En vacances dans les tropiques, une famille s’arrête pour quelques heures sur un atoll isolé où ils découvrent avec effroi que leur vieillissement y est drastiquement accéléré et que leur vie entière va se retrouver réduite à cette ultime journée.
Avis de Rick :
Comme à chacun de ses métrages, Old a divisé. M. Night Shyamalan, qui fut un temps considéré comme le nouveau golden boy d’Hollywood (il y a 20 ans, après un seul film), a en effet bien du mal à convaincre l’ensemble du public, et ce depuis son troisième métrage en réalité, Signes, même si ça allait encore honnêtement, car le pire était à venir. C’est avec Le Village que le public commença à se poser des questions, que l’on se demandait en toute logique si finalement, le début de sa carrière n’était pas un coup de bol. De mon côté, à l’exception d’Incassable et Split, je dois bien avouer que je ne suis pas un fan de Shyamalan, et même que certains films dans sa carrière sont purement des nanars, notamment The Visit, premier film du réalisateur pour la boite Blumhouse, qui justement, fut à l’origine du regain d’intérêt du public grâce à Split juste après. Malheureusement, je ne vais pas épiloguer pendant 3 heures, Old, ça se rapproche bien plus de The Visit que de Split. En fait, en soit, on pourrait même dire que c’est une extension du film, tant on y retrouve quelques défauts en communs (notamment une écriture assez calamiteuse et des dialogues trop perchés pour être sérieux), et même quelques petits nouveaux défauts, comme une mise en scène qui tente presque de faire dans l’expérimental parfois, mais qui donne surtout des plans qui nous font lever un sourcil, pendant que l’on se demande la signification de ce que l’on vient de voir. Old pourtant, ça part d’un concept en or (une plage où le vieillissement est accéléré), ça adapte un roman graphique Suisse (donc, Shyamalan a une base), et la pochette est cool, car il faut bien avouer qu’une jolie pochette attire tout de suite les regards. Le mien en tout cas. Mais il ne faut pas plus de quelques minutes pour qu’Old s’écroule, tel un château de cartes sur une plage. Ça tombe bien, puisqu’une des seules qualités du métrage, ce sera sa plage, paradisiaque, avec son eau bien claire, ses rochers à l’allure inquiétante tout autour. Bref, on a envie de se baigner, alors que je ne sais pas nager !
Plusieurs familles en vacances sur une île paradisiaque se rendent sur une plage isolée de tout, où il faut traverser un étroit passage parmi les rochers cités plus hauts pour s’y rendre, afin de profiter un peu. Des familles, des vieux, des jeunes, des riches, un docteur. Bon c’est varié tout ça, et on a quelques têtes connues. Mais rapidement, quelque chose cloche, lorsqu’un des enfants trouve le cadavre d’une femme dans l’eau, et qu’alors qu’ils tentent de fuir, deux des vacanciers s’évanouissent, surnaturellement, et se rendent compte que personne ne peut quitter cette plage, et que le vieillissement est accéléré sur cette plage. En gros, on prend 3 ans dans la gueule en 30 minutes. Donc 6 ans par heure. Enfin, c’est ce que les dialogues nous disent, car à l’écran, ça dépend des besoins du scénario. En soit, ce souci n’est pas nouveau au cinéma, le temps ne s’écoule jamais de manière fluide (sauf dans quelques films concepts). Mais bon, voilà pour le pitch de base. Le souci, c’est que Old semble ne pas savoir trop quoi faire de tout ça, et se plante sur des détails bien importants. Notamment les péripéties, le rythme, les dialogues, le jeu des acteurs, et la mise en scène. Les acteurs, commençons par eux tant il n’y a pas grand-chose à dire. Ils semblent peu concernés, la palme revenant à Gael Garcia Bernal qui a le regard mort durant tout le film. Les autres sont soit en surjeu, soit ils s’en foutent. Sauf Alex Wolff, que l’on a tous découvert dans Hereditary, et qui a l’air d’y croire à fond. Il est bien le seul. La mise en scène, Shyamalan tente des choses. Une caméra toujours en mouvement ou presque, avec des travellings dans tous les sens, latéraux, avant, arrière, sans doute pour symboliser le temps qui s’écoule constamment rapidement sur cette plage. L’idée est louable. C’est dommage qu’entre deux travellings ou deux plans sur cette plage, Shyamalan tente d’expérimenter, et que, ben, ça fait lever un sourcil. Pour preuve, ce fameux plan lors d’un dialogue, où 80% de l’écran est flou, et que la mise au point est faite sur une oreille à l’extrême gauche de l’écran, dont les cheveux bougeant au vent la camoufle parfois. Pourquoi ? Oui, il y a une raison révélée plus tard, mais c’est maladroit et surtout très moche à l’écran, en plus de ne pas forcément bien aller avec le plan précédent, et le suivant.
Bon et donc, ce scénario et ces dialogues ? J’ai gardé le meilleur (donc le pire) pour la fin. Je ne parlerais pas de son twist final (en fait, il y en a même deux), tant je les avais tous les deux vu venir longtemps avant et qu’ils sont ridicules. Mais par contre, le scénario, niveau rebondissements et tout… ben bon dieu que c’était chiant. C’est soporifique au possible, et c’est clairement dommage, car les différents éléments du scénario, ainsi que les dialogues, là c’est du nanar avec un grand N. Les exemples sont nombreux, très nombreux. Mais on sent dés le début que quelque chose cloche quand un personnage sort naturellement un « Mes pensées ont plus de couleurs aujourd’hui comparé à hier »… Alors je ne sais pas si le doublage Français a changé tout ça, ou si les sous titres le font aussi, mais le dialogue original en VO, ouah, on hallucine. Et c’est comme ça tout le long. On a le docteur qui pète un câble et demande tout le long du film dans quel film jouent Nicholson et Brando (oui, on a envie de la baffer à force, et on rigole fort la première fois qu’il demande). Et puis on a ces scènes qui sortent de nul part et qui font halluciner, comme cette opération chirurgicale sur la plage avec un simple canif (docteur ou pas, perso, sans matos, je ne fais rien, c’est un coup à ce que la patiente crève des séquelles de l’opération) pour retirer une tumeur, je cite, « de la taille d’une balle de golf », mais que quand les personnages la retire, on dirait un putain de ballon de foot ! Et quand le film a de bonnes idées, il ne sait pas quoi en faire, suivant mollement son petit bonhomme de chemin, jusqu’à son final convenu et prévisible, où Shyamalan ne peut s’empêcher de venir faire sa petite apparition pour une ou deux minutes. Old, ça aurait pu être un nanar très rigolo, il l’est par instant, mais le souci, c’est qu’il a l’effet d’un somnifère. Du coup, c’est juste un mauvais film de plus pour Shyamalan. Peut-être que certains y verront du génie incompris, et tant mieux pour eux s’ils apprécient j’ai envie de dire. Il en faut pour tous les goûts, et une part de l’art sera toujours subjective (et l’autre objective), mais pour moi, c’est une des catastrophes de 2021.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Il y a souvent matière à rire un bon coup ♥ La pochette est cool ♥ Le décor est joli |
⊗ Le rythme mou ⊗ Les dialogues souvent risibles ⊗ Des situations WTF ⊗ Le final raté, prévisible ⊗ Les acteurs souvent peu concernés |
Old avait un bon concept, quelques bonnes cartes en main, un bon décor. Mais rien ne fonctionne, les péripéties sont surréalistes, les dialogues parfois crétins, les acteurs peu concernés, le rythme leeeeeeeeeent, le final convenu, et on quitte la séance le regard interrogateur face à ce que l’on a vu. |
Titre : Old
Année : 2021
Durée : 1h48
Origine : Etats Unis
Genre : Suspense
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan
Acteurs : Gael Garcia Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Alex Wolff, Thomasin McKenzie, Abbey Lee, Nikki Amuka-Bird, Ken Leung et Eliza Scanten
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