[Film] Nicky Larson, de Yûichi Satô (2024)


Tireur d’élite et éternel séducteur, le détective privé Nicky Larson fait équipe à contrecœur avec la sœur de son ancien partenaire pour enquêter sur la mort de ce dernier.


Avis de Cherycok :
Comme beaucoup d’enfants des années 80, j’ai grandi avec le Club Dorothée. Et comme beaucoup d’enfants qui ont grandi avec le Club Dorothée, j’adorais Nicky Larson, son côté obsédé, déconneur, blagueur mais néanmoins toujours efficace. J’adorais ces changements abrupts de ton avec des moments bien grivois et soudainement un déchainement de violence dans un gunfight. L’adaptation française de Philippe Lacheau m’avait laissé de marbre. Il y avait des moments sympathiques mais l’ensemble était plutôt raté. Du coup, bien que n’ayant pas d’énormes attentes sur le nouveau film live City Hunter annoncée il y a quelques mois par Netflix et fait directement au Japon, j’étais malgré tout curieux et même pressé de voir ce que ça allait donner. D’autant plus que les nombreux avis qui ont commencé à pulluler sur la toile depuis quelques jours allaient en majorité dans le même sens, criant à qui voulait l’entendre que c’était un bon film, voire un très bon film. Autant vous le dire tout de suite, après visionnage, je n’ai pas le même son de cloche… A noter que pour plus de facilité pour ceux qui n’auront connu que l’animé du Club Dorothée, les personnages seront ici appelés par leur nom français.

Netflix n’en finit plus d’adapter des dessins animés / mangas et après One Piece, Yu Yu Hakusho ou encore tout récemment Avatar Le Dernier Maitre de l’Air, c’est au tour de City Hunter de passer à la moulinette du N rouge. L’histoire est confiée à Tatsuo Mishima, qui avait déjà adapté Yu Yu Hakusho pour la plateforme, et ce dernier va reprendre les débuts du manga de Tsukasa Hôjô, lorsque Nicky Larson perd son coéquipier et qu’il se retrouve à devoir s’occuper de sa fille, Laura, mais en développant une nouvelle histoire autour de cela avec une affaire de drogue, l’Angel Dust, qui augmente sacrément la force de ceux qui se l’injectent avant qu’ils ne meurent, à l’exception d’une jeune fille qui semble prédisposer à bien support l’Angel Dust et qui va se retrouver recherchée par tout un tas de gens mal intentionnés. Première bonne surprise, alors qu’on aurait pu craindre le pire à ce niveau-là, ce nouveau film respecte réellement le matériau de base, aussi bien dans la tentative de retranscrire l’ambiance du manga au 21ème siècle, que de faire en sortes que les personnages correspondent à ce qu’ils sont au départ. L’humour grivois est bien là, les tenues vestimentaires typiques de Larson sont bien là, son côté obsédé également. On retrouve à peu près tous les personnages emblématiques, tout comme les ruptures de ton et même la violence des gunfights et de l’action en général. On ne peut pas reprocher au film de ne pas être respecter le lore. Autre point positif à signaler, certaines scènes d’action, mises en boite par Takashi Tanimoto (la série Alice in Borderland) qui, sans être exceptionnelles, vont également dans le sens du matériau de base, reprenant certains mouvements typiques de Nicky Larson (son fameux coup de pied sauté par exemple) et ses poses lorsqu’il tire au pistolet. Dommage que jamais ça n’ose des choses un peu extravagantes en termes de mise en scène. Car il y a des idées oui, comme le coup de la porte en fer qui tournoie pour se protéger, mais tout est vraiment très sage, sans aucune folie.

C’est le cas de la mise en scène de manière générale, très classique, et même assez terne et sans réelle âme. L’ensemble reste très propre techniquement parlant, mais ça respecte un cahier des charges bien trop sage pour une adaptation d’un manga / animé malgré tout souvent assez fou. Passée l’introduction au demeurant très réussie, le scénario devient rapidement superflu, en plus d’avoir fait le choix bizarre de virer quelque part un peu vers le « fantastique » avec cette drogue qui donne une force surhumaine. Un choix pas forcément judicieux et qui donne plus l’impression qu’il faut surfer sur ce qui fonctionne bien sur Netflix en termes d’Asie, à savoir les séries fantastiques coréennes et japonaises du genre All of Us Are Dead. En plus de ça, alors que les personnages originaux sont, mine de rien, assez complexes, ils ne sont ici développés à aucun moment, à peine caractérisés dès le départ histoire de leur donner un semblant de personnalité et de nous dire « vous avez vu, ils sont comme dans le manga ». Sauf que dans le manga, ils évoluent, ici ce n’est pas réellement le cas et il aurait peut-être fallu penser l’ensemble comme une série qui prend le temps de poser ses enjeux, ses personnages, son intrigue. En plus de cela, bien que les acteurs sont plutôt bon dans ce qu’on leur demande de jouer, jamais Ryohei Suzuki n’arrive à faire ressortir la prestance et la badassitude du personnage originel. Même chose en ce qui concerne le personnage de l’inspectrice Lamberti, ultra charismatique et au sex appeal de fou dans le matériau de base, simplement fade dans l’interprétation qu’en fait Fumino Kimura. On a vraiment l’impression que tout a été fait pour être ici dans quelque chose de tout public, qui doit plaire au plus grand nombre, ne choquer personne, quitte à tout aseptiser (je rappelle que Larson pète des murs avec une érection dans le manga…), et le résultat manque clairement de vie et d’inventivité. C’est fou quand même de se dire que la meilleure adaptation de City Hunter reste le Mr Mumble (1996) de Yuen Jun-Man avec Michael Chow alors qu’ils n’avaient pas la licence (d’où le titre qui n’a rien à voir).

LES PLUS LES MOINS
♥ Le respect de l’œuvre de base
♥ Quelques scènes d’action
♥ On rigole une ou deux fois
⊗ Ça manque de vie
⊗ Des personnages vides
⊗ Mise en scène sans âme
⊗ Scénario mal choisi

Bien qu’essayant d’être fidèle au lore et à l’ambiance du manga / animé de Tsukasa Hōjō, ce City Hunter cuvée 2024 ne s’en tire pas beaucoup mieux que le ratage de Philippe Lacheau et le résultat est des plus fades. Très très moyen et oubliable.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a été tourné dans les ruelles du quartier de Shinjiku à Tokyo où se déroule la saga City Hunter.



Titre : Nicky Larson / City Hunter
Année : 2024
Durée : 1h42
Origine : Japon
Genre : Adaptation netflixienne
Réalisateur : Yûichi Satô
Scénario : Tatsuro Mishima

Acteurs : Ryohei Suzuki, Misato Morita, Masanobu Andô, Fumino Kimura, Asuka Hanamura, Isao Hashizume, Tetta Sugimoto, Ayame Misaki, Takaya Sakoda

City Hunter (2024) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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