[Film] Nico, de Andrew Davis (1988)


Nico Toscani est un ancien de la CIA qui s’est révolté contre certaines collaborations de ses employeurs avec la mafia ; dans la police de Chicago, il est une forte tête, et n’obéit pas toujours quand les fédéraux se réservent une affaire… Va-t-il échapper au pouvoir des mafieux qu’il dérange alors qu’ils se croient au-dessus de la loi ?


Avis de Cherycok :
Continuons d’explorer les débuts de Steven Seagal, acteur auquel je n’avais porté aucune attention jusqu’il y a quelques mois, n’ayant que peu d’atomes crochus avec l’aïkido dont il se revendique être un maitre. Après Justice Sauvage, qui m’avait bien diverti, let’s go for Above The Law, sorti chez nous sous le titre Nico, son premier film qui au fil des années a acquis un statut de film culte auprès des amateurs de films d’action des années 80/90. Le résultat est une série B pas très intellectuelle, mais réellement fun à voir, un classique du cinéma de Steven Seagal qui est clairement une bonne porte d’entrée pour qui a envie de s’intéresser au bonhomme sans se taper les immondes bouses qu’il a semble-t-il fait à partir des années 2000. Oui, au même titre que Justice Sauvage, et je n’ai même pas honte de le dire, j’ai aimé Nico, alors je vais vous en parler.

Bien qu’il soit une réussite assez timide en salles, le film ayant rapporté 18M à travers le monde pour un budget de 7.5, Nico a par contre eu un succès retentissant en vidéoclubs, au point que, suite à sa sortie, l’aïkido a explosé dans le monde entier. Co-produit et également co-écrit par Steven Seagal qui y développe certains évènements autobiographiques, ce dernier signe également toutes les chorégraphies comportant des mouvements d’aïkido. Autant dire que le bougre s’est investi du mieux qu’il a pu. Selon la légende, le scénario du film aurait fait partie d’une pile de scripts que Warner avait gardés pour Clint Eastwood. Mais après que Chuck Norris ait refusé d’incarner le rôle principal (car la Cannon n’a pas voulu qu’il lâche son contrat juste pour ce film), c’est Steven Seagal qui s’est retrouvé à incarner Nico sous la houlette de Andrew Davis après que ce dernier se soit fait licencier pendant la préproduction du film The Running Man (1987) avec Arnold Schwarzenegger. Quoi qu’il en soit, le réalisateur de Sale Temps pour un Flic, Piège en Haute Mer, Le Fugitif ou encore Meurtre Parfait, un gars chevronné habitué de la série B de luxe, a donné à Seagal un premier rôle marquant qui fit immédiatement décoller sa carrière en tant que nouveau spécialiste du cinéma d’action made in Hollywood à une époque où Charles Bronson et autres Chuck Norris étaient clairement sur le déclin et où Jean-Claude Van Damme ne s’était pas encore imposé comme le maitre des vidéoclubs. Comme on peut l’attendre de lui, Steven Seagal incarne le rôle d’un gros bourrin qui pète des bras, défonce des nez, projette des sbires sur des tables ou à travers des fenêtres. Il utilise des méthodes expéditives et/ou peu conventionnelles, écrasant la tête des dealers dans leur cocaïne, mettant des téléphones sur écoute comme bon lui semble, rentrant par effraction dans sourciller et péter des gueules gratuitement. Il est au-dessus des lois comme le titre anglais (Above The Law) nous le fait comprendre. Mais c’est aussi un cascadeur hors pair, sautant sur le toit d’un train en marche, parcourant plusieurs centaines de mètres accroché au toit d’une voiture, roulant avec les deux pneus avant crevés d’une voiture, … Bref, c’est un homme à tout faire, il est trop fort, c’est le meilleur d’entre nous. Et en plus, c’est un bon mari et un père de famille exemplaire. Le genre de héros qu’on voyait tant dans les années 80 qui, aujourd’hui, pourra nous paraitre cliché, mais qu’on est content de retrouver de temps en temps.

Le casting secondaire est de plus intéressants. Bien que la jeune Sharon Stone, encore peu connue, a un rôle un peu trop potiche, Pam Grier est nickel en partenaire à laquelle Seagal tient énormément. Citons également l’effrayant Henry Silva et sa gueule patibulaire, jouant ici un tortionnaire qui aime infliger des tourments sadiques à ses victimes. Le scénario va la jouer lui aussi dans le classique, avec une affaire où flics et CIA sont sur le coup, où les flics se retrouvent bridés par la CIA qui semble cacher des choses. Mais un flic têtu, un peu trop fier et tête brûlée va y aller quand même, se retrouver sur la paille et malgré tout résoudre l’enquête alors qu’il est suspendu. Cliché, oui, mais l’intrigue garde les pieds sur terre, reste réaliste et ne parait jamais artificielle. Il s’en dégage même un sentiment de dureté grâce à la mise en scène d’Andrew Davis qui, bien que ne proposant jamais de coups d’éclat, est parfaitement maitrisée, arrivant à chaque plan, grâce à une photographie réussie, à faire ressortir l’ambiance si particulière de Chicago. Les scènes d’action sont soignées, comme c’était souvent le cas dans le cinéma d’action des années 80, dans la lignée de ce que faisaient Charles Bronson, Chuck Norris et Clint Eastwood quelques années auparavant. Seagal n’étant pas encore l’empoté qu’il a commencé à devenir à partir des années 2000, les combats ont de la gueule et sont parfois bien violents (nez pété, bras coupé au niveau du poignet, balle dans l’œil, membres cassés, …) et ce malgré quelques coupes pour éviter d’être classé R aux États-Unis. Certes, l’aïkido est peut-être moins impressionnant visuellement que le kung fu ou le MMA, mais quand c’est bien mis en scène (et ici c’est le cas), ça a de la gueule. Les 1h39 du film filent à une vitesse folle grâce à son rythme effréné. Un peu trop effréné même car, bien que l’idée de faire un portrait grinçant et même un peu méchant des forces de l’ordre, et plus particulièrement de la CIA qui en prend pour son grade, soit intéressante, elle aurait mérité un peu plus de développement car en 99 minutes, Andrew Davis essaie de tout condenser, un peu trop peut-être, et l’ensemble est parfois un peu brouillon. La fin semble d’ailleurs un peu précipitée et il manque un vrai gros moment de bravoure qui aurait fait finir le film en apothéose.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bien mis en scène
♥ Un Seagal bien affûté
♥ Jolie photographie
♥ Très bien rythmé
⊗ De bonnes idées pas assez développées
⊗ Manque un final vraiment marquant

Avec Nico, Steven Seagal est arrivé dans le cinéma d’action façon cowboy, à grand coup de pied dans la porte, et est aujourd’hui connu de tous malgré sa carrière qui a mal tourné. Nico se regarde avec entrain, divertit comme il se doit, et est une très chouette série B qui sait ce qu’elle fait.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Henry Silva a cassé le nez de Steven Seagal dans la scène de combat final. Seagal a été emmené d’urgence à l’hôpital. Le lendemain, Seagal était de retour au travail. Il est resté debout toute la nuit pour le glacer, afin de ne pas avoir un œil au beurre noir.

• Les photos du générique de début, y compris celle du bébé Nico, sont de vraies photos de Steven Seagal dans sa jeunesse.

• Steven Seagal a déclaré dans une interview que parmi ses cinq premiers rôles au cinéma, Nico Toscani était son personnage préféré. Pam Grier a déclaré que ce film est l’un de ses préférés car il met en valeur ses talents d’actrice.



Titre : Nico / Above The Law
Année : 1988
Durée : 1h39
Origine : U.S.A
Genre : Il était une fois un petit Steven Seagal
Réalisateur : Andrew Davis
Scénario : Andrew Davis, Steven Seagal, Steven Pressfield

Acteurs : Steven Seagal, Pam Grier, Henry Silva, Ron Dean, Daniel Faraldo, Sharon Stone, Miguel Nino, Nicholas Kusenko, Joe Greco, Chelcie Ross, Jack Wallace

Above the Law (1988) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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