[Film] Orgueil et Préjugés et Zombies, de Burr Steers (2016)


Depuis une cinquantaine d’années, l’Angleterre subit une mystérieuse épidémie entraînant une invasion de zombies. L’arrivée de deux jeunes et riches célibataires dans le voisinage réjouit la famille Bennet, qui compte cinq filles à marier.


Avis de Iris :
Cela faisait longtemps que mon cher et tendre avait ce film. Nous avions fait une tentative il y a plusieurs années mais pour une sombre histoire de sous-titres décalés, nous avions abandonné et Orgueil et préjudice et zombies était tombé dans les limbes de nos mémoires. C’était sans compter sur l’ambiance morne d’un début 2022 bercé par un variant dont le nom annonce peut-être l’arrivée des Autobots et l’envie de rafraichir le tout avec ce que je pensais être un bon vieux nanar des familles. Eh bien en fait pas du tout !

Quand on a fait un cursus littéraire et qu’en plus on adore l’Angleterre victorienne, on a forcément entendu parler voire lu (houlà ça part mal) le roman de Jane Austen, Orgueil et Préjugés. Roman qui au-delà de son aspect romantique est surtout une critique de la société de l’époque écrit avec beaucoup d’humour et plein de rebondissements. Il a été adapté, y compris au cinéma, un certain nombre de fois et Seth Grahame-Smith sort en 2009 son roman parodique reprenant 85% de l’œuvre de base mais à la sauce zombie. Le roman se vend à des millions d’exemplaires dans le monde, est traduit dans une vingtaine de langues et figure au troisième rang des best-sellers du New York Time. Autant dire un succès ! Pour info, Seth Grahame-Smith a également écrit Abraham Lincoln, chasseur de vampires sorti en 2011, gros succès également mais qui n’aura pas eu droit à la même qualité d’adaptation au cinéma… Qui dit best-seller dit projet de film tiré du roman. Une adaptation ciné est donc annoncée dès décembre 2009, financée par Lions Gate Film, avec Natalie Portman dans le premier rôle et à la production, et David O. Russell (Les Rois du désert, American Bluff) comme scénariste et réalisateur. Mais en octobre 2010 Russell abandonne le projet et Natalie Portman le rôle (mais pas la production). Mike Newell (Quatre mariages et un enterrement, Harry Potter et la coupe de feu) et Matt Reeves (La Planète des singes : L’Affrontement, La Planète des singes : Suprématie) refusent de prendre la relève de Russell. Scarlett Johansson est contactée pour tenir le rôle-titre et Mike White (Rock Academy, Le Monde secret des Emojis) est embauché en novembre 2010, mais ce dernier doit partir dès janvier 2011, un engagement préexistant chez HBO entrainant un conflit d’emploi du temps.

Puis la réalisation est confiée à Craig Gillespie (Une fiancée pas comme les autres, Moi, Tonya). Le projet l’intéresse à cause du mélange des genres. En mai 2011, Marti Noxon (To the Bone, Buffy contre les vampires) est embauchée pour réécrire le scénario de Russell. Mais finalement, en octobre, Gillespie abandonne le projet. Ce n’est qu’en 2013 qu’il est remis sur les rails, avec l’arrivée de la société de production Panorama Media. En mai, on annonce que Burr Steers (Igby, Le Secret de Charlie Saint-Cloud) va reprendre la réalisation. Burr Steers reprend aussi le scénario, disant qu’il y avait remis « all the Pride and Prejudice beats » (tout ce qui fait Orgueil et Préjugés : humour, critique sociétale…). Le tournage a lieu dans le sud-est de l’Angleterre à l’automne 2014. Le film ne sort finalement qu’en janvier 2016. Et après un développement aussi infernal, c’est un bon vieux plantage commercial ne rapportant même pas, et de loin, de quoi rembourser ses 28M$ de budget avec seulement 16,5M$ de recettes. Et pourtant, pourtant, ce film n’est pas complètement à jeter, il est même parfois plutôt bon sur certains points et on passe un bon moment.

L’intrigue se situe au début du XIXème siècle dans une Angleterre confrontée depuis des années à des hordes de zombies. Et si les Britanniques ont appris à composer avec, notamment en faisant de Londres une place fortifiée et en fortifiant également leurs riches demeures dans la campagne, mais également en formant sa jeunesse, hommes comme femmes, aux techniques de combat pointues enseignées en Asie, Chine pour les moins fortunés et Japon pour les plus riches. Et même dans un contexte aussi compliqué, la loi Anglaise qui veut que les femmes n’aient pas de droit d’hériter continue de s’appliquer et il importe à Maman Bennet que ses 5 filles trouvent un mari afin d’être protégées et surtout de pouvoir conserver les biens acquis par leur famille de petits nobles campagnards. Dans le but donc de les caser, si possible à des garçons de meilleures familles, Maman Bennet va courir les bals et autres tea times pour convaincre ces gentlemen que ses petites valent le coup qu’on s’intéresse à elles. Mais ce seront finalement moins leurs qualités de bonnes épouses que leurs badassitude au combat et leur caractère bien trempé qui va faire flancher le cœur de ces messieurs et bientôt les filles Bennet devront composer avec Mr. Darcy et Mr. Bingley pour affronter les hordes de morts vivants.

A partir de là, deux points de vue peuvent s’affronter. Ceux qui connaissent et apprécient le roman de Jane Austen qui vont se régaler de la fidélité de cette adaptation et auquel l’invasion de zombies vient donner franchement un coup de peps et les fans de films d’apocalypse zombies qui vont clairement rester sur leur faim. Je vais tacher de dépatouiller le tout… Si l’on s’attend à un gros film d’action où la Gentry va massacrer du zombie à tour de bras dans un flot incessant d’action et d’hémoglobine alors oui, clairement on sera déçu. On n’est clairement pas dans un film où le scénario ne fait au final que tenter de justifier la présence de zombies mais plutôt l’inverse. En réalité, la thématique zombie n’est pas si centrale que ça et vient juste servir le développement de l’intrigue. D’où je pense les énormes déceptions de l’époque surtout que forcément, il y a une bonne dose de romantisme dans tout ça. Le film ne brille clairement pas par ses scènes d’action, ni même le final, ni par ses combats (quoi qu’on a largement vu pire et celle du combat entre Darcy et Elisabeth s’en sort avec les honneurs) et on ne peut pas dire que l’action soit toujours bien filmée, la faute sans doute à des compétences martiales un peu limitées que la mise en scène devait compenser. En revanche, si l’on s’attend à une adaptation du roman de Jane Austen, assaisonnée de zombies, alors oui c’est assez bien mené ! Pas complètement hein, il reste que, tout de même, le film souffre de quelques longueurs, de dialogues trop longs et d’une inégalité de rythme, mais il ne s’en sort pas si mal que ça car tout cela souligne aussi le côté crispé de la bonne société anglaise de l’époque !

D’abord la photographie est réellement jolie, les paysages de la campagne anglaise sincèrement bien mis en valeur et l’ambiance sombre par moment. Les CGI ne sont pas si ratés que ça, même franchement honnêtes et sont peu nombreux au final. Le casting est très bon et Lily James (Cendrillon, Baby Driver) fait une magnifique Elisabeth Bennet et Sam Riley (The Vault, Byzantium) un bon Fitzwilliam Darcy. On retrouve avec plaisir Charles Dance (Papa Lannister de Game Of Throne) et Lena Headey (Cersei Lannister, Madame Leonidas dans 300) ainsi que Matt Smith (le 11ème Doctor Who) dans un rôle bien ridicule. C’est franchement un point très fort de ce film. Les zombies bénéficient tout de même d’un traitement particulier avec l’idée qu’ils conservent leur nature humaine jusqu’à ce qu’ils consomment du cerveau humain. Leurs maquillages sont de plus vraiment réussis. Mention spéciale à la mère à l’enfant. Et puis, petite satisfaction personnelle, ici les personnages féminins sont badass et ont du caractère sans que le féminisme soit putassier comme ce que l’on a pu récemment subir au cinéma. C’est plus fin, plus subtil, plus XIXème siècle.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ L’adaptation
♥ La photographie et les décors
♥ L’ambiance guindée so british
⊗ Les zombies au second plan
⊗ Des inégalités de rythme
⊗ Quelques longueurs
Orgueil et Préjugés et Zombies, c’est une très bonne surprise. Je m’attendais à un nanar, j’ai finalement passé un bon moment. Toutefois, c’est une adaptation pas très éloignée de l‘œuvre de départ, celle de Jane Austen, avec ce que cela comporte d’humour pince-sans-rire, de critique sociétale, de féminisme et de romance. Le tout avec un peu de zombies et d’anachronismes. Ceux que cela rebute, passez votre chemin. Les aventuriers vous pourriez également avoir une bonne surprise.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Pendant le tournage, Lily James a déclaré qu’elle avait une scène où elle devait traverser une zone avec des têtes de zombies tout autour. Bien sûr, la plupart d’entre elles étaient de faux accessoires et on lui a demandé d’en piétiner une. Ils auraient dû être écrasés, mais elle a marché et s’est rendu compte que tous ceux qui étaient derrière les caméras la regardaient, choqués. Elle a baissé les yeux et a réalisé qu’elle avait marché sur la tête d’un des quelques figurants.

• Toutes les actrices jouant les sœurs Bennet ont fait leurs propres cascades pour le film. Elles se sont entrainées jusqu’à cinq fois par semaine au combat et à la boxe.

• Plusieurs des jeunes membres de la distribution n’avaient aucune expérience de la comédie et se tournaient souvent vers leur co-star Sally Phillips, qui est une vétérante dans ce domaine, pour obtenir des conseils sur la façon d’améliorer leur timing comique et leur prestation.



Titre : Orgueil et Préjugés et Zombies / Pride and Prejudice and Zombies
Année : 2016
Durée : 1h48
Origine : U.S.A / Angleterre
Genre : Zombies or not zombies ?
Réalisateur : Burr Steers
Scénario : Burr Steers, Jane Austen, Seth Grahame-Smith

Acteurs : : Lily James, Sam Riley, Jack Huston, Bella Heathcote, Ellie Bamber, Millie Brady, Suki Waterhouse, Douglas Booth, Charles Dance, Lena Headey

 Orgueil et préjugés et zombies (2016) on IMDb


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Auteur : Iris

Aime tout ce qui de près ou de loin fait appel à tout sauf au réalisme, fan de SF, tombée petite dans l’Heroïc Fantasy, amatrice de grandes sagas impliquant Elfes, nains et autres trolls, fan de vampirades en tous genres ou de délires Lycanthropiques. Peut se satisfaire de l’esthétique et relativement bon public dès lors que cela ne concerne pas les requins à trois têtes ou la nouvelle vague. Impressionnable en cas de scènes de torture ou d’esprit malfaisant, a parfois besoin de décompresser devant un gros blockbuster décérébrant.
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