Dans un petit village, plusieurs jeunes femmes s’associent avec le diable pour obtenir ce qu’elles veulent. Il y a Sumi, qui doit s’occuper de son père après que celui-ci se soit fait amputer, ou Sari qui chercher à retrouver le meurtrier de sa sœur.
Avis de Rick :
Le cinéma Indonésien continue à être aussi productif en ce qui concerne la production horrifique, et ils auraient tort de se priver, tant leur cinéma a eu une évolution qualitative plutôt exceptionnelle en l’espace de 10 ans. Para Betina Pengikut Iblis, sortant début 2023 dans quelques pays d’Asie (et aura eu mi 2024 droit à une suite, à ma grande surprise), n’est pas réalisé par ce que l’on pourra nommer la trinité horrifique de l’Indonésie. Pas de Joko Anwar, Kimo Stamboel ou de Timo Tjahjanto derrière la caméra, ni au scénario, ni à la production. Mais pas grave, avec son titre rappelant clairement quelques métrages réussis de ces dernières années, le fait que l’Indonésie soit un pays solide pour le genre depuis, et que le métrage, peu connu, s’annonçait comme bien sanglant, tout en plaçant son intrigue dans un petit village reculé, soit tout pour faire un bon métrage dépaysant, tous les espoirs étaient tournés vers le métrage. Bon, malheureusement, sans être mauvais, le résultat final s’avère plutôt bancal et bien fragile à quelques niveaux, la faute à quelques points noirs, qui sont clairement des choix, d’écriture ou de direction d’acteurs, mais qui font taches. Et donc, par extension, des éléments où il est très facile de pointer du doigt le réalisateur et co-scénariste, Rako Prijanto, et qui ne sont donc pas là par faute de temps ou de budget. Para Betina Pengikut Iblis se situe donc dans un tout petit village, et nous invite à suivre le destin de trois jeunes femmes, mais en particulier Sumi, puisque Mawar Eva de Jongh, qui l’incarne, sera celle que l’on verra le plus souvent à l’écran. Un village tout ce qu’il y a de plus classique, où Sumi donc s’occupe de son père, malade, et que l’on doit, dés la scène d’ouverture, amputer. À la scie, comme ça. Et on peut le dire, les premiers instants du métrage mettent en confiance. La photographie est très jolie, la mise en scène semble solide et sérieuse, Mawar Eva de Jongh est à fond dans son rôle et on y reviendra, les effets spéciaux sont à l’ancienne 95% du temps, ce qui est toujours un bon point.
Et ce même si le film semble revenir quelques années en arrière avec une couleur de faux sang qui nous ramènerait aux giallo, ou au cinéma Indonésien et Hongkongais des années 70. Ce qui est peut-être voulu par le réalisateur, mais cela ne m’a pas dérangé outre mesure. Une entité clairement malfaisante va alors s’inviter dans le récit, et dans le village donc, afin de manipuler les trois jeunes femmes principales, Sumi, Sari et Asih, toutes les trois en quête de vérité, ou parfois, juste en quête d’un avenir meilleur. Cette entité, appelée Iblis (tient, c’est dans le titre du film), prend les traits à l’écran de Adipati Dolen, et là vient l’un des premiers soucis du métrage. Non pas que l’acteur soit mauvais, il est bon dans ce qu’on lui demande de faire, mais ce qu’on lui demande de faire justement pose problème, avec un jeu extrêmement théâtral et un rire agaçant qui s’invite toutes les deux phrases dans ses dialogues pour bien montrer comment il est maléfique. Il fait bien ce qu’on lui demande de faire, mais c’est le souci, il est très difficile de prendre son personnage pour une menace, pour un grand manipulateur qui saurait cacher son jeu et séduire, tant il en fait des caisses. De plus, il a tendance à arriver très souvent dans le récit, si bien que ses apparitions tombent assez vite à plat, elles sont là plus par automatisme que par réelle intention dans le récit. Le réalisateur devait très certainement croire à fond en son personnage, mais ça ne marche que moyennement pour être efficace. Heureusement à côté, Mawar Eva de Jongh livre une bonne prestation dans le rôle de Sumi, qui va virer grande psychopathe au fur et à mesure du récit, et qui pourrait donc très rapidement tomber dans le surjeu, mais non, ça passe très bien la plupart du temps.
Malgré tout, il faut signaler que le métrage est très court, et va le plus souvent à l’essentiel, avec ses 1h30 piles au compteur. De ce fait, jamais le spectateur ne va s’ennuyer, et ce malgré donc certaines approximations, ou encore ces quelques errances scénaristiques, comme des réactions un peu grossières, voire parfois stupides (qui se cacherait dans un congélateur pour échapper à son poursuivant ?). Des réactions parfois limites, pour un film qui veut sans doute trop en faire sur une durée si courte, ce qui force ce genre de raccourcis énormes dans le récit, puisque rappelons-le, sur une durée de seulement 1h30, notre Iblis manipule trois femmes différentes, mais Sumi bouffe le plus clair du temps, en plus de servir à des clients affamés un curry spécial en termes d’ingrédients. Il aurait peut-être été plus judicieux de se débarrasser de quelques personnages pour rendre ce qu’il reste plus crédible. Rien qui ne rende le film désagréable, irritant, ennuyeux ou profondément mauvais, mais qui ne le fait pas sortir du cadre de la simple série B, bien emballée, mais tellement bancale dans sa proposition qu’elle ne marquera pas du tout les esprits.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Bien filmé et bien photographié ♥ Un village paumé, une présence maléfique, du gore ♥ Mawar Eva de Jongh convaincante dans son rôle |
⊗ Le diable manipulateur, peu crédible et trop présent ⊗ Des raccourcis scénaristiques énormes ⊗ Trop de personnages |
Para Betina Pengikut Iblis ne marquera pas les esprits, même s’il reste divertissant et pas foncièrement mauvais, mais il a trop de personnages, ce qui amène des raccourcis énormes pour que le récit tienne en une heure trente, en plus d’avoir quelques fautes de goûts. Mais ça reste bien filmé et rythmé. |
Titre : Para Betina Pengikut Iblis
Année : 2023
Durée : 1h30
Origine : Indonésie
Genre : Horreur
Réalisation : Rako Prijanto
Scénario : Rako Prijanto et Anggoro Saronto
Avec : Adipati Dolken, Mawar Eva de Jongh, Hanggini, Sara Fajira, Hans de Kraker, Gusti Rayhan, Derry Oktami, Ravil Prasetya, Tomy Babap et Nagra Kautsar
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