[Film] Mortal Kombat : Destruction finale, de John R. Leonetti (1997)

Revenus victorieux du Mortal Kombat, les valeureux guerriers humains emmenés par Raiden ont à peine le temps de se remettre de leurs émotions. Ils disposent de six jours seulement pour sauver la Terre de l’invasion de créatures étranges. Les voilà face à une nouvelle bataille contre Shao-Kahn, l’empereur d’Outremonde.


Avis de John Roch :
Mortal Kombat aura été l’un des jeux phénomènes du début des années 90. Au cinéma, le jeu créé par Ed Boon et John Tobias entre par la grande porte avec le Mortal Kombat de Paul Anderson, qui arrive après Mario Bros. et Street Fighter : l’Ultime Combat. Quand on voit ce qu’Hollywood faisait avec les adaptations vidéoludiques, ça faisait peur, mais miracle, le film tient parfaitement la route. C’est fidèle, les combats sont de qualités, l’ensemble ne fait jamais cheap malgré des CGIs horribles, mais grand public oblige, pas de fatalities, sans quoi cette première adaptation aurait frôlée la perfection. Le film est un succès et une suite est rapidement envisagée mais plus grand monde ni croit. Paul Anderson refuse de rempiler car le tournage du premier opus a été marqué par des désaccords artistiques avec les producteurs. Coté acteurs, la sauce ne prend pas et Christophe Lambert, Bridgette Wilson et Linden Ashby avoueront tôt ou tard que le script sentait le moisi, ce qui est assez marrant concernant Lambert qui a préféré aller tourner Beowulf. Seul Robin Shou et Talisa Soto reprennent leurs rôles, sans doute car ils avaient un trou dans leurs emplois du temps. Mortal Kombat: Destruction Finale se voit être une suite tout ce qu’il y a de bigger and louder: plus d’action, plus d’effets spéciaux, plus de personnages, plus de combats, plus de budget, plus de musique techno… sauf que ça se casse les dents sur tout. En résulte un ratage total, une série Z deluxe nanardesque dans la forme affreuse mais dans le fond rigolote.

Des le début, ça sent le souffre. Déjà le générique de début est repris tel quel, puis voir qu’une suite directe n’arrive pas à reprendre correctement ce qui concluait le premier film, on se dit qu’on a pas tiré le plus heureux des gros lots. Mortal Kombat l’annonçait, Mortal Kombat: Destruction Finale le fait : L’antagoniste principal de cette suite est Shao Kahn, qui débarque sur terre pour la fusionner avec son royaume malgré la victoire des humains dans le précédent tournoi. Les enjeux sont rapidement posés dans l’introduction, puis le métrage ne raconte plus rien par la suite. Shao Kahn annonce 6 jours avant la fin du monde et attend que ça se passe, Lui Kang part trouver son coté bestial pour devenir plus fort, perdant au passage Kitana qui passera la majeure partie du film en cage, Sonia Blade part quant à elle chercher Jax, et Raiden est en route pour visiter les dieux anciens pour comprendre comment et pourquoi les règles du tournoi Mortal Kombat ont été violées. Et lorsque l’un a fini sa quête, il part se balader en attendant que la magie du scénario opère pour qu’il croise les autres. Alors certes, en adaptant Mortal Kombat, il ne faut pas s’attendre à du lourd question scénario, mais entre des dialogues parfois si hallucinants que l’on croirait se retrouver face à une parodie des ZAZ, des twists qui tombent comme ça parce que pourquoi pas et des personnages qui font coucou pour mieux disparaître purement et simplement, il faut se rappeler que la première adaptation cinématographique faisait des efforts pour transposer l’univers du jeu sur grand écran. Mais même sur ce point, Mortal Kombat: Destruction Finale échoue. Il y a des détails qui ne parleront pas aux étrangers à la saga, par exemple Smoke utilise les attaques de Sektor ou Shinnok qui est ici le père de Shao Kahn et de Raiden, quant aux fatalities bien gores indissociables de la licence Mortal Kombat, c’est beau de rêver. Mais de manière globale ce qui frappe, c’est les costumes à faire pâlir le plus mauvais des cosplayeurs, des acteurs en roue libre totale et un trop plein de personnages dont les géniteurs de la chose ne savaient pas quoi faire.

Malgré tout, et c’est bien la seule chose que l’on ne pourra pas enlever au métrage, c’est cette volonté d’adapter un jeu de baston en proposant une succession presque ininterrompue de combats. Dans Mortal Kombat: Destruction Finale, tout est finalement prétexte à ça et uniquement à ça. Dans ce domaine, ce film coche toutes les mauvaises cases possibles avec des bastons bordéliques, mal filmées, mal montées, avec des cascadeurs et figurants qui font n’importe quoi en arrière plan sous fond de musique techno et d’effets spéciaux omniprésents mais avant d’y venir, parlons cabrioles. Mortal Kombat: Destruction Finale a visiblement cramé l’essentiel de son budget dans des trampolines et des câbles, les cascadeurs passant la majeure partie du temps à s’envoyer dans les airs en faisant des saltos tout le temps. Une baston qui démarre ? Salto ! Un combat qui se termine ? Salto ! Une marche à descendre ? Salto ! Une marche à monter ? Salto ! Un dialogue entre deux personnages qui débute ? Salto ! Un personnage s’introduit ? Salto ! Un projectile lancé dans les airs ? On se baisse… non je déconne : salto ! Il y a plus de saltos dans ce film que d’autres cabrioles et de chorégraphies qui tiennent plus de la démo bien tape à l’œil que de véritables combats pour montrer que sur le tournage il y avait des artistes martiaux, mais au final ils sont noyés dans un océan de saltos et d’effets spéciaux digitaux qui même pour la seconde moitié des années 90 faisaient peines à voir. Et ça y va, le film est un enchaînement quasi non stop d’acteurs mal incrustés, de décors numériques affreux, de créatures en CGI tout aussi affreuses, de personnages dégueulasses de laideur, de coups spéciaux pour le coup très spéciaux, il y a même des saltos qui ont été retouchés numériquement ! Le film aurait pu miser sur d’avantage d’effets pratiques, mais en voyant la tronche de Baraka ce n’est finalement pas ce qui aurait sauvé ce film qui est la destruction finale de la licence et des yeux. Tout ça fait bien évidement du métrage un ratage complet mais aussi un plaisir coupable de tous les instants. Le film fascine par son vomi ininterrompu d’effets digitaux, ces bastons qui virent parfois au wu xia pian conçues par un mec sous acide qui s’est dit que ce serait mieux de transposer ce qu’il a vu dans son trip plutôt que l’univers Mortal Kombat, la gueule des dialogues, les chorégraphies qui n’ont de sens que pour ceux qui ont bossé dessus, et surtout la combinaison effets ratés / décors mal incrustés / saltos qui donnent des plans à mourir de rire en font un nanar qui passe en plus très vite vu que question rythme il y a très peu de baisses de régime. Mortal Kombat: Destruction Finale en devient un film recommandable, mais pas pour les bonnes raisons.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les – peuvent se transformer en +
♥ Le rythme
♥ On peut y entendre le thème du premier film
⊗ Les bastons
⊗ La mise en scène
⊗ Les acteurs
⊗ Les effets spéciaux
⊗ Ça fait beaucoup de saltos
⊗ La musique
⊗ Le scénario
⊗ Les dialogues
⊗ Des fatalities dans un film Mortal Kombat? Vous rêvez…
⊗ Presque tout en fait

Note :

Note John Roch devant un mauvais film ? Salto ! :

Cette seconde adaptation cinématographique de Mortal Kombat porte bien son titre. C’est la destruction finale de la licence… et de vos yeux.



Titre : Mortal Kombat: Destruction Finale / Mortal Kombat: Annihilation
Année : 1997
Durée : 1h35
Origine : USA
Genre : Salto!
Réalisateur : John R. Leonetti
Scénario : Brent Friedman et Bryce Zabel

Acteurs : Robin Shou, Talisa Soto, James Remar, Sandra Hess, Lynn ‘Red’ Williams, Brian Thompson, Reiner Schöne, Musetta Vander, Irina Pantaeva, Deron McBee, Marjean Holden

Mortal Kombat: Annihilation (1997) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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