Les apprentis kung-fu de l’école Oolong Courtyard se méfient lorsque deux étrangers tentent de rejoindre la prestigieuse académie, d’autant plus qu’ils ont des comportements étranges. Ce qu’ils ignorent, c’est que ces deux personnes sont en fait là pour récupérer une pierre sacrée qui aurait des propriétés médicinales fantastiques.
Avis de Cherycok :
Les amateurs de cinéma de Hong Kong connaissent sans doute Kevin Chu, a.k.a. Chu Yen-Ping. A Book of Heroes (1986), Island of Fire (1990), Requital (1992), Hunting List (1994) ou encore Flying Daggers (1993), c’est lui. Et il y a une saga pour laquelle il est également connu, qui met en scène Ng Man-Tat et des enfants dans une école martiale, c’est Shaolin Popey dont les deux opus sont sortis en 1994. Eh bien figurez-vous qu’il tourne encore puisqu’en 2018, on le retrouve à la barre du film chinois Oolong Courtyard : Kung Fu School. Qu’est-ce que c’est que ce film ? Et bien c’est simple, il pourrait être considéré comme un Shaolin Popey qui aurait croisé la route de Crazy Kung fu. Oui, voilà, un Shaolin Popey 3 25 ans après en quelques sortes. Alors, c’est bien ? On va dire que c’est euh… sympathique.
Dès la toute première scène, on sait qu’on va être dans une grosse bouffonnade avec un penchant pour l’humour gras et/ou bon enfant et, très rapidement, on constate que Chu Yen-Ping n’a pas changé de discours. Pour ceux qui ne connaissent pas son penchant pour l’humour débile, cela signifie qu’on va avoir droit à un mélange de gags peaux de banane, de gags à base de pets, du non sensique parfois bien crétin. La comédie, qui occupe une grosse majorité du film, est à double tranchant dans le sens où, autant cela nous arrive de prendre des fous rires devant les pitreries des acteurs, autant on est parfois un peu dépité lorsqu’on essaie de nous faire rire avec une odeur nauséabonde de pied. Si on prend Oolong Courtyard dans son ensemble, force est de constater qu’on passe malgré tout une bonne partie du film à sourire signe que, malgré quelques gags vraiment bas du front et simplement ratés, le film se montre suffisamment amusant pour ne pas nous irriter. On suit donc deux escrocs maladroits, interprétés par Wang Ning et Kong Lian-Shun qui semblent vouloir reproduire le duo Stephen Chow / Lam Tze-Chung dans Crazy Kung Fu, qui se tapent l’incruste dans une école de kung fu pour y dérober une pierre « magique » afin de la ramener à un chef mafieux du coin qui souffre d’un souci de santé. Quel plaisir de revoir Ng Man-tat, certes vieillissant, dans un rôle bien fêlé de vieux moine accro aux nouvelles technologies, passant son temps avec sa perche à selfie. Un rôle bien barré qui sera un de ses derniers puisqu’il nous a quitté en février 2021 des suites d’un cancer du foie. Quel plaisir également de voir Eric Tsang, certes dans un rôle mineur, en méchant improbable qui fait des réactions de peau quand il touche des femmes. Et puis on retrouve au casting Hao Shao-Wen, un nom qui ne vous dira sans doute rien, mais il était déjà présent 25 ans avant dans les 2 opus de Shaolin Popey. En quelques sortes, la boucle est bouclée ?
Oolong Courtyard conserve en gros la configuration des personnages des films « originaux » mais nous propose une nouvelle histoire. Il en conserve également les ingrédients, à savoir une grosse partie comédie, un peu de drame et un peu d’action, le tout avec des bons sentiments lorsque le film aborde le thème de la famille, de l’absence des parents. Oolong Courtyard va tendre même vers le mélo, mais s’en écarte très vite pour arriver sur un bon gros happy end des familles, même pour le méchant car Oolong Courtyard est avant tout un film familial. Chu Yen-Ping voulait faire un film qui pourrait être regardé par des enfants de 7 à 77 ans, et il va tout mettre en œuvre pour. C’est amusant à regarder, surtout si vous pouvez apprécier le retour en arrière personnel qu’il opère ici (il n’y a qu’à voir le flashback tiré d’un de ses anciens films). La mise en scène est énergique et la photographie soignée. Le rythme est solide mais malheureusement, on aurait aimé avoir droit à un ou deux combats. Il y a bien la démonstration impressionnante du tout jeune mini Bruce Lee, le japonais Ryussei Imai qui fait ici ses débuts au cinéma. Mais malheureusement, aucun combat complètement fou et frénétique, dont il avait le secret dans les années 80/90, alors que l’une des thématiques du film (l’apprentissage des arts martiaux dans un temple) s’y serait prêté allègrement. On regrettera également le côté un peu trop propagande du gouvernement chinois en début de film, avec des japonais qui sont décrits de manière assez raciste, et où Taïwan est décrit comme « Taïwan, Chine ». Mais ça, on a l’impression que les réalisateurs HK et Taïwanais n’ont guère le choix et que c’est une étape par laquelle ils doivent passer s’ils veulent tourner en Chine Continentale…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Ng Man-Tat dans un de ses derniers rôles ♥ Bien rythmé ♥ Certains gags très réussis… ♥ Des CGI très corrects |
⊗ Manque de combats ⊗ Un scénario lambda ⊗ … d’autres qui tombent à plat |
Oolong Courtyard est une comédie, matinée de kung fu, amusante et familiale qui rappellera des souvenirs aux amateurs de ciné HK de la belle époque puisqu’elle pourrait être qualifiée de Shaolin Popey 3. Pas transcendant mais néanmoins divertissant. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Chu Yen-Ping rend hommage au Shaolin Soccer de Stephen Chow, avec Ng Man-Tat, le temps d’une scène où un des personnages lance un ballon de foot tellement puissamment dans un mur que ce dernier s’effondre.
• Il s’agit de la dernière réalisation en date de Chu Yen-Ping
Titre : Oolong Courtyard / Oolong Courtyard : Kung Fu School
Année : 2018
Durée : 1h43
Origine : Chine
Genre : Suite 25 ans après
Réalisateur : Chu Yen-Ping
Scénario : Zhang Yao-Sheng, Zhu Ling-Feng, Niu Xin-Wei
Acteurs : Wang Ning, Kong Lian-Shun, Wang Zhi, Ng Man-Tat, Liang Chao, Hao Shao-Wen, Eric Tsang, Zhang Zi-Dong, Li Xin-Rui, Zhang Jun-Hao, Takashi Imai