[Film] Octopussy, de John Glen (1983)

Après avoir détruit un nouveau prototype d’arme à Cuba, 007 retourne à Londres pour se voir confier une nouvelle mission. Suite aux conclusions de l’expert en œuvre d’arts des services secrets, Bond doit trouver un faussaire qui a fabriqué un faux œuf de Fabergé. À Sotheby’s, Bond malmène, à coup d’enchères démesurées, un certain Kamal Khan, qui tente de racheter l’œuf de Fabergé. Il le traque jusque en Inde et en Allemagne de l’est pour découvrir son contact russe, le général Orlov, qui planifie une invasion soviétique sur toute l’Europe.


Avis de Rick :
John Glen, ex monteur et réalisateur de seconde équipe sur de nombreux métrages de la saga, était passé réalisateur avec le film précédent, Rien que Pour Vos Yeux, et c’était une bonne chose. Il avait redonné du sérieux à la saga, et lui avait également redonné un petit souffle épique bien loin de l’aspect ridicule des œuvres précédentes, notamment Moonraker. Le savoir encore à la barre sur Octopussy me donnait envie. C’est donc parti pour James Bond, épisode 13. Octopussy aurait du d’ailleurs avoir un visage bien différent, puisqu’en effet, le contrat de Roger Moore n’était au départ que pour 3 films : Vivre et Laisser Mourir, L’homme au Pistolet d’or et L’espion qui m’Aimait. Il revint finalement pour Moonraker et Rien que Pour Vos Yeux, mais il n’est plus lié par contrat. Albert R. Broccoli, seul producteur à bord depuis le départ de son collègue après L’homme au Pistolet d’or, compte changer d’acteur. Et il faut dire que Roger Moore se fait vieux, et cela était surtout flagrant depuis Moonraker. En cette année 1983, l’acteur allait avoir 56 ans. Un peu vieux pour jouer l’agent secret qui fait des cascades de fou et saute partout en draguant tout ce qui bouge. Sauf que quelque chose vient chambouler la production. Kevin McClory compte bien lancer son remake de Opération Tonnerre cette même année, soutenu par la Warner Bros. Et pire que tout, il parvient à amener à bord quelques grands noms : Irvin Kershner à la mise en scène déjà, qui sort juste de l’Empire Contre Attaque, et surtout le retour de Sean Connery, 52 ans, qui reprend donc le rôle de James Bond qu’il avait officiellement tenu durant 6 films et qui reste pour beaucoup le vrai James Bond.

Les producteurs décident alors de ne pas prendre le risque d’embaucher un nouvel acteur, surtout s’il ne plait pas encore au public, et jouent la sécurité. Il faut lancer Octopussy, il faut frapper fort, et il faut garder Roger Moore, visage connu maintenant dans la saga, après déjà 5 films. Lors de la sortie du film, un carton au box office, qui sauvera la saga puisque le métrage remportera plus que Jamais Plus jamais, le James Bond non officiel. Voilà, le cours d’histoire est terminé, nous pouvons parler d’Octopussy. Un film qui partait avec de bonnes bases. Roger Moore et son humour, Maud Adams en James Bond Girl (elle tenait déjà un rôle secondaire dans L’homme au Pistolet d’or), un réalisateur qui semble vouloir imposer sa vision, trois scénaristes, des paysages exotiques, des cascades de folies et de l’action. Comment les choses auraient pu mal tourner ? Et bien malgré tout ça, Octopussy n’est pas bon. J’ai même envie de dire qu’il s’agît du pire Roger Moore aux côtés de Moonraker. Moonraker était mauvais car ridicule, mais divertissant. Octopussy, c’est l’inverse, c’est bien filmé, ça se veut sérieux, il y a des idées, mais la sauce ne prend pas et pendant deux heures, on se retrouve devant un film pas forcément intéressant. Pourtant, la scène d’ouverture, bien qu’over the top avec James Bond pilotant un petit avion et échappant à un missile et toute une armée de militaires, fonctionne bien et nous donne ce que l’on veut. Mais passé cette scène et la sympathique chanson de générique, la sauce ne prend vraiment plus. En réalité, il semble y avoir un décalage constant entre les intentions du réalisateur et la direction que la saga a prise depuis l’arrivée de Roger Moore.

À savoir donc un gros décalage entre une mise en scène et des idées qui se veulent plus sombres et violentes, et la mise en application qui se veut toujours aussi légère, avec des gags souvent présents. Le film a clairement le cul entre deux chaises ici, là où les précédentes œuvres parvenaient soit à trouver un (délicat et fragile) équilibre, soit accueillez à bras ouverts le ton ridicule. Du coup ici, on se retrouve devant un énième Russe pas content qui veut déclencher une guerre en déclenchant une bombe atomique, et seul notre brave James pourra l’arrêter. Mais le rythme est souvent laborieux, les gags toujours bien présents ne font pas mouche, le scénario ne propose rien que nous n’avons pas déjà vu auparavant, les enjeux sont même par moments assez flous et mal définis. Quand à Roger Moore et son grand âge, il n’est définitivement plus crédible du tout, et on a l’impression qu’il faut souvent le doubler pour un oui ou pour un non. Il sourit, fait parfois le clown (dans tous les sens du terme, comme le prouve cette scène où il désamorce une bombe déguisé en clown…) et puis c’est tout. Et c’est dommage. Dommage oui car quelques scènes fonctionnent, John Glen fait ce qu’il peut à la mise en scène et délivre même de bonnes choses, mais non. Il est temps pour Moore de prendre sa retraite là, définitivement.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène de John Glen
♥ Quelques bonnes scènes
⊗ Pas franchement intéressant
⊗ Rien de bien neuf
⊗ Roger Moore, trop vieux pour ces conneries
note8
Si John Glen avait relevé le niveau avec l’opus précédent, il revient là mais tous ces efforts ne fonctionnent pas. Roger Moore est trop vieux pour être cet agent secret là, et la formule ne se renouvelle pas assez pour rendre le métrage intéressant.



Titre : Octopussy

Année : 1983
Durée :
2h11
Origine :
Angleterre / U.S.A.
Genre :
Action
Réalisation : 
John Glen
Scénario : 
George MacDonald Fraser, Richard Maibaum et Michael G. Wilson
Avec :
Roger Moore, Maud Adams, Louis Jourdan, Kristina Wayborn, Kabir Bedi, Steven Berkoff, Desmond llewelyn et Lois Maxwell

 Octopussy (1983) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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