Après avoir survécu à une attaque éclair, le sergent Denis Quillard pose le pied sur une mine russe à double détente. Seul rescapé de sa patrouille, coincé au milieu du désert afghan, il doit faire face à cette situation et affronter ses doutes comme ses peurs. L’ennemi se rapproche. Il a quelques heures pour s’en sortir. Le compte à rebours a commencé.
Avis de Cherycok :
Premier long métrage de Yannick Saillet qui n’avait jusque-là à son actif que 3 courts métrages et des clips pour divers artistes (Céline Dion, Laurent Voulzy, Indochine, Arthur H,…), Piégé est l’exemple même du projet à la fois excitant et casse-gueule. Le genre de scénario qui peut soit donner un film prenant et stressant, soit un truc long et chiant. Plusieurs s’y sont déjà essayés, avec plus ou moins de réussite. Citons Buried (2010) de Rodrigo Cortés et son héros enfermé sous une tonne de terre, Phone Game (2002) de Joel Schumacher, où un homme dans une cabine téléphonique est à la merci d’un sniper, ou encore 127h (2011) de Danny Boyle et son jeune randonneur perdu dans un canyon reculé, le bras coincé sous un énorme rocher. Dans Piégé, c’est un soldat qui, en plein milieu du désert afghan, va marcher sur une mine et se retrouver coincé, debout, sans pouvoir bouger. Oui, l’idée de faire un film autour de ça était certes dangereuse mais des plus intéressantes. Le problème, c’est que malgré des choses plutôt intéressantes, Yannick Saillet rate son pari et son film s’avère vite ennuyeux. Un comble pour une bobine qui dure 1h14 générique compris !
Ça commençait pourtant pas trop mal, avec une scène d’affrontements entre un groupe de militaires français et des talibans en plein désert rocailleux, avec quelques plans sympathiques, des paysages désertiques magnifiques sous un soleil étouffant, jusqu’au moment où, l’équipe décimée, le soldat Denis Quillard se retrouve coincé au milieu de nulle part car il a posé le pied sur une mine. Nous en sommes à peine à 15 ou 20 minutes de film et il va falloir que le reste du film tienne le coup quasi exclusivement sur les épaules du héros, désormais seul, et les quelques péripéties qui pourraient lui arriver. Sauf que voilà, Pascal Elbé a beau s’essayer à tous les styles de rôles (films comiques, dramatiques, policiers, et ici de guerre), son jeu d’acteur à tendance parfois à ne pas suivre. Une petite anecdote made in Allociné nous dit que ce dernier a suivi une formation de quelques jours en montagne, avec de vrais soldats, pour attraper quelques ficèles de crédibilité, qu’il a été logé dans un hôtel différents de celui de l’équipe technique lors du tournage afin de ressentir l’isolement de son personnage. Mais rien n’y fait, son jeu est faux la plupart du temps et à aucun moment il n’est possible de ressentir une quelconque empathie ni même de s’identifier à lui. Et pour un film qui mise tout sur un seul personnage, qui sera seul à l’écran la plupart du temps, avouez que c’est quelque peu problématique non ? On sent que le réalisateur essaie de mettre de la tension, que ce soit par ce qu’il se passe autour ou par la musique, discrète. Mais rien n’y fait, on se contrefiche de ce qui peut bien lui arriver. Dommage, parce que le personnage du soldat interprété par Laurent Lucas (méconnaissable) présentait lui bien plus d’intérêt…
On sent bien que Yannick Saillet croit en son film. Il y éparpille certains messages (plus ou moins adroits) et y dénonce même certaines horreurs comme le traitement des femmes et des enfants locaux, ou encore comment sont considérés certains trouffions de l’armée par leurs supérieurs (un des scénaristes est un ancien militaire). Mais son film est tellement bourré d’incohérences, de facilités, de comportements improbables et de hasards heureux que la crédibilité prend un sérieux coup dans l’aile, le tout sans aucun rebondissement. C’est le désert, il fait chaud, il y a la fatigue, la soif, le sommeil, une tempête de sable, et qui plus est, il a une balle dans le bras, mais il reste stoïque, froid, droit comme un piquet. ‘A carrer, chui un warrior moi ! On est en plein désert afghan, on a d’immenses étendues montagneuses tout autour, on doit chercher une otage capturée dans tout ce tralala, et bim, v’là ti pas que la mine sur laquelle il marche se trouve à 5 mètres pile poil du camion abandonné ou se trouve la fameuse otage. Chanceux le mec, chanceux. Joue à l’euro million en rentrant, on ne sait jamais. Et puis c’est quoi ces talibans qui se prennent pour des Stormtroopers !?! Le mec il est debout, à découvert, il ne bouge pas parce qu’il a le pied sur une mine, et ils sont incapable de l’abattre ? Et parlons de la blondasse capturée quelques instants… Elle est à peine bâillonnée, ses liens semblent tout fragiles… N’importe quel péquin moyen se serait détaché en moins de 5 minutes. Mais non, elle, elle gigote, elle pousse des cris étouffés et au final ? Elle ne sert à rien. Ça devient très rapidement dur à avaler et parfois à la limite de la caricature (involontaire pour le coup). Et que dire du final virant au grand-guignol et nous laissant sur cette impression de « Tout ça pour ça !?! ». Bah rien. Il ne fait que descendre en flèche un film qui avait pourtant bien commencé et qui ne sera pas sauvé par son visuel plutôt bien emballé.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement réussi | ⊗ Le jeu d’acteur ⊗ Les incohérences / facilités ⊗ Long malgré la courte durée |
Gros four au box-office (à peine 21 000 entrées), Piégé est l’exemple même d’une bonne idée de départ qui tombe complètement à plat au fur et à mesure que le film avance. Première incursion sur le grand écran ratée pour Yannick Saillet, dommage… |
Titre : Piégé
Année : 2014
Durée : 1h14
Origine : France / Italie
Genre : Huis-Clos en plein désert
Réalisateur : Yannick Saillet
Scénario : Yannick Saillet, Jérémie Galan, Vincent Crouzet, Patrick Gimenez
Acteurs : Pascal Elbé, Laurent Lucas, Caroline Bal, Arnaud Henriet, Jérémie Galan, Patrick Gimenez, Othman, Younouss, Rabii Benjhail Radlaoui