[Film] Ping Pong, de Fumihiko Sori (2002)

Peco et Smile sont des amis d’enfance de caractère littéralement opposé : le premier est turbulent et vantard alors que le second est humble et renfermé, à la limite de l’autisme. Le film nous présente leur vie par l’intermédiaire du plus fort lien qui les unit : le Ping Pong.

Avis de Tequila :
Ping Pong est un film qui peut être abordé comme une comédie mais il dépasse rapidement ce statut pour s’imposer comme une réflexion attachante sur notre vie sociale : les réussites qui la parcourent, les remises en cause qui la rattrapent, les liens que l’on peut y tisser et le besoin vital de s’épanouir. Le plus intéressant, c’est que c’est un sport qui va permettre à nos personnages d’assouvir ces besoins : le Ping Pong.

Intéressant mais pas forcément original, il faut bien avouer que le thème du sport comme tremplin social est récurrent dans la culture de divertissement japonaise : les références sont à ce titre innombrables dans le manga. Et comme prévu, Ping Pong reprend les schémas habituels que nous connaissons tous (l’entraîneur ex champion déchu, l’excès de confiance en soi, le personnage faible qui cache le champion de la discipline…) par le biais de la boucle historique qui veut que la nouvelle génération (les joueurs) suive les mêmes épreuves et tombe dans les mêmes travers que l’ancienne (les entraîneurs). Toutefois, difficile de bouder son plaisir durant les deux heures qui constituent le métrage tant le traitement de l’intrigue se révèle rafraîchissant. L’humour distillé est donc assez particulier, proche des éclats froids d’un Waterboys (une espèce d’humour « pétard mouillé » qui nous laisse un petit sourire permanent au coin des lèvres) et le film n’hésite pas à partir de temps en temps dans des trips philosophiques vraiment barrés. A ce titre, l’évasion psychologique au bord de la plage restera dans les annales tant le message y apparaît comme transcendant (on y parle de nirvana et d’ouverture d’esprit tant la partie de ping pong est enrichissante spirituellement !)

Bien évidemment, l’un des (nombreux) attraits du film se manifeste sans conteste dans les formidables affrontements autour d’une table. Pour couper court à toutes vos interrogations, Ping Pong n’est pas un équivalent japonais du Shaolin Soccer de Stephen Chow. Si le traitement des relations est plus subtil dans le film de Fumihiko Sori (plus en nuances et en suppositions) la même réflexion se pose pour le traitement des tournois sportifs. Mis en image avec un sens du cadrage saisissant, les duels de Ping Pong sont incroyablement esthétiques et jouissifs. S’ils ne font appel à aucun super pouvoir digne de ce nom, les démonstrations sont quand même impressionnantes et les joueurs apparaissent comme diablement doués : services éclairs, retours de génie, smash apocalyptiques… Nul doute que le talent du réalisateur, déjà palpable dans les instants d’intimité, sait se révéler avec une utilisation des techniques digitales très aboutie. Mais l’essentiel de Ping Pong se situe tout de même en dehors des tournois, dans tous les petits riens qui font une amitié, dans les doutes qui apparaissent sur soi-même, dans les moments de dépression ou la recherche éperdue d’une volonté de vivre, de continuer son chemin.

LES PLUS	LES MOINS
♥ Frais et léger ♥ L’humour pince sans rire ♥ Très bonne mise en scène	⊗ Pas forcément original
Ping Pong c’est aussi communiquer avec des personnes différentes de soi, pas forcément heureuses, pas forcément épanouies : un sourire, un déclic peuvent parfois transcender la simple victoire sportive. C’est dans ces moments forts que Ping Pong gagne le cœur du spectateur et qu’il lui transmet son envie de vivre : pour reprendre les mots du héros : I CAN FLY !

Titre : Ping Pong / Pin Pon / ピンポン
Année : 2002
Durée : 1h54
Origine : Japon
Genre : Comédie
Réalisateur : Fumihiko Sori
Scénario : Kankuro Kudo

Acteurs : Yosuke Kubozuka, Arata, Sam Lee, Shidô Nakamura, Kôji Ôkura, Naoto Takenaka, Mari Natsuki