
Un petit village du Yorkshire en 1947. L’Angleterre a gagné la guerre mais les temps sont durs pour ses habitants. Les tickets de rationnement restent en vigueur et le précieux `bacon’ se fait rare. Aussi, la nouvelle du mariage de la princesse Élisabeth avec le prince Philip, duc d’Édimbourg fait-elle l’effet d’une bouffée d’oxygène. Un grand banquet est organisé pour fêter l’événement. Cependant, le porc engraissé clandestinement pour ces agapes disparaît.
Avis de Cherycok :
Sélectionné dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes, auréolé de trois BAFTA Film Awards (meilleure actrice, meilleur second rôle féminin, meilleur second rôle masculin), Porc Royal est pourtant un film quasi inconnu de tous. Du moins jusqu’à ce que Arte le mette à disposition sur sa plateforme gratuite de SVOD et que quelques curieux découvrent cette petite comédie so british au son casting prestigieux. Pour son premier long métrage, après des épisodes de séries TV, Malcolm Mowbray dresse un portrait au vitriol de la bourgeoisie anglaise d’après-guerre dans une comédie satirique qui, malheureusement, a souvent un peu de mal à convaincre, la faut peut-être à un scénario qui ne sait pas trop où il veut aller et un final qui laisse sur sa faim.
Produit par Handmade Films, la boite de production créée par le Beatles George Harrison, Porc Royal situe son histoire deux ans après la fin de la seconde guerre mondiale. Tout le monde doit manger à sa faim, les tickets de rationnement sont la règle, les échanges de bons procédés sont de mise, et un pan de la population n’hésite pas à mettre en place des magouilles afin d’obtenir un bien qui commence à devenir une denrée très rare : le cochon. Les gens les plus pauvres sont parfois prêts à beaucoup de chose pour un petit bout de jambon, de bacon ou de saucisson. C’est dans ce contexte que Malcolm Mowbray situe cette comédie dans laquelle nous allons suivre une ribambelle de personnages interagir entre eux avec, au milieu de l’histoire, un porc que de riches magouilleurs sont en train d’engraisser, en s’étant mis des agriculteurs mais aussi la Police dans la poche, afin de le servir à un mariage royal qu’ils doivent organiser. L’atout principal de Porc Royal est clairement son casting de luxe composé de tout un tas de tête connues pour qui a déjà un peu œuvré dans le cinéma anglais. Outre Maggie Smith et Richard Griffiths que les amateurs de Harry Potter reconnaitront instantanément, on est content de retrouver Michael Palin (Sacré Graal, Un Poisson Nommé Wanda) des Monty Python dans un rôle toujours aussi improbable, celui d’un podologue pas très courageux qui vient s’occuper des pieds des bourgeois en période de crise. Autour d’eux vont graviter tout un tas d’autres acteurs/trices bien connues comme par exemple Denholm Elliott (Marcus Brody dans les Indiana Jones de Spielberg), Peter Postlethwaite (Kobayashi dans Usual Suspects), Jim Carter (la série Downton Abbey), Liz Smith (Secret de Famille) ou encore Bill Paterson (Les Sorcières). Chaque acteur/trice joue son personnage à la perfection avec une jubilation clairement visible à l’écran, balançant des lignes de dialogues très bien écrites avec délectation. Il y a beaucoup de personnages et, malheureusement, ça ne va pas en faveur du film.
En effet, certains auraient mérités un peu plus de développement, à l’instar de celui de Michael Palin, et en l’état, ils ne font au final que passer au travers d’un film qui en voulant leur laisser de la place ne leur en laisse au final que très peu, individuellement parlant. Porc Royal a au final des allures de pièce de théâtre filmée avec cette impression que ça rentre et ça sort dans le champ de la caméra sans que cela soit forcément toujours justifié. Autre problématique du film, son côté satirique, non pas que ça ne soit pas réussi à ce niveau-là, mais l’humour qui est employé, tantôt noir, tantôt pince sans rire, tantôt hors champ, n’est pas aussi réussi qu’on aurait pu l’espérer. Les acteurs s’amusent, oui, mais le spectateur est parfois laissé sur le carreau car l’ensemble se montre parfois un peu plat. On voit très bien à quel moment il faut rire, cela fonctionne pas moment, mais ce n’est clairement pas toujours le cas, avec des scènes qui s’étirent un peu trop, comme s’il avait fallu remplir le cahier des charges des 1h30 génériques compris. L’exemple le plus frappant est cette scène bien trop longue où Michael Palin doit tuer le cochon et qu’il ne trouve pas le courage pour le faire. Même chose au niveau du scénario qui part parfois un peu dans tous les sens et qui, au final, ne sait pas réellement où aller, pour un résultat un peu plat, nous laissant sur un sentiment un peu mitigé lorsque le générique de fin retentit. Et c’est dommage, car il y avait clairement moyen de faire quelque chose de bien plus fou, de bien plus méchant, de bien plus grinçant. Au final, Porc Royal n’est pas désagréable mais il donne parfois l’impression d’être un peu vain.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les personnages… ♥ Les thèmes abordés ♥ Plutôt bien rythmé ♥ Le casting |
⊗ … pas assez développés ⊗ … pas assez développés ⊗ … mais ça tourne en rond |
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Porc Royal est une agréable petite comédie anglaise mais qui malheureusement rate un peu le coche. La faute à des personnages pas assez développés et à un scénario qui au final va partout et nulle part. La satire reste néanmoins sympathique. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Selon Sir Michael Palin, il s’agit du seul film à faire appel à un « Bucket Boy ». Pendant le tournage, l’équipe avait du mal à gérer la défécation d’un cochon sur le plateau. Un jeune homme traînait près du plateau, disant qu’il ferait « n’importe quoi » pour faire du cinéma. L’équipe l’a invité sur le plateau et lui a donné un seau qu’il devait tenir sous le cochon.
Titre : Porc Royal / A Private Function
Année : 1984
Durée : 1h32
Origine : Angleterre
Genre : Comédie so british
Réalisateur : Malcolm Mowbray
Scénario : Alan Bennett, Malcolm Mowbray
Acteurs : Michael Palin, Maggie Smith, Denholm Elliott, Richard Griffiths, Tony Haygarth, John Normington, Bill Paterson, Liz Smith, Jim Carter, Pete Postlethwaite