[Film] Pamali The Corpse Village, de Bobby Prasetyo (2023)

Un groupe de volontaires médiaux est envoyé dans un petit village reculé pour aider les résidents qui sont affectés par une épidémie mortelle.


Avis de Rick :
En cette même année 2023, le précédent long métrage de Bobby Prasetyo, mettant déjà en vedette la jeune Yasamin Jasem, m’avait plutôt refroidi. Pourtant, des qualités, Kultus Iblis en avait. Visuelles déjà. Et puis, ça a beau être bien cliché, ces petits villages Indonésiens reculés et leurs secrets, ça fonctionne toujours sur moi. Mais quant à côté, l’écriture des personnages est désastreuse, tout s’écroule. Pourtant, j’ai eu envie de donner une seconde chance au réalisateur, et ça tombe bien, puisque fin 2023, il sortait un autre long métrage, Pamali Dusun Pocong, à l’international Pamali The Corpse Village. Toujours Yasamin Jasem dans le rôle principal, et oh surprise puisqu’on nous l’annonce dès les premières images, le film est une adaptation du jeu Pamali The Tied Corpse… qui traine sur mon compte steam depuis bien un an, sans jamais l’avoir lancé. Curieux que je suis, je me suis dit que même si c’est bancal et un bien trop clean comme Dreadout au cinéma, ce n’était pas grave, ce serait au moins divertissant et bien sympathique. Et j’ai eu raison, car si Pamali The Corpse Village n’est pas un grand film, ni même un grand film d’horreur, c’est là une très honnête proposition qui nous est faite, et ce dès l’ouverture, inquiétante, avec cet homme enterrant quelqu’un dans le cimetière… avant que la caméra n’effectue un travelling arrière, révélant une multitude d’autres cadavres autour de cet homme, apparemment malade. Le ton est donné en quelques secondes, et ça, ça me plait, quand un film sait capter mon attention en quelques images. Pourtant, on ne va pas se mentir, dans les très grandes lignes, c’est encore et toujours la même chose. Un groupe extérieur, ici des volontaires qui viennent filer un coup de main, se rend dans un village bien paumé en plein milieu d’une forêt, tellement paumé qu’il faudra prendre un bateau pour s’y rendre d’ailleurs, où se déroulent des choses pas bien recommandables.

Oui, un pitch comme on en a déjà vu 150 ces 10 dernières années en Indonésie. Dans le groupe, trois jeunes femmes, venus aider la population du village qui a drastiquement diminué, la faute à une épidémie, et deux jeunes hommes un peu simples, qui sont là pour creuser. Car quand les cadavres s’accumulent et que celui qui s’occupait de tout ça n’est plus, ben, il faut bien de nouveaux bras. Les tombes, même peu profondes, ça ne se creuse pas toutes seules. D’entrée de jeu donc, le film a des atouts dans sa poche. Plus que son intrigue, finalement assez banale, le film a pour lui une vraie ambiance. Bien entendu, ce n’est jamais aussi méchant et crade que chez d’autres réalisateurs que nous sommes nombreux à apprécier (Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto, mais avait-on vraiment besoin de les citer une nouvelle fois ?), mais il se dégage quelque chose du métrage. De par son ambiance, ses décors désolés et vides, ses nuits silencieuses et brumeuses, ses habitants malades, fiévreux et à la peau en décomposition, et de ses personnages volontaires venus ici pour accomplir une bonne cause, mais qui rapidement se demandent si c’était bien la chose à faire. Avant même d’arriver dans le fameux village d’ailleurs, avec cette traversée de la forêt, où l’on trouve encore, ornés ci et là, quelques objets de superstitions. Et bien entendu, car ça ne tardera pas à arriver, il y a l’intervention du surnaturel dans le récit, mais ça, il ne faut pas être diplômé d’une université pour s’en douter, il suffit de savoir lire le titre (il y a Pocong dans le titre après tout). En tout cas, pour le coup, Bobby Prasetyo m’a surpris, et dans le bon sens du terme. Sa mise en scène est classieuse, sait prendre son temps, il sait poser une ambiance lorsqu’il le faut.

Et si ça ne déborde jamais d’originalité dans sa façon de faire, ou dans sa manière d’aborder et d’amener l’horreur, que celle-ci soit frontale ou non, réaliste ou surnaturelle, il sait ménager ces effets, et surtout, il n’abuse pas d’effets éculés jusqu’à la moelle. Et ça, ça fait du bien. Ça alterne de manière simple mais efficace entre une horreur réaliste et frontale (les malades, les plaies) et une horreur plus distante et surnaturelle, avec des éléments en arrière-plan (grand classique), ou cachés dans la brume. Il faut dire que pour l’aider, le casting est plutôt solide, et qu’en prime, la musique vient en rajouter une couche dans l’ambiance. Du coup, on pardonne au métrage son côté classique tant il demeure efficace sur toute la ligne. Évidemment, c’est prévisible, on voit certains événements arriver à des kilomètres, tant les codes horrifiques sont respectés et appliqués, mais du coup déjà connus, mais ça fait le boulot qu’on lui demande de faire. Divertir, être efficace, et provoquer son petit effet quand il le faut. On lui pardonne même facilement quelques défauts qui normalement, ne seraient pas passés, comme cette scène nocturne en pleine forêt ayant un rendu visuel sonnant totalement faux, dans son éclairage (laissant deviner un tournage de jour et des bidouilles en post-production), mais qui ici, donne un côté surréaliste qui se marie bien avec l’ambiance générale l’entourant. Du coup forcément, à d’autres moments, ça fonctionne moins. Mais dans le cas présent, c’est même assez rare pour le souligner. Et pour le coup, tout ça, ça me donne plutôt envie de voir ce que le réalisateur fera par la suite, s’il se montre toujours aussi appliqué du moins.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un village isolé, une malédiction
♥ Une ambiance qui fonctionne
♥ Une mise en scène appliquée
♥ Quelques images marquantes
⊗ Très (trop ?) classique
⊗ Des effets pas toujours au point
note2
Pamali The Corpse Village est une très honnête adaptation de jeu vidéo, qui sait poser une ambiance pour captiver le spectateur. Pas parfait, et utilisant surtout une formule bien connue des amateurs, le métrage est assez solide en tout cas pour ne pas laisser indifférent.


Titre : Pamali The Corpse Village – Pamali Dusun Pocong
Année : 2023
Durée :
1h37
Origine :
Indonésie
Genre :
Adaptation de jeu
Réalisation :
Bobby Prasetyo
Scénario :
Evelyn Afnilia
Avec :
Fajar Nugra, Yasamin Jasem, Arla Ailani, Anantya Kirana, Bukie B. Mansyur, Wina Marrino, Dea Panendra, Ence Bagus et Whani Darmawan
Pamali: The Corpse Village (2023) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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