[Film] Mutant Ghost War Girl, de Liu Binjie (2022)

Dans le futur, la technologie a énormément évolué. Une société secrète a réussi a créer des mutants et en fait son fond de commerce. Wu Qingqing est un agent pour l’Alliance de sécurité internationale, qui combat les crimes mutants, et infiltre la société Medusa afin d’avoir des preuves de leurs recherches génétiques.


Avis de Rick :
Eh bien voilà, enfin ! Ce coup-ci, j’ai bien fait de le prendre à la jaquette ce film qui promettait pleins de jolies jeunes Chinoises qui savent lever la jambe. Alors attention, nous sommes bien loin du chef d’œuvre, bien loin du grand film, nous sommes là devant un gigantesque fourre-tout qui ne cherche pas une seule seconde à cacher ses bien trop nombreuses influences (plagiats ?), mais qui le fait avec déjà un certain savoir-faire (la réalisation n’est pas ignoble), sans se prendre la tête, en allant directement à l’essentiel, si bien que contrairement à beaucoup de films iQiyi, on ne se dira pas à la fin « heureusement que c’était court », mais plutôt « ah en fait c’est le second et j’ai raté le premier ? », tant tout va vite, tant rien ne se pose, et que 1h12, c’est court. Mutant Ghost War Girl, sous ce titre débile qui m’aura néanmoins attiré, en plus de la jaquette, se cache donc un métrage qui essaye d’absorber un peu tout ce qui a été fait ailleurs, et le recrache à l’écran, sans aucune honte. On aura donc, et attention la liste sera longue ! des mutants qui se battent (X-Men), une flic infiltrée qui parle à son chef sur un toit (Infernal Affairs), des méchants qui marchent au ralenti sous la pluie, parapluie à la main (Crows Zero), des robots geishas (Ghost in the Shell), un mec maquillé qui en fait des tonnes (Joker), du kung-fu, un monstre géant, une héroïne assise devant une large fenêtre donnant sur une ville futuristique (Ghost in the Shell), des influences visuelles très marquées (Blade Runner), des plans qui tournent rapidement autour des personnages quand ils parlent (Michael Bay), du drama et des bons sentiments (oui la Chine quoi)… Et encore, cela n’est que les références les plus voyantes, de nombreuses autres peuvent se cacher ci et là dans le métrage.

Et pourtant, Mutant Ghost War Girl avait toutes les raisons d’être imbuvable, toutes les raisons de se planter lamentablement comme toutes les autres productions low costs de iQiyi… et pourtant oui, miracle, on se retrouve là devant un des métrages de 2022 les plus solides de la plateforme. Un métrage généreux, qui va vite, compétent, sur lequel le réalisateur semble croire à ce qu’il fait et n’est donc pas en pilote automatique, avec des chorégraphies bien que surréalistes plutôt sympathiques, un rythme en feu, des actrices qui en effet lèvent la jambe plutôt haut, et cerise sur le gâteau, des CGI qui semblent supérieur à… et bien finalement à tous les autres films de la plateforme de l’année 2022. Alors par contre, si vous tentez le métrage pour son univers, pour son lore, vous pouvez immédiatement oublier, car tout va vite, ce qui augmente l’impression de fourre-tout du métrage. Pour preuve, au lieu de prendre le temps d’établir ses personnages et son univers, non, le métrage nous place un texte à l’écran, et bim, nous voilà dans un labo secret, avec notre flic infiltrée déjà là, déjà mutante, qui va être libérée et va devoir affronter une autre mutante et un monstre géant étonnement pas si mal fait pour une production du genre. Oui, tout ça en cinq minutes. Tant pis pour la cohérence, tant pis pour le scénario, tant pis si le spectateur prend le wagon en marche et a clairement l’impression de débarquer en plein milieu du film. Ce côté bancal qui va vite voire trop vite, au final, il devient une force quand on comprend que le film veut juste nous divertir, sans pour autant bâcler le produit final, mais en donnant tout ce qu’il peut, avec le peu de moyens qu’il a, et avec la petite durée qui lui est allouée pour cela, 1h12 donc.

Le scénario prend forcément du coup énormément de raccourcis, beaucoup de hasards sont là, la structure même ressemble souvent bien plus à un jeu vidéo avec un personnage grimpant de niveau à chaque affrontement pour lui permettre d’avancer jusqu’au final, forcément un chef d’entreprise très très méchant et très puissant… L’affrontement final sera d’ailleurs assez décevant, banal, contrairement à tout ce qui précédait, qui avait certes recours à des CGI, à des coups surpuissants parfois improbables, mais qui montraient néanmoins quelques chorégraphies et la souplesse des acteurs. Là où le final veut aller tellement loin qu’il repose surtout sur des pouvoirs, et donc, manque d’impact. Mais c’est ainsi, Mutant Ghost War Girl ne doit de toute façon absolument pas être intellectualisé, il est limite conçu comme ces DTV des années 90, ceux encore compétents, ceux qui nous donnaient exactement ce que l’on était venu chercher, sans pour autant bâcler le travail. Car malgré tout ça, Mutant Ghost War Girl bénéficie d’actrices souples (toujours sympa quand ça doit se bastonner, on est d’accord), d’une mise en scène certes qui en fait des tonnes et copie parfois Michael Bay mais qui est agréable, d’une jolie photographie, et donc, pour une fois, de CGI potables. Dans une industrie qui semble saturée et vouloir s’auto saborder, ça fait du bien en fait.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est fun et bourré d’action
♥ Ultra rythmé
♥ Compétent visuellement
⊗ Le nombre d’influences est hallucinant
⊗ L’impression de prendre le film en cours de route
note6
Au sein d’un catalogue où tout se ressemble et où aucun effort n’est fourni la plupart du temps, Mutant Ghost War Girl fait office de très court divertissement tout à fait potable et qui ne laisse pas le temps de s’ennuyer.


Titre : Mutant Ghost War Girl – 变种人:幽灵战姬
Année : 2022
Durée :
1h12
Origine :
Chine
Genre :
Actionneur de SF
Réalisation :
Liu Binjie
Scénario :
Xiao Ye
Avec :
Muqi Miya, Li Mingxuan, Liu Beige, Cui Zhenzhen, Mou Fengbin, Hu Qing Yun et Guo Zi Heng

 Mutant Ghost Wargirl (2022) on IMDb


Galerie d’images :

0 0 votes
Article Rating

Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
S’abonner
Notifier de
guest

5 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires