Un genre brésilien des arts martiaux, combiné avec la musique, est l’outil d’un homme qui essaie d’épurer sa ville natale.
Avis de John Roch :
La capoeira, c’est cool et à regarder, c’est franchement classe. Samuel Hadida lui, il a été si impressionné lors d’un festival d’art martiaux qu’il s’est dit que ça pourrait rapporter du pognon, alors pourquoi pas en faire un film ? Et ça, on peut appeler ça un investissement intelligent. Only The Strong, c’est bien, c’est le début des années 90, c’est les looks improbables, c’est les scripts neuneus, c’est l’émergence des nouvelles stars des films d’action qui allaient alors envahir nos vidéos clubs. C’est l‘époque des films de kickboxing et Only The Strong, c’est le haut du panier. Ne serait-ce déjà que pour la mise en valeur de la capoeira, ça changeait de ce qu’on avait l’habitude de voir. Et puis, c’est le premier grand rôle de Mark Dacascos, dont on ne dit jamais assez qu’il est un artiste martial accompli, pratiquant de plusieurs disciplines dont la capoeira. D’exposer l’art martial Brésilien, c’est une bonne idée, seulement, il a fallu bâtir une histoire autour de ça. Au risque de me répéter, c’est le début des années 90, l’époque des scripts neuneus mais aussi des films de ghetto, ceux avec des lycées où règne la violence et où les élèves sont voués à l’échec et à l’appel de la street, Gangsta’s Paradise, Coolio tout ça. Mark Dacascos revient chez lui après avoir passé un peu de temps au soleil et retrouve son ancien lycée en piteux état. Pour régler la question de la drogue, de la violence, des gangs et tout les autres problèmes de la société, il créé un cours spécial pour enseigner la capoeira à des jeunes à problèmes, ce qui vous vous en doutez va sauver leurs destins dans un festival de gnan gnan.
En fait, Only The Strong, c’est le Sister Act 2 de la capoeira. Si si, remplacez Whoopy Goldberg par Mark Dacascos, et vous avez le même film, le contraire est également vrai, mais je m’égare. Mark Dacascos va donc enseigner la capoeira à une bande de jeunes à problèmes du genre Classe Mannequin sur le son béni qu’est Banana we Bananana. Car Only The Strong, c’est avant tout le film d’une chanson : la cultissime Banana we Bananana, Paranauê de son vrai nom. Et vous avez intérêt à l’aimer parce qu’elle est déclinée à toutes les sauces, de la dance au hip-hop, manquait plus qu’un CD 2 titres, une chorégraphie de deux pas de danses et demie par Mia Frye et on était bon pour le tube de l’été 1993. Mais revenons à notre scénario: on a bien évidement les clichés qui vont bien : celui qui va faire le premier pas, celui qui se fait taper par plus grand que lui et qui va donc apprendre à se battre, ceux qui ne sont pas écrits qui vont automatiquement suivre le mouvement et celui qui est réfractaire car il porte un lourd secret. Et celui-la, il vaut le coup : son oncle est le chef d’un gang surpuissant et qui comme par hasard est lui aussi pratiquant de capoeira, que le monde est bien fait. Only The Strong, c’est un film de kickboxing du type rise and fall, vous voyez le genre où le gentil se fait déboîter par le méchant et revient à la fin plus fort et le défonce. Et il se fait rétamer Mark Dacascos, mais il garde la tête haute et continue de former ses élèves et il en profite pour emballer son amie d’enfance. Mais trop c’est trop et Mark Dacascos les gamins, il en a plus rien à foutre et déclare une guerre des gangs à lui tout seul et se faire une petite armée de gueules et de look so 90’s. Le script de Only de Strong, il est parfois neuneu et rempli de répliques qui font frissonner et quant au coté social, il n’est jamais crédible et disparaît presque complètement au bout d’une heure. Et comment ne pas recommander une VF qui en rajoute une couche, dans laquelle Mark Dacascos est doublé par Pascal Legitimus (oui, c’est une très bonne question), le reste du doublage vaut également le détour. Mais Only The Strong, c’est aussi un film de baston, et la promesse est tenue.
Ce n’est pas parfait, et comme c’était déjà le cas avec Van Damme, Sheldon Lettich galère parfois à mettre réellement en valeur la capoeira. Les coups étant filmés la plupart du temps de dos (faut bien faire illusion quand on donne des faux coup), on voit des jambes qui se lèvent mais pas vraiment le mouvement. Ça manque de plans larges, mais il faut reconnaître que le métrage réserve son lot de plans assez classes et de bastons plutôt cool, notamment dans une dernière demi heure blindée de combats plus que recommandables, celui dans le garage et le final, où Mark Dacascos est sauvé par la puissance du Banana we Bananana, en tête. Mark Dacascos justement, si au départ on pourrait emmètre quelques réserves avec son torse huilé et sa bonne trogne de mannequin, il s’avère être un excellent kickeur, le jeu d’acteur n’est pas mauvais et on sent l’investissement physique. Face à lui, l’artiste martial et acteur à ses heures perdues Paco Christian Prieto en impose en méchant et leurs duels n’en sont que plus forts et quand la mise en scène suit, les cabrioles et les mouvements de capoeira sont franchement agréables à regarder, et Marc Dacascos fait si bien la toupie qu’il est impossible de ne pas recommander ce film de kickboxing avec de la capoeira. C’est rythmé, il y a beaucoup d’action, c’est parfois assez con donc c’est bon, et globalement c’est pas si mal foutu que ça, bien que la mise en scène des combats laisse parfois à désirer.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Banana we, Banana We Bananana ♥ La capoeira, c’est cool ♥ Marc Dacascos ♥ Paco Christian Prieto, et le reste du casting ♥ Plein de Bastons ♥ Des plans qui ont la classe ♥ C’est parfois rigolo ♥ La dernière demi heure ♥ La VF |
⊗ C’est quand même très con ⊗ La mise en scène des combats est parfois bancale |
Only The Strong coche toutes les bonnes cases du film de baston Américain du début des années 90. C’est rythmé, il y a beaucoup de bastons, c’est parfois assez con donc c’est bon, globalement c’est pas si mal foutu que ça, bien que la mise en scène des combats laisse parfois à désirer. Et puis la capoeira, c’est cool. |
Titre : Only the Strong
Année : 1993
Durée : 1h39
Origine : USA
Genre : Banana we, Banana We Bananana
Réalisateur : Sheldon Lettich
Scénario : Sheldon Lettich et Luis Esteban
Acteurs : Marc Dacascos, Stacey Travis, Geoffrey Lewis, Paco Christian Prieto, Todd Susman, Jeffrey Anderson-Gunter, Richard Coca, Pascal Legitimus