[Film] Passionate Killing in the Dream, de Huang Kuo-Chu (1992)


Une femme voit dans ses rêves des meurtres qui se passent réellement. Elle va pouvoir aider à résoudre cette enquête de tueur en série grâce aux indices qu’elle voit en dormant.


Avis de Cherycok :
Huang Kuo-Chu est un artiste martial qui a participé à 38 films entre 1968 et 1984. Il fait également souvent office de directeur de scènes martiales sur bon nombre de productions plus ou moins prestigieuses dans les années 70 et 80 à Taïwan et à Hong Kong, telles que Duel with the Devil (1977) avec Angela Mao ou encore Shanghai 13 (1984) de Chang Cheh. Mais le bougre s’est également essayé à la mise en scène à cinq reprises : Hsiao Eleventh Wolf (1978), 37 Plots of Kung Fu (1982), Fight Among the Supers (1984), Whore and Policewoman (1993) dont on a déjà parlé en ces lieux, et enfin Passionate Killing in the Dream (1992) qui nous intéresse aujourd’hui, thriller horrifico-martial sorti en plein boum de la catégorie 3 à Hong Kong (les films interdits au moins de 18 ans). Sorte de croisement entre le giallo et le film d’arts martiaux, Passionate Killing in the Dream peine à convaincre même si son visionnage n’est à aucun moment désagréable.

Passionate Killing in the Dream emprunte clairement son idée de départ à Les Yeux de Laura Mars (1978) de Irvin Kershner, avec cette photographe / artiste qui rêve d’un agresseur entrant dans l’appartement d’une femme et l’assassinant. Elle se rend vite compte que ce meurtre a bien eu lieu et, grâce à un ami psychiatre, elle va rencontrer le policier en charge de l’affaire. Ensemble, ils vont enquêter, la demoiselle aidant à résoudre l’enquête grâce aux indices qu’elle obtient dans ses rêves. Malgré les mauvaises conditions de visionnage (il suffit de jeter un œil aux captures d’écran qui illustrent cet article), le film n’ayant eu droit qu’une sortie en VCD / LD, on se rend malgré tout compte que la mise en scène de Huang Kuo-Chu est des plus honorables, jusque dans la photographie aux couleurs vives (merci les néons de couleur) qui installe une ambiance un peu anxiogène au film, lui donnant parfois des aspects de giallo. La musique plutôt réussie aide grandement à mettre en place cette ambiance horrifique particulière, parfois très proche de ce qu’a pu faire le groupe italien Goblin dans les années 80. Bien que pompant parfois des musiques très connues (du Michael Jackson détourné dans la scène de la salle de muscu) sans doute sans payer aucun droit d’auteur, l’ensemble fonctionne. Bien que le film soit classé Cat III, il n’y a au final pas grand-chose qui lui vaut cette classification si on le compare à d’autres films du genre. Il y a certes un peu de nudité (très très légère), quelques meurtres violents sans être très graphiques, mais d’autres bien plus érotiques / violents n’ont pas obtenu cette classification. Ajoutons à cela pas mal d’éléments clairement pas utiles, comme les petites touches d’humour sortant de nulle part, ou cette intrigue secondaire lesbienne qui n’a pas d’intérêt réel.

Michiko Nishiwaki offre ici une belle performance, plus sensible et dramatique que d’habitude où elle est surtout employée pour distribuer des tatanes. Elle le fait ici aussi, mais il y a un vrai rôle derrière qui, bien que peu étoffé au final, lui permet de montrer une autre facette d’elle. Gordon Liu obtient lui aussi un rôle qui change un peu, celui d’un tueur psychopathe ayant eu plusieurs traumatismes de jeunesse (à cause de sa mère, à cause d’un combat d’arts martiaux perdu). Il s’investit à fond dedans mais il n’arrive clairement pas à la cheville d’un Anthony Wong (dans Ebola Syndrom), d’un Ben Ng (dans Red to Kill) ou d’un Simon Yam (Run and Kill) des grands jours dans le même genre de rôle. Les scènes de combats, bien qu’elles ne cadrent pas tout à fait avec le ton général du film, sont des plus sympathiques. On a l’impression qu’elles ont été rajoutées histoire d’amener un peu de fight à l’ensemble, elles ne sont pas nécessaires au scénario, mais avec Gordon Liu et Michiko Nishiwaki, ça aurait été du gâchis de ne pas en mettre. Sans être exceptionnelles, elles sont plutôt agréables à suivre pour qui aime un tant soit peu la tatane, et on a même droit à quelques cascades qui font mal. Le scénario n’est par contre pas très bien écrit. Outre le fait qu’il dévoile son sérial killer beaucoup trop tôt, les flashbacks n’arrivent jamais au bon moment, cassant le rythme sans que cela soit nécessaire. De plus, il n’y a clairement pas assez de meurtres ni de scènes d’action, ce qui génère au final pas mal de temps morts. Ça, couplé au fait que le film ne va clairement pas assez loin dans ni dans l’horreur, ni dans l’érotisme, ni dans la violence, le résultat se regarde mais s’oublie rapidement.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des scènes d’action sympathiques
♥ Nishiwaki Michiko dans un rôle principal
♥ Une ambiance réussie
⊗ Pas mal de temps morts
⊗ Les touches d‘humour malvenues
⊗ Ne va clairement pas assez loin
Sorte de croisement entre le giallo et le film d’arts martiaux, Passionate Killing in the Dream est un thriller horrifique hongkongais qui, bien qu’il reste regardable sans souci, peine à convaincre sur la longueur.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Il s’agit du dernier film de la petite société de production Shin Shin Film Entreprise (H.K.) qui n’aura produit que 10 films en 19 ans d’existence. On leur doit par exemple My Kung Fu 12 Kicks (1979) avec Bruce Leung ou The Master and the Kid (1978) avec Yueh Hua



Titre : Passionate Killing in the Dream / 雲雨第六感
Durée : 1h27
Année : 1992
Origine : Hong Kong
Genre : Thriller horrifico-martial
Réalisateur : Huang Kuo-Chu
Scénario : Lau Chi-Wa

Acteurs : Michiko Nishiwaki, Cynthia Lam, Gordon Liu, Lam Wai, Lau Siu-Kwan, Hung Fung, Chiu Mei-Jan, Lau Chi-Wa, Bai Yuchen, Wong Man-Yue, Kawee Sirikhanerut

Passionate Killing in the Dream (1992) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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