Aldo et Marco sont jumeaux. Marco, curé de son état à toujours été un objet de fierté pour sa mère, tandis qu’Aldo a déjà passé six séjours en prison. Toujours en quête d’argent et de jolies filles, il se laisse happer par de folles opérations, souvent malhonnêtes, qui d’ailleurs échouent la plupart du temps. Un jour, il est obligé de fuir en Tunisie, habillé en curé et se faisant passer pour Marco. Il y retrouve Prosper, un ami d’enfance, qu’il entraine dans sa course aux millions et aux belles estivantes. Marco, délégué par la police parisienne, débarque en Tunisie pour limiter les dégâts mais ne fait que les aggraver. Une fois de plus, Aldo devra disparaitre un moment dans la nature et se faire oublier…
Avis de Cherycok :
Sur ma chronique de Tais-Toi Quand Tu Parles, je vous expliquais mon amour pour ce film, pour Aldo Maccione. Je vous expliquais pourquoi j’aimais ce film malgré son (très) mauvais goût, alors que je savais pertinemment que ce n’était pas bon. La nostalgie oui, mais pas que. Sauf que ce n’était pas le seul film de Philippe Clair avec Aldo Maccione pour lequel je ressentais la même chose. Oui, il y avait un deuxième film honteux qu’il m’était impossible de détester, un deuxième film dans la droite lignée de Tais-Toi Quand Tu Parles tant ils sont similaires, un deuxième film qu’on enchainait presque toujours après le premier avec mon frère dans les années 80, sa suite spirituelle, le bien nommé Plus Beau Que Moi Tu Meurs, réalisé en 1982, dans la foulée de Tais-Toi Quand Tu Parles, avec une partie du casting qui est de retour, avec de nouveaux deux Aldo Maccione, avec de nouveau la Tunisie en toile de fond et même le même hôtel. On ne change pas une équipe qui gagne parait-il, on ne change pas non plus une nostalgie qui fait des siennes. Oui, je viens de revoir Plus Beau que Moi Tu Meurs, enfin dans une version digne de ce nom grâce au blu-ray de Cinefeel (il n’était jusque-là sorti qu’en VHS). C’était nul, mais que c’était bon !
Le premier film de Philippe Clair, Déclic et des Claques (1965) fait un bide au cinéma. Refroidi par cet échec, il se lance dans une activité de chansonnier avant de revenir en 1971 au cinéma avec La Grande Java où il met en scène, pour la première fois à l’écran, Les Charlots. Malgré les critiques négatives, c’est un gros succès avec pas moins de 3.4M d’entrées, permettant à Philippe Clair d’enchainer très rapidement avec des films tels que La Grande Maffia (1971), La Brigade en Folie (1972), Le Führer en Folie (1974) ou encore Comment se Faire Réformer (1977). A chaque fois, c’est la même chose, un public au rendez-vous malgré des critiques négatives, et Philippe Clair devient petit à petit un des grands spécialistes de la comédie populaire franchouillarde. Après un petit mou fin 70’s, le succès de sa collaboration avec Aldo Maccione sur Tais-Toi Quand Tu Parles (1981) redonne un coup de fouet à sa carrière et il enchaine donc avec le film du jour Plus Beau Que Moi Tu Meurs, lui aussi un succès public. En 1984, il réussit son plus gros coup, engager le célèbre comique américain Jerry Lewis dans son film Par Où T’es Rentré ? On T’a As vu Sortir mais étonnement, le public ne le suit pas et c’est le début du déclin, sans doute à cause de l’arrivée d’une nouvelle vague de comiques comme la troupe du Splendid ou le duo Pierre Richard / Gérard Depardieu qui remplissaient les salles. Il mettra fin à sa carrière cinématographique après L’Aventure Extraordinaire d’un Papa Peu Ordinaire (1989), encore avec Aldo Maccione. Mais revenons-en à son plus gros succès des années 80, Plus Beau Que Moi Tu Meurs, peut-être le film le plus « accessible » lorsqu’on est assez fou pour se lancer dans la filmographie de Philippe Clair. Un film où tout part dans tous les sens, brillant par sa quasi absence de scénario et sa faculté à enchainer les gags et/ou les répliques les plus improbables sans jamais faillir pendant 1h40.
Plus Beau Que Moi Tu Meurs ne se soucie guère de son scénario. Il y a bien les prémisses de quelque chose, avec un Aldo qui va être obligé de fuir en Tunisie pour fuir la Police qui l’accuse de choses qu’il n’a pas commises, mais guère plus. Le mot d’ordre qu’il semble y avoir eu, c’est que tout le monde devait se lâcher et s’amuser, parce que certes, on tourne, mais la Tunisie, c’est aussi les vacances. A l’Instar de Tais-Toi Quand Tu Parles, nous sommes ici dans des gags qu’il serait impossible de mettre à l’écran aujourd’hui, certes toujours bon enfant, mais souvent très gras, lourds, très portés sur la drague et le sexe, très ancrés dans leur époque où les femmes n’étaient que de vulgaires proies que le personnage de dragueur looser d’Aldo Maccione se devait de draguer, ici épaulé par un Philippe Clair toujours en totale roue libre dont le personnage a été foutu dehors de chez lui par sa femme et qui va donc lui aussi s’improviser dragueur maladroit. Tout ici est d’une connerie sans nom, avec absolument tout le casting qui en fait des caisses, qui gesticule, qui prend des démarches à la con, qui se déguise, qui sort des dialogues tous plus géniaux (ou lourdingues, c’est selon) les uns que les autres, sans que personne ne semble avoir de limite à la connerie. Bien que personne ne semble se prendre au sérieux, on sent clairement que tout est ici premier degré, qu’il s’agit bien ici de l’humour de Philippe Clair, un humour généreux, qui veut en donner pour son argent au spectateur, avec des gags pas toujours très heureux, surtout lorsqu’on découvre le spectacle aujourd’hui sans que la nostalgie parle. Oui c’est gras, lorsque le regard d’Aldo Maccione va de haut en bas en suivant les mouvements de la poitrine d’une demoiselle en train de marcher. Oui, c’est lourdingue quand Philippe Clair ponctue chaque fin de phrase avec « le con de ta race » et autres joyeusetés. Oui, on est en droit de se faire un facepalm lorsqu’ils sont tous déguisés affublés d’un tutu et qu’ils nous honorent d’une danse humoristique. Oui, on est en droit d’avoir envie d’éteindre sa télévision lors du 48ème quiproquo entre Aldo le Tombeur et son frère jumeau Marco le prêtre. Sauf que tout cela a un côté complètement jubilatoire car on sent que Philippe Clair est complètement sincère lorsqu’il accouche d’une œuvre pareille. Oui, c’est complètement stupide. Oui, c’est complètement ringard 40 ans après. Mais bordel que c’est génialement con ! La nostalgie est là, c’est certain, et lorsque je me suis lancé dans ce, sans doute, 28ème visionnage, j’étais déjà conquis d’avance. Mais qu’importe, je me suis marré comme une baleine !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des gags et dialogues qui font mouche… ♥ Double dose d’Aldo Maccione ♥ Un film généreux ♥ Le film entier est en roue libre |
⊗ … d’autres beaucoup moins ⊗ Où est le scénario ? ⊗ Très ancré dans son époque ⊗ Mise en scène aux fraises |
Note : Note Nostalgique : |
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A l’instar de Tais-Toi Quand Tu Parles, Plus Beau Que Moi Tu Meurs est complètement ringard et stupide 40 ans après sa sortie. Mais bordel, c’est une des comédies franchouillardes les plus génialement cons qui existent ! Merci Philippe Clair ! |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Comme souvent dans les films de Philippe Clair, une ligne de dialogue fait référence à un autre des films du réalisateur. Ici, c’est Tais-Toi Quand Tu Parles qui sort de la bouche d’un des personnages.
PLUS BEAU QUE MOI, TU MEURS est sorti le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel en en blu-ray au prix de 14.99€. Il est disponible à l’achat dans toutes les bonnes crèmeries Le film est accompagné du documentaire « Tais-Toi Quand Il Parle ! » réalisé par Gilles Botineau avec les témoignages de Philippe Clair et de son fils Esteban, et de la bande annonce originale restaurée en 4K. |
Titre : Plus Beau Que Moi Tu Meurs
Année : 1982
Durée : 1h40
Origine : France
Genre : Deux Aldo pour le prix d’un
Réalisateur : Philippe Clair
Scénario : Philippe Clair, Bruno Tardon
Acteurs : Aldo Maccione, Philippe Clair, Raymond Pellegrin, Philippe Castelli, Ira Fürstenberg, Georges Anderson, Philippe Nicaud, Michel Peyrelon, Georges Blaness