2150. L’intelligence artificielle et les robots ont pris le contrôle de la Terre et mènent une opération de purge contre l’humanité. Les humains survivants s’unissent contre les légions de robots pour reprendre possession de la Terre et assurer l’avenir de l’humanité.
Avis de Cherycok :
Difficile d’avoir des informations sur les DTV chinois car à l’exception de sites tout en chinois, très peu de monde en parle. Du coup, le DTV du jour, Mutant, est assez mystérieux. En effet, le film est sorti en 2024 mais il y a au casting l’acteur hongkongais Ng Man-Tat, décédé en 2021. Après quelques recherches plus poussées, aidé de traducteurs automatiques, il s’avère que c’est la post-production qui a duré trois longues années, et on peut le comprendre car entre les budgets assez riquiquis alloués à ces DTV, et la quantité astronomique de CGIs qui composent ce Mutant, il y a dû avoir pas mal de travail. Au final, c’est 5 ans qu’il aura fallu pour mettre Mutant en boite, avec un tournage initial en 2019. Comme quoi, on dit parfois que les DTV chinois sont produit à la va-vite, ce n’est pas tout le temps vrai. Et bien que très imparfait, on sent que Mutant a été réalisé avec une réelle envie de bien faire, avec une grande passion, et le réalisateur Li Qi-Lin, qui s’était déjà essayé à la SF avec son précédent film Variant (2022) nous livre ici un divertissement bancal mais ô combien généreux.
L’ensemble du film comporte plus de 1 400 plans d’effets visuels, uniquement pour présenter au public un monde apocalyptique contrôlé par l’intelligence artificielle. Afin de réaliser la fusion parfaite entre le travail acharné et la science-fiction, le film a fait l’objet d’un long processus de préparation, d’une révision du scénario et de dizaines d’ébauches, et a dépensé beaucoup d’efforts pour créer toutes sortes de scènes, de costumes et d’accessoires sur mesure pour le film. Les CGI, ça souffle le chaud et le froid. Certains décors d’ensemble sont juste superbes, mais à l’inverse, ça pique parfois méchamment les yeux. Et quand c’est moche, c’est putain de moche. Mais au final, ça importe peu parce que Mutant est d’une telle générosité dans ce qu’il propose, dans son rythme, dans ses idées pompées un peu partout qu’il passe à sa moulinette, qu’on regarde presque le film comme un dessin animé en images de synthèses. Et puis même si certains robots / vaisseaux / décors ne sont pas toujours bien intégrés ou animés, leur design est vraiment cool. Parce que comme le dit mon ami Jonathan Asia dans sa VIDEO sur le film qui m’a convaincu de le voir, Mutant rassemble en 1h32 50 ans de science-fiction. On y retrouve du Terminator, du Fury Road, du Matrix, du Alien, du Star Wars, du Akira, du Resident Evil, … tout cela mixé, digéré et renvoyé à la gueule des spectateurs dans un film au rythme extrêmement élevé. Ça n’essaie jamais de cacher que ça copie et, par exemple, la scène du bullet time est à quelques chose près la même que celle de Neo dans Matrix, mais qu’importe, ce n’est jamais putassier ici et on sent juste un réalisateur fan de SF qui a voulu mettre dans son film de SF ambitieux tout ce qu’il aime dans le genre. Et puis visuellement, dès qu’on sort des CGI dégueux, le film tient vraiment la route. Les cadrages sont souvent très bien choisis, c’est très coloré, les panoramas sur de vrais paysages sont superbes et on sent qu’il n’y a pas de tâcherons derrière.
Mutant met en scène l’inévitable combat entre l’homme et l’intelligence artificielle. Nous avons d’un côté Jin Yi, un leader de la résistance. D’un autre côté, nous avons An Xin, une mystérieuse jeune fille enfermée dans un bunker très bien défendue. Le premier veut détruire la matrice qui contrôle tous les robots afin que l’humanité puisse reprendre le contrôle de la Terre. La deuxième ne veut s’impliquer dans aucune organisation et passer sa vie paisiblement dans son abri. Pourtant, ils vont finir par lutter ensemble contre ces robots massacreurs d’humains. Voilà, nous sommes dans quelques chose de très basique, mais l’exploration du thème de l’intelligence artificielle est tout de même plutôt encourageante, d’autant plus que le scénario n’hésite pas à aller parfois vers des scènes assez crues, à l’instar de celle représentée sur une des affiches du film, dans laquelle une femme enceinte est pendue par les mains à un arbre et qu’un robot lui arrache le bébé de son ventre, tuant la mère et l’enfant. Bien que le casting soit essentiellement composé d’hommes, c’est bien et bien la très jolie Dai Si qui a le rôle fort du film et qui va régulièrement sauver la situation. A ses côté, Patrick Tam (Raging Fire, Ip Man 3) fait un très bon travail et est parfaitement crédible dans son rôle de chef d’unité qui a perdu toute son escouade. On est content de retrouver pour une dernière fois Ng Man-Tat, le célèbre acolyte de Stephen Chow, dans un rôle ici très sérieux d’un scientifique obsédé par la recherche technologique, bien que son rôle tienne plus du cameo puisque son temps de présence est des plus limités).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Parfois de beaux CGI… ♥ Bien rythmé ♥ Un casting sympathique ♥ Un film sincère |
⊗ … mais d’autres très moches ⊗ Pas original pour un sou ⊗ Souvent assez bordélique |
Mutant est un film bordélique mais résolument fun et, à l’instar du très sympathique Invisible Alien, il faut clairement encourager cette SF chinoise sérieuse, certes ici très loin d’être parfaite, mais qui ne fonce pas dans l’humour potache façon Marvel ou le film presque familial comme on le voit parfois. |
Titre : Mutant / 变体
Année : 2024
Durée : 1h32
Origine : Chine
Genre : Gloubi-boulga de SF
Réalisateur : Li Qi-Lin
Scénario : Li Qi-Lin
Acteurs : Patrick Tam, Dai Si, Zhang Ya Kun, Ng Man-Tat, Wang Zhan