Dans un futur lointain, l’humanité part à la conquête de nouvelles planètes habitables. L’entreprise Exor est chargée d’organiser la vie dans ces nouveaux mondes. Mais un jour, Kane, un de ses principaux lieutenants, découvre que la planète OSIRIS, qui héberge sa fille, est menacée par un virus mortel. Il se lance alors dans une course contre la montre pour la sauver, quitte à devoir déserter et à s’attirer les foudres de ses anciens supérieurs…
Avis de Cherycok :
Je vous avais parlé il y a quelques mois du film Infini de Shane Abbess, une bobine de SF qui avait mauvaise réputation sur la toile mais qui pourtant, avec ses références bien senties et une bonne réalisation, arrivait à être bien plus originale et travaillée qu’il n’y paraissait, et ce malgré des défauts parfois assez gênants. Un petit budget qui prouvait qu’il n’y avait pas besoin de millions et millions de dollars pour mettre en boite un univers qui tient la route. Shane Abbess récidive deux ans plus tard avec Osiris La 9ème Planète, un space opera mâtiné de post-nuke qui, comme son précédent film, se traine des critiques souvent catastrophiques par des spectateurs ayant parfois eu l’impression d’avoir été trompés sur la marchandise. Pourtant, même si Osiris La 9ème Planète pêche clairement sur des points très importants pour une œuvre cinématographique, il n’en demeure pas moins très intéressant sur bien des aspects à commencer par son univers très travaillé lui donnant un gros potentiel.
La première chose qui saute aux yeux quand on regarde le film, c’est le gros travail effectué sur le visuel. En termes de réalisation, de photographie, de décors, de filtres, d’effets spéciaux, c’est juste excellent. Mais ce qui est presque choquant, c’est quand on découvre le budget qui avait été alloué à Shane Abbess. Là où un Valerian (2017, Luc Besson) fait le cake avec ses 177M$US, Osiris nous scotche du haut de ses 800 000$US. Oui, moins qu’une production SyFy ! Voilà qui nous rappelle un certain Neil Blomkamp (District 9, Chappie) et sa capacité à créer des univers à gros potentiel avec trois francs six sous pour imaginer décors, costumes, monstres et autres véhicules (je vous renvoie par ailleurs à notre mini dossier qui lui est consacré ICI). Alors Shane Abbess ne s’en cache pas, il a pioché des idées dans Star Wars IV : A New Hope (1977), Alien (1979), Pitch Black (2000) et ses suites Les Chroniques de Riddick (2004) et Riddick (2013), Le Livre d’Eli (2010) ou encore dans le génialissime Mad Max Fury Road (2015), mais le tour de force a été de mixer tout ça et que l’univers qui en résulte soit crédible. Et que dire de cette scène de bataille aérienne très bien orchestrée qui n’a absolument rien à envier aux gros blockbusters friqués made in Hollywood ayant un budget 100 voire 200 fois plus élevé ?
Et quel plaisir de voir que certains optent encore pour le old school au niveau des effets spéciaux. C’est le parti pris du réalisateur qui veut avec son film rendre hommage aux films de science-fiction des années 80. Même si le design des monstres est clairement discutable et aurait mérité un peu plus de réflexion, quel plaisir de voir que l’animatronique n’est pas mort. Le rendu à l’écran n’est certes pas aussi « vif » qu’aurait pu l’être des bêtes en images de synthèse, mais il est bien plus authentique et palpable, avec cet agréable ressenti que les acteurs ET les monstres jouent sur de vrais décors et pas juste des acteurs gesticulant devant un fond vert. Une vraie attention a été apportée sur les détails et le rendu final fait plaisir à la rétine.
Mais voilà, problème, Osiris La 9ème Planète est monté très bizarrement. Pas le montage des scènes d’action comme j’ai l’habitude de me plaindre, mais bel et bien le montage du film dans son ensemble. Le scénario est découpé en chapitres, que le spectateur aura le loisir de remettre dans l’ordre, eux-mêmes parfois ponctués de longs flashbacks qui cassent le rythme et font perdre de son impact au film. Ça passe plus de temps à parler des personnages, à raconter pour certains leur histoire passée, à les développer pour nous expliquer comment ils en sont arrivés là, qu’à réellement faire avancer le scénario lui-même. Alors c’est peut-être voulu puisqu’il s’agit du premier film d’une nouvelle anthologie de films futuristes si on en croit le titre original (Science Fiction Volume One : The Osiris Child) et qu’ils ont peut-être juste voulu là planter le décor et donner envie aux financiers de les appuyer pour une suite. L’intention est louable mais on aurait clairement préféré qu’on nous montre un peu plus cette course contre la montre de 21h dans laquelle se lancent les personnages. Du coup, toute la fin est bâclée, un peu comme s’il manquait des scènes, comme s’ils avaient manqué de temps ou de budget pour les tourner. C’est dommage car ça fourmillait de bonnes idées comme [ATTENTION SPOILERS] le fait que le vrai héros n’est pas forcément celui qu’on croit, ou qu’après avoir développé et rendu attachants plusieurs personnages, le scénario les envoie ad patres. Dommage également que toute la partie « Politique » de l’univers ne soit qu’effleurée, mais comme pour le reste, peut-être avaient-ils prévu de développer ça dans une suite ?
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le visuel ♥ L’univers ♥ Bonne utilisation du budget |
⊗ Le scénario ⊗ Le visuel des monstres |
Avec son univers très intéressant, aussi bien visuellement que dans ce qu’il raconte, Orisis La 9ème Planète avait clairement un gros potentiel. Malheureusement, il est gâché par un scénario qui ne s’attarde pas sur les bonnes choses et par un montage vraiment étrange. Ça demeure malgré tout sympathique mais on espère que, si suite il y a, elle corrigera ces erreurs. |
Titre : Osiris, la 9ème Planète / The Osiris Child
Année : 2017
Durée : 1h39
Origine : Australie
Genre : Post-Space-Opera-Nuke
Réalisateur : Shane Abbess
Scénario : Shane Abbess, Brian Cachia
Acteurs : Daniel MacPherson, Kellan Lutz, Isabel Lucas, Luke Ford, Rachel Griffiths, Teagan Croft, Temuera Morrison, Ben Foster