[Film] Nosferatu, de Robert Eggers (2024)

Durant l’hiver 1838, Ellen vit dans la ville de Wisborg, en Allemagne, avec son mari Thomas Hutter, un clerc de notaire. Dans l’espoir d’obtenir une bonne place chez son employeur Knock, Thomas accepte de se rendre dans les montagnes des Carpates pour aller rencontrer le comte Orlok, reclus et excentrique. Le jeune homme doit lui vendre le Schloss Grünewald, une maison seigneuriale décrépite de la ville. À l’insu de Thomas, Knock a arrangé cela dans le cadre d’un pacte occulte avec Orlok.


Avis de Rick :
Refaire Nosferatu en 2024, était-ce pertinent ? Non, car Nosferatu, à la base, c’est le film de Murnau de 1922, adaptation non-officielle du roman Dracula, d’où des noms de personnages différents, film qui fut d’ailleurs presque détruit après que la veuve de Bram Stoker n’ai trainé le film et Murnau devant les tribunaux. Mais le film a survécu, et Nosferatu, c’est également le grand film de Herzog en 1979. Mais oui, Nosferatu, c’est surtout une adaptation non-officielle de Dracula. Et Dracula, des adaptations, on en a bouffé, entre le Dracula de 1931, les versions par la Hammer, le Coppola en 1992. Bref, l’histoire, on la connait, et vouloir refaire Nosferatu, c’est autant une évidence qu’un piège. Et avec Robert Eggers au scénario et derrière la caméra, le doute n’est pas permis, ceux qui aiment son cinéma seront aux anges, tandis que les autres auront envie de se crever les yeux et ce malgré la beauté plastique de son œuvre. Mais dans le fond, Nosferatu par Eggers, c’est presque une évidence, vu que le monsieur ne fait que des films d’époque depuis ses débuts en 2015, et qu’il a un style visuel, que l’on adhère ou pas, parfaitement identifiable, et donc, un style visuel fort. Il fallait bien ça, dans le fond, pour donner de la pertinence à un nouveau remake, à une nouvelle variation de cette histoire un brin trop connue. Et ayant aimé chacun de ses précédents films, de The Witch à The Northman en passant par The Lighthouse, vous vous doutez bien de quel côté je me place ! Sans pour autant être conquis à 100%, car il faut avouer qu’avec Nosferatu, Eggers passe déjà après deux grandes œuvres visuellement impressionnantes, déjà, et qu’en plus, parfois, il semble vouloir emprunter quelques idées au Dracula de Coppola. Que je dois revoir d’ailleurs, cela fait bien 15 ans, voire 20 ans que je n’ai pas posé mes yeux dessus. Mais pour moi, Eggers réussit en tout cas son pari.

Déjà car il accepte les influences de ses ainés. Avec ses jeux d’ombres et ses silhouettes, il rend clairement hommage à Murnau. De par certains décors, c’est vers Herzog qu’il faut se tourner. Quand au personnage féminin clé, autrefois tenu par Adjani, Lily-Rose Depp semble s’être tournée pour le coup vers Zulawski et en particulier Possession, génial film… avec Adjani tiens. Pour le reste, on trouve du Dracula de Coppola, et bien entendu, le patte artistique millimétrée d’Eggers dans la mise en scène, qui dès l’ouverture, en met plein les yeux. C’est simple, la plupart des plans sont des tableaux qui sont là pour flatter la rétine. Par contre, contrairement à ses prédécesseurs, Eggers fait, à mon sens, un choix audacieux, bien que pouvant diviser là aussi, à savoir de raconter cette intrigue un peu trop connue sous le prisme d’Ellen, Lily-Rose Depp donc. Le film s’ouvre sur elle, son importance est bien plus grande, et son lien avec le vampire, le comte Orlok, trouve une nouvelle signification. Pour le reste, Eggers place quelques acteurs que l’on apprécie (enfin, moi en tout cas) pour les rôles importants, comme Nicholas Hoult pour Thomas, qui va voyager jusqu’en Roumanie pour faire signer le fameux contrat au comte, ou Aaron Taylor-Johnson dans le rôle de son meilleur ami. Amusant, vu que Hoult jouait l’année précédente dans Renfield, où Dracula était, là, joué par Nicolas Cage. Mais le ton entre les deux films sont opposés, évidemment, chez Eggers, tout est premier degré. Willem Dafoe, qui apparaît pour la troisième fois chez Eggers, semble lui venir directement des autres films du metteur en scène d’ailleurs. Et en parlant de ça, il y a ce passage, en début de film, dans une auberge Roumaine, où Thomas est témoin de quelques cultes qui rappellent, dans leur ambiance, un certain The Witch.

Bref, des choix qui me plaisent, un visuel comme toujours léché, trop pour certains, un bon casting, avec une Lily-Rose Depp qui, sans être parfaite, m’aura agréablement surpris, vu que le seul souvenir que j’avais d’elle venait de l’abominable Yoga Hosers de Kevin Smith… Qu’est ce qui coince donc ? Bill Skarsgård, après avoir joué les clowns tueurs dans l’adaptation de Stephen King, et d’être à l’affiche d’un paquet de films récemment, se retrouve à jouer le comte Orlok. Et il est bon, surtout que son design, que le film heureusement ne nous montre pas constamment, ni tout de suite, ose des choses et s’éloigne donc des performances de Max Schreck et de Klaus Kinski. Parfait. Mais j’admet préférer les anciennes versions à titre personnel. Ici, il est bon, il est imposant, violent, mais il manque un petit quelque chose. Mais le vrai souci, c’est que, surtout dans sa seconde partie, Nosferatu se fait un peu plus lourd dans son propos et dans sa manière de nous le raconter. Petit détail, accentué ceci dit par la durée du film, puisque Nosferatu version 2024 est la version la plus longue de l’histoire avec 2h12 au compteur. Ça se ressent surtout dans le dernier tiers, où le spectateur lui avait bien compris tout, mais que le personnage de Willem Dafoe va tout de même nous expliquer la marche à suivre pour la nuit à venir, histoire d’être sûr que l’on ne soit pas paumé. De même, si le film est visuellement somptueux, et qu’il n’y a, en soit, pas un seul plan à jeter, comme toujours avec Eggers, j’aurais trouvé l’ambiance moins terrifiante que chez Murnau, et moins romantique que chez Herzog et Coppola. Il manque sans doute ce petit quelque chose. Mais quoi qu’il en soit, on peut tout de même s’estimer heureux qu’un tel projet arrive entre les mains d’Eggers, qui a un style, plutôt que d’un yes man à Hollywood, des frères Russo, ou qui sais-je d’autre. Imparfait, inférieur aux précédents, mais intéressant et malgré tout très bon.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement à tomber
♥ Un grand casting
♥ Des choix intéressants, dans le texte et le visuel
♥ Le lien entre Orlok et Ellen
⊗ Mais parfois trop timide envers ses prédécesseurs
⊗ Quelques longueurs
note2
Avec Nosferatu, Eggers signe un autre film qui m’aura énormément plu, par son visuel, ses choix, mais qui, malgré tout, n’atteint pas la maestria des œuvres de Murnau, d’Herzog ou de Coppola. Mais il est vrai que la barre était très haute.


Titre : Nosferatu
Année : 2024
Durée :
2h12
Origine :
Etats Unis
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Robert Eggers
Scénario :
Robert Eggers
Avec :
Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Bill Skarsgård, Aaron Taylor-Johnson, Willem Dafoe, Emma Corrin, Ralph Ineson et Simon McBurney
Nosferatu (2024) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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