[Film] Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge, de Ethan Spaulding (2020)

Après que la famille de Hanzo Hasashi ait été abattue par le mercenaire glacial Sub-Zero, il est banni au royaume du Néant. En échange de son allégeance à Quan Chi, ce dernier donne à Hanzo l’opportunité de venger sa famille. Il fait alors son grand retour, sous le nom de Scorpion.


Avis de John Roch :
1992 : Mortal Kombat est lâché dans les salles d’arcade et c’est un phénomène. Dans une ère où les Japonais dominent le marché du jeu de combat, le soft tire son épingle du jeu en affichant des graphismes somptueux avec des personnages digitalisés, une bonne dose de violence, et les fameuses fatalities. Mais le scandale arrive vite avec les portages console, MK pour les intimes, est le jeu qui a fait décider à la chambre des représentants d’instaurer l’ESRB, un système de classification semblable à ce que l’on trouvait au cinéma. Malgré les polémiques, Ed Boon et John Tobias, créateurs de la saga, ne s’arrêtent pas en si bon chemin et arrive MK2, plus beau, plus gore, plus dur, le titre fait un tabac. Puis le temps passe, et après un MK3 qui instaure un système de combos, c’est une traversée du désert pour la saga. Après un MK4, le premier en 3d qui arrive avec un gameplay et des graphismes d’un autre age comparé aux ténors du genre, et des spin off ratés (mythologies : Sub-Zero et Special Forces) la saga se refait une santé pendant l’ère 32 bits, avec des jeux de qualités : Deadly Alliance, Mystification et Armageddon. Des jeux bons mais éclipsés par les ténors de la baston 3D Soul Calibur et Tekken. Passons sous silence MK vs. DC Universe, crossover moisi qui n’avait même plus de fatalities, enfin si, mais autocensurées parce qu’il ne fallait pas voir crever les super héros dans des gerbes de sang et de boyaux pour passer au miracle qui redore le blason de la saga. Mortal Kombat neuvième du nom fait office de reboot, et c’est la claque. Graphiquement sublime, un gameplay certes rigide à mort qui empêche un débutant de s’amuser un minimum si il ne prend pas un personnage cheaté qui sort un minimum de combos improvisés mais efficaces, du contenu solo et multi solide, et des guests via les DLC, Les opus 10 et 11 restent dans la continuité, mais redoublent d’efforts pour en apporter toujours plus, que ce soit en termes de graphismes, de contenu, ou de guests toujours aussi dingues, car en plus de refaire venir des anciens personnages de la saga, on croise également Alien, Predator, Terminator, Robocop, Jason, Leatherface, Spawn, Rambo, ou encore Freddy. La saga Mortal Kombat s’est d’ailleurs à nouveau rebooté pour le meilleur avec un MK1 qui n’a pas à rougir face à une concurrence pourtant féroce avec par exemple le très bon Street Fighter 6 et Tekken 8 d’amour, respectivement sortis 3 mois plus tôt pour le premier et 4 mois plus tard pour le second.

Qui dit jeu à succès dit adaptation au cinéma. Le jeu créé par Ed Boon et John Tobias entre par la grande porte avec le Mortal Kombat de Paul Anderson, qui tient parfaitement la route. C’est fidèle, les combats sont de qualités, l’ensemble ne fait jamais cheap malgré des CGIs horribles, mais grand public oblige pas de violence propre au soft et pas de fatalities, sans quoi cette première adaptation aurait frôlée la perfection. Puis c’est instantanément parti en vrille avec Mortal Kombat : Destruction Finale, techno série Z de luxe affreuse, le mot est faible, suivie d’une série télé du même acabit. Pour revoir une adaptation de qualité il faudra attendre 2021 et le bon mais quelque peu frustrant Mortal Kombat signé Simon McQuoid, que devait réaliser Kevin Tancharoen qui s’était fait repéré avec la web série Mortal Kombat Legacy, mais ce n’est pas la seule. 2020 est une année pleine d’actualité pour la saga de NetherRealm Studios. C’est celle de la sortie du DLC Aftermarth de MK11, qui en plus de ne pas se foutre de la gueule du monde rend un excellent hommage aux débuts de la saga (film de Paul Anderson compris), de l’annonce de la date de sortie du reboot cinématographique susmentionné qui patinait depuis des années et enfin la révélation d’une nouvelle série de métrages animés sous titrée Legends, doublé de la sortie de son premier opus: Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge. Tout comme le film qui sortira l’année suivante, Scorpion’s Revenge fait office de reboot qui revient aux sources. L’occasion pour les fans de revivre les premiers instants de la saga vidéoludique légèrement remaniés et de découvrir l’univers pour les nouveaux venus pour qui ce film d’animation est une bonne porte d’entrée. Comme son titre l’indique, le métrage est basé sur l’un des personnages emblématique de Mortal Kombat : Scorpion. De l’assassinat de sa famille par Sub-Zero à son pacte avec Quan Chi pour sortir des enfers et sa participation au tournoi pour obtenir vengeance, le film donne un background au personnage sans pour autant en faire le protagoniste.

En fait, Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge réussit sur un point là où le Mortal Kombat de 2021 se révélait frustrant : il se déroule pendant le tournoi. Ce qui est à la fois une qualité mais aussi un défaut. D’un coté c’est appréciable que le métrage d’animation dépasse le stade de grosse introduction pour les personnages, de l’autre c’est également ce qu’il est : une grosse introduction à l’univers de Mortal Kombat. Le scénario n’a bien évidement rien de compliqué à raconter, il est simple tout comme celui du jeu mais malgré la fidélité il y a un coté fourre tout qui a du mal à tenir sur une durée de 1h20 car en plus du background de Scorpion, c’est Lui-Kang, Sonya Blade, Johnny Cage, Raiden, Shang-Tsung, Quan Chi, Kano, Jax et Goro qui sont également présents et introduits avec plus ou moins d‘équilibre, en plus de quelques apparitions ici et là, et du concept des différents royaumes au cœur du tournoi. Tout va donc très vite scénaristiquement parlant, si vite que Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge a beau lieu être le point de départ d’une saga, le film se perd un peu entre le personnage censé être central et le reste, la fin demeure par ailleurs bien trop frustrante pour convaincre et laisse clairement sur sa faim. Malgré ça, l’effort d’adaptation est là et si il y a un manque d’équilibre entre ce que le métrage veut raconter et tout ce qu’il raconte, coté bastons ce premier opus estampillé Legends ne déçoit pas. Il faudra faire peut être abstraction d’un style graphique à la géométrie parfois trop prononcée et aux designs parfois discutables (Quan Chi, faut s’y habituer) et l’animation manque quelque fois de finition, en particulier dans des plans larges qui manquent de détails, mais Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge réussit le pari de transposer les joutes vidéoludiques à l’écran avec succès. Les combats sont dynamiques, violents, gores, les habitués reconnaîtront des coups spéciaux et combos directement issus des jeux, ainsi que les attaques X-rays et bien évidement les inévitables fatalities. Pour ce qui est de l’action, Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge est largement convainquant et affiche une violence décomplexée, il n’a qu’a voir la scène d’introduction qui part en gore fest épique totalement jouissif pour s’en convaincre. Pour cette première adaptation animée (non, je n’ai pas oublié celle des 90’s avec ses images de synthèse dégueulasses mais je cherche à le faire) de Mortal Kombat, le bilan est positif. Ce n’est pas parfait, mais ça donne vraiment envie de voir la suite d’une saga qui contient à ce jour 4 opus.

LES PLUS LES MOINS
♥ La scène d’introduction
♥ Le rythme
♥ De l’action tout le temps
♥ C’est fidèle au jeu
♥ Des coups spéciaux aux fatalities en passant par les combos et les X-rays, l’essence même des combats du jeu est conservée
♥ Le gore décomplexé
⊗ Ça veut trop en raconter sur une durée réduite
⊗ Le design de certains personnages discutables
⊗ Ça manque de finition
⊗ La fin

Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge est une bonne adaptation du jeu vidéo de NetherRealm Studios qui contentera les fans avec sa violence décomplexée et parfois jouissive ainsi qu’avec ses bastons qui retranscrivent l’essence même de la saga vidéoludique. Pour les autres, il s’agit d’une bonne porte d’entrée dans l’univers MK.



Titre : Mortal Kombat Legends: Scorpion’s Revenge
Année : 2020
Durée : 1h20
Origine : USA
Genre : GET OVER HERE!
Réalisateur : Ethan Spaulding
Scénario : Jeremy Adams
Acteurs : Jennifer Carpenter, Joel McHale, Ike Amadi, Steve Blum, Artt Butler, Darin De Paul, Patrick Seitz Jordan Rodrigues, Kevin Michael Richardson
Mortal Kombat Legends: Scorpion's Revenge (2020) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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