[Film] Mutant Hunt, de Tim Kincaid (1987)


L’intrigue, qui se déroule à New York en 1992, met en scène un chasseur de primes qui poursuit des cyborgs mutants pour les empêcher de tuer des humains.


Avis de Cherycok :
Après l’échec de son premier long métrage The Female Response en 1973, Tim Kimcaid se lance rapidement dans le porno gay et en réalisé 16 en 9 ans. Sans doute un peu lassé de voir du mâle musclé, huilé et poilu (car nous sommes dans les années 70/80) s’emboiter dans d’autres mâles musclés, huilés et poilus, il se lance dans le cinéma plus traditionnel avec tout d’abord Bad Girls Dormitory et Breeders en 1986, puis Robot Holocaust en 1987. La même année, il signe Riot on 42ng St, puis coup sur coup Terreur Caudou (1988) et Morte mais pas Trop (1989). Difficile de savoir si c’est le manque de succès de ses films ou les critiques assassines, mais Tim Kimcaid disparait des radars et ne réalise plus rien. Mais en 2001, il est de retour sur le devant de la scène, plus puissant que jamais, et revient dans … le milieu du porno gay pour ne plus jamais le quitter, réalisant 58 films entre 2001 et 2017 dans lesquels des mâles musclés, huilés et plus du tout poilus (car nous ne sommes plus dans les années 70/80) vont s’emboiter avec d’autres mâles musclés, huilés et plus du tout poilus. Mais revenons-en à nos moutons et après vous avoir parlé il y a presque 4 ans jour pour jour de Robot Holocaust, un nanar de haute volée, je vais vous parler aujourd’hui de Mutant Hunt, une autre réussite dans le genre mauvais film sympathique.

Tim Kaincaid, après avoir vu Blade Runner et Terminator coup sur coup la même soirée, s’est dit que lui aussi il voulait faire un film avec des cyborgs. Le lendemain, seul chez lui, entre deux scènes de « Touche m’en une sans faire bouger l’autre », lorsque ses deux mains étaient libres, il écrit sur un sopalin le scénario de Mutant Hunt. Il arrive à trouver des producteurs qui lui donnent quelques clopinettes pour réaliser son film et c’est parti pour un spectacle à mi-chemin entre l’affligeant et le réjouissant, souvent les deux à la fois. Sans budget, sans talent, mais avec une farouche envie de faire quand même, le résultat est au-delà des attentes du nanardeur averti. Absolument rien ne va ici. Les acteurs déjà, tellement inconnus que IMDB n’a même pas leur photo pour 95% d’eux, tous extrêmement mauvais au point de faire passer un épisode de Plus Belle La Vie pour du Shakespeare. Même lorsqu’ils ne parlent pas, ils arrivent à mal jouer, ce qui est quand même assez impressionnant. La palme revient au personnage de Domina, séductrice émérite voulant créer son armée de cyborg, se la jouant vampire sans l’être, affublée d’une chevelure hirsute absolument indescriptible. Les décors… bordel les décors… A part des scènes dans des petites ruelles lugubres possiblement tournées sans permis pendant la nuit, les décors doivent être au nombre de trois, dont une piteuse chambre dans laquelle ils n’ont même pas fait l’effort d’accrocher un cadre. C’est au moins raccord avec la pauvreté des costumes, avec des cyborgs en bleu de travail car c’est ce qu’il y avait sans doute de moins cher pour l’accessoiriste. On ne comprend strictement rien au scénario. On nous décrit les cyborgs comme des gros tarés sexuels, mais la seule chose qu’il faut, c’est péniblement frapper les gens qu’ils croisent. Ils sont supposés être des machines à tuer dotées d’une grande puissance, mais ils sont extrêmement faciles à dégommer, et la seule chose qui les différencie des êtres humains, c’est qu’ils semblent avoir la possibilité d’allonger leurs membres à l’infini. De là à y voir une métaphore de l’érection, il n’y a qu’un pas que je n’oserais pas franchir.

La mise en scène de Tim Kincaid est à l’image du reste, d’une nullité affligeante, avec des enchainements de plans défiant toute logique cinématographique, bafouant sans cesse les règles élémentaires de continuité, sans parler du montage sans doute réalisé un soir de grande beuverie. Et que dire des scènes d’action, plutôt nombreuses, chacune arrivant à faire pire que la précédente. Entre les chorégraphies tellement inexistantes que tout semble être improvisé sur le moment, les vrais coups involontaires que semblent parfois prendre les acteurs, les moments où ils semblent tellement avoir peur de se faire mal qu’on les voit clairement faire très très attention, c’est tout bonnement hallucinant. Bud Spencer et Terence Hill à côté, c’est du Yuen Woo-Ping. C’est souvent hilarant pour qui aime ce genre de spectacle complètement WTF. Chaque combat est un tour de force involontairement comique, avec sans cesse la même musique qui se lance lorsque le premier coup est porté. Néanmoins, il y a une seule chose qui tient la route dans toute cette histoire, ce sont les très bons effets spéciaux de Ed French, spécialiste du genre qui a aussi bien travaillé sur des séries B telles que Exterminator 2, Creepshow 2, ou encore Breeders, que sur de la grosse production comme Terminator 2, Star Trek VI, Terminator 4 ou plus récemment Sinister 2. On sent qu’une bonne partie du très maigre budget est parti là-dedans. Le film joue parfois la carte du craspec, avec quelques effets dégoulinants. Mais la palme du surprenant est ce cyborg à moitié décomposé qui reprend vie, un animatronic du plus bel effet compte tenu du budget de départ du film. A l’instar de Robot Holocaust, l’amateur de nanar restera bouche bée devant son écran en voyant le spectacle affligeant mais ô combien réjouissant qui est ici proposé. Parce que pour que Charles Band lui-même, producteur du film, décide de retirer son nom du générique, c’est que c’est un sacré étron intergalactique. Oui, Charles Band, le producteur de moult bobines de seconde voire troisième zone presque toutes aussi foirées les unes que les autres, a vu le résultat et s’est dit que, si ce film apparaissait dans sa filmographie, ça pourrait nuire à sa carrière. C’est effectivement extrêmement mauvais. Mais c’est tellement mauvais que ça en devient drôle, ce qui en fait un bon nanar. Et ça tombe bien, après l’expérience réjouissante Robot Holocaust, c’est ce que j’étais venu chercher !

LES PLUS LES MOINS
♥ Les SFX pratiques
♥ Des scènes WTF
♥ Des fous rires nerveux à tout va
♥ Tellement nul qu’il en devient bon
⊗ Longuet malgré ses 1h16
⊗ Objectivement rien ne va dans le film
⊗ Une seule musique qui revient en boucle
⊗ Un jeu d’acteur cataclysmique
⊗ Mise en scène aux fraises
⊗ …
Note :
Note nanar :
Même s’il n’atteint pas des sommets car un tantinet longuet, malgré ses 1h16, Mutant Hunt est un bien beau spécimen de nanar qui ravira les amateurs de bizarreries qui font rire tellement elles sont mauvaises. Tim Kincaid est dans la place !

LE SAVIEZ VOUS ?
• L’édition Blu-ray 2022 de Vinegar Syndrome comporte un titre erroné, « Mutant Hunt Hunt », sur la pochette avant. Car oui, c’est sorti en blu-ray aux States !



Titre : Mutant Hunt
Année : 1987
Durée : 1h17
Origine : U.S.A
Genre : Nanar in da place
Réalisateur : Tim Kincaid
Scénario : Tim Kincaid

Acteurs : Rick Gianasi, Mary Fahey, Ron Reynaldi, Taunie Vrenon, Bill Peterson, Mark Umile, Stormy Spill, Doug Devos, Warren Ulaner, Mark Legan, Asie Kid, LeeAnne Baker

Mutant Hunt (1987) on IMDb


5 1 vote
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires