avec Chuck. Forcément, pour ce que demande le scénario, on aurait pu rêver de mieux.

Même Stallone, excellent acteur quand il le veut bien, s’en sort bien mieux dans les Rambo des années 80. En résulte un certain décalage entre son personnage, l’acteur, et le scénario qui se veut sérieux tout du long. Bon, mais après tout, Portés Disparus est un film d’action années 80 à la gloire des USA, qui en doit en mettre plein la vue. Est-ce que le pari est assuré de ce côté ? Dans une certaine mesure, oui, mais on est bien loin des exploits des autres stars d’action des années 80, si on compare avec les films de Stallone (Rambo 2) et Schwarzenegger (Commando) de ces années là. Certes, Joseph Zito n’est pas un manchot, mais peu aidé par un budget de seulement 2,5 millions, il n’arrive pas à donner de vraie ampleur aux scènes d’action, et quelques petites bourdes se retrouvent ci et là. La scène d’ouverture par exemple, censée donner le ton et en mettre déjà plein la vue, n’est pas excellente. Des ennemis tirent, à la mitrailleuse, et au portier, et lorsque l’on voit le résultat, on a l’impression d’un montage chaotique, tant ça explose un peu n’importe où, n’importe comment, et surtout très loin des héros. On assiste plus à un gros bordel qu’à une vraie bonne scène d’action. Par la suite, c’est un peu mieux, mais très éparpillé, la faute à un scénario assez bavard, et Chuck n’arrive véritablement en territoire ennemi que dans le dernier acte, soit une demi-heure avant la fin. Il y a bien quelques péripéties avant tout ça, mais rien de franchement palpitant. Le final par contre, là on a enfin ce que le métrage nous vend depuis le départ. Des explosions en pagaille, Chuck seul contre tous armé de sa mitrailleuse mais qui s’en sort sans une égratignure et parvient même à sortir tout beau tout propre de l’eau pour flinguer l’ennemi au ralenti. Du grand art. Mais du grand art bis qui arrive bien trop tardivement. Un film mineur, je lui préfère de loin dans ses excès nanar le Invasion U.S.A., toujours signé Joseph Zito donc.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le final explosif
♥ Il ne faut pas chercher Chuck
♥ De base, une idée intéressante
⊗ Se prend bien trop au sérieux
⊗ Long à démarrer
⊗ Finalement peu de fulgurances nanardes
note2
Premier opus de la trilogie, Portés Disparus se veut beaucoup trop sérieux pour son propre bien. Du coup, c’est assez lent, et malgré quelques moments amusants et un bon final, ça ne laisse pas un souvenir marquant.



Titre : Portés Disparus – Missing in Action

Année : 1984
Durée :
1h41
Origine :
U.S.A.
Genre :
Action
Réalisation : 
Joseph Zito
Scénario : 
James Bruner
Avec :
Chuck Norris, M. Emmet Walsh, David Tress, Lenore Kasdorf, James Hong, Ernie Ortega et Pierrino Mascarino

 Missing in Action (1984) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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