Clovis Blaireau, détective privé maladroit, habitant chez sa mère, est engagé par Nadège de Courtaboeuf pour faire suivre son mari Prosper et prouver l’adultère à des fins de divorce. Le détective tente de devenir l’ami du mari volage par tous les moyens. Cependant Nadège entretient une relation extra-conjugale, et son amant décide de supprimer Prosper en provoquant un attentat. Clovis et Prosper finissent par se réfugier en Tunisie, où ils se retrouvent pris dans la guerre entre les partisans du fast-food – dirigés par l’affreux Ben Burger, qui a entrepris d’américaniser Tunis – et ceux du couscous.
Avis de Cherycok :
Après les succès coup sur coup de Tais-toi Quand Tu Parles (1981) et Plus Beau Que Moi Tu Meurs (1982), Philippe Clair se sent pousser des ailes et son producteur Tarak Ben Ammar se dit que s’il donne plus d’argent à Clair, il pourra réaliser un film bien plus ambitieux qui lui rapportera beaucoup de pognon. Et oui, Business is Business. Et c’est là que Philippe Clair va réaliser son plus gros coup, faire tourner dans une de ses comédies franchouillardes à tendance nanar un des (anciens) plus grands comiques américains, Jerry Lewis, dans un film intitulé Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Tout un programme. Mais ce n’est par tout parce que c’est lui qui va donner à Connie Nielsen (Gladiator, L’Associé du Diable) son premier rôle, et il va même arriver à avoir le compositeur Alan Silvestri (les OST de Retour vers le Futur ou encore Predator) ! Oui, Clair a vu les choses en grand, mais le public n’a pas suivi et c’est à partir de là que le réalisateur va commencer sa descente aux enfers.
La première question qu’on est en droit de se poser, c’est comment Philippe Clair a réussi embarquer à avoir un « casting » aussi prestigieux aux côtés de figures de la comédie françaises telles que Jackie Sardou, Marthe Villalonga ou encore Philippe Castelli. Pour Jerry Lewis, sa carrière américaine n’était plus ce qu’elle était au début des années 80. Il n’est plus en odeur de sainteté auprès du public et a fini par se retrouver à présenter le Téléthon américain faute de vrais rôles au cinéma. Il entend la rumeur selon laquelle il est très apprécié en France et se dit qu’il pourrait tenter de se relancer là-bas, malgré son incapacité à aligner trois mots de français, mais à la seule condition que ses films français ne sortent pas aux Etats-Unis. Après un début assez catastrophique chez Michel Gérard avec Retenez-Moi ou je Fais un Malheur (1984) aux côtés de Michel Blanc, il fait la rencontre de Philippe Clair qui le fait rire et les deux hommes décident de travailler ensemble sur le film du jour. L’échec au box-office stoppera immédiatement la carrière française de Jerry Lewis et ce dernier repartit pour les States. Pour Connie Nielsen, c’est différent. D’origine danoise, cette dernière n’est encore qu’étudiante lorsqu’elle décide de s’installer à Paris. De fil en aiguille, elle est repérée par Clair qui décide de la faire jouer dans son film. Mais l’autre gros coup de notre réalisateur pied-noir préféré, c’est la présence de Alan Silvestri qui a composé toute la BO de Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Les deux hommes se rencontrent au Festival de Cannes. Silvestri n’est pas encore le grand compositeur qu’il a été par la suite, il n’a que peu de choses sur son CV même s’il vient de signer pour composer la bande originale de A La Poursuite du Diamant Vert de Robert Zemeckis. Clair et Silvestri discutent, rigolent beaucoup ensemble et ce dernier décide, à l’aveugle, de composer la musique du prochain film de clair en disant qu’il ne pouvait pas ne pas travailler pour un homme qui l’a fait autant rire et qui était autant enthousiaste. Il est fort ce Philippe, il est fort. Il les fait marrer et ils craquent tous ! Mais qu’en est-il réellement de Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir ? Eh bien à l’instar des autres films de Philippe Clair, et plus particulièrement des deux précédents très ancrés dans leur époque, difficile de découvrir le film aujourd’hui si la nostalgie n’est pas là. Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir est un film qui vire tellement dans le consternant et l’atterrant qu’il en devient assez incroyable. Le film réussit le prodige de ne pas avoir un seul gag qui fait mouche et ce qui en devient hilarant.
Je me souviens pourtant encore de mon visionnage à mes 8 ou 9 ans environ et des barres de rire qui allaient avec, et ça a d’ailleurs été le cas au revisionnage aujourd’hui, mais pour qui découvre le film en 2024, 40 ans après sa sortie à une époque où le cinéma se permettait tout et n’importe quoi, il faut avoir les reins solides et être bien accroché devant le spectacle qui se déroule devant vos yeux. Le film se divise clairement en deux parties. La première, finalement plus classique que le cinéma barjot habituel de Clair, se concentre sur cette histoire de détective qui cherche à prouver que le mari de sa cliente est infidèle (alors qu’elle est elle-même infidèle). Dans la deuxième partie, le producteur se souvient qu’il est tunisien et envoie donc tout ce beau monde en Tunisie, histoire de promouvoir un peu son pays, et plonge les deux protagonistes principaux dans une guerre de mafias des Fast Food sortie de nulle part où on retrouve un peu la folie de Tais-toi quand Tu Parles et Plus Beau que Moi Tu Meurs. Nous sommes ici dans du comique la plupart du temps bon enfant, mais surtout la plupart du temps qui ne fonctionne pas à un point que ça en devient tellement gênant que ca en fait rire. On ne rit pas avec le film, on rit du film, et c’est ce qui fait la marque des nanars. Jerry Lewis nous fait son habituel festival de grimaces, mais c’est tellement à côté de la plaque qu’il arriverait à rendre Michel Leeb, comique de l’époque qui surfait sur le même genre de mimiques, rigolo. Lewis a beau gesticuler nous pondre un gag toutes les trente secondes, on le sent malgré tout pas forcément intéressé par ce qu’il fait, comme s’il sentait le naufrage arriver et que, dans sa tête, il était déjà reparti aux Etats-Unis. On a sincèrement parfois un peu de peine pour lui. Philippe Clair se donne un plus gros rôle qu’à l’accoutumée, sans doute tellement fier d’avoir eu Jerry Lewis qu’il voulait être son équivalent dans le film, reprenant une fois de plus son personnage de pied noir très bavard aux expressions fleuries qui fera le bonheur des uns et le malheur des autres. Pourtant, cette avalanche de gags tous aussi ratés a quelque chose de fascinant, car c’est fascinant de voir à quel point Clair déploie autant d’énergie pour balancer autant de conneries à la minute et faire un film complètement imprévisible où tout peut arriver, où tout peut être osé. Le type n’a aucune limite, ne s’impose aucune règle ni barrière, et ose même une petite satire de la société de l’époque et de sa tendance à surconsommer. Toute cette franchise et cette énergie déployées finissent par avoir un côté extrêmement touchant. Et puis les amateurs de plans boobs totalement gratuit des 80’s en auront également ici pour leur argent. Ah les années 80…
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Le casting en roue libre pour le meilleur… ♥ On rigole… ♥ Très rythmé… |
⊗ … et pour le pire ⊗ … mais pas pour les bonnes raisons ⊗ … mais ca peut fatiguer |
Note :  Note nanar :  |
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| Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir, c’est du cinéma de Philippe Clair pur jus, génialement nul, sans aucune limite, avec 10 gags à la minute. Les néophytes risquent de souvent grincer des dents. Les nostalgiques des années 80 apprécieront clairement l’expérience. | |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Pour la sortie du film, c’était une bande annonce de pas moins de 8 minutes qui a été diffusée, bande annonce qui contenait en plus un bêtisier du tournage.
Titre : Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir
Année : 1984
Durée : 1h30
Origine : France
Genre : Ah oui quand même !
Réalisateur : Philippe Clair
Scénario : Philippe Clair, Daniel Saint-Hamont, Bruno Tardon
Acteurs : Jerry Lewis, Philippe Clair, Marthe Villalonga, Jackie Sardou, Philippe Castelli, Connie Nielsen, Lamine Nahdi, Philippe Caroit, anne Berger, Jess Hahn
