[Film] Monster In The Closet, de Bob Dahlin (1987)

Dans la ville de San Francisco, de nombreux citoyens sont réduits en charpie par un monstre sortant de leurs placards. Un journaliste débutant associé à une jolie professeur en biologie vont mener leur enquête et tenter d’arrêter le massacre.


Avis de John Roch :
Pour les uns, le monstre du placard représente les terreurs nocturnes enfantines. Pour d’autres, le monstre du placard peut servir à autre chose, comme rendre hommage à la SF ringarde des années 50 sous forme de pastiche alimenté par des clins d’œil au cinéma plus récent, au moment du tournage on s’entend. C’est ce qu’a fait Bob Dahlin avec Monster in the Closet, son unique long métrage avant d’avoir une belle carrière en tant qu’assistant réalisateur. Tourné en 1983 mais distribué quatre ans plus tard par la Troma, ce film ne démérite pas dans le catalogue de la firme de Loyd Kaufman et Michael Hertz, bien que le produit fini dénote quelque peu par son aspect plus soigné que la moyenne. Ceux qui s’attendent à du gros Z trash et débile rempli de gore et de nichons peuvent passer leur chemin, Monster in the Closet, passé son titre et son sujet, est un chouette petit film qui vaut la vision pour quelques éléments tels que son casting, son hommage à la SF, et à son final à la fois logique et improbable entres autres choses réussies, ou non.

Ne cherchez pas comment un monstre sort du placard. Qui est-il ? D’où vient-il ? Formidable monstre des temps nouveaux ? Monster in the Closet nous annonce texto dès son ouverture que l’inexplicable restera inexpliqué. D’un côté, c’est pas plus mal, ça évite des longs tunnels de dialogues qui auraient alourdi le métrage. De l’autre c’est pareil, c’est salvateur puisque Monster in the Closet a un rythme assez particulier. Non pas que le film soit complètement chiant, mais certaines scènes sont trop tirées en longueur pour au final pas grand-chose, comme si les idées qui peuplent Monster in the Closet, et il y en a pas mal, ne suffisaient pas pour en faire un long métrage arrivant à l’heure et demi de rigueur. Mais passé ce rythme en dent de scie, Monster in the Closet s’avère être une peloche vraiment sympa. A commencer par une mise en scène qui n’est pas déplaisante : les mouvements de caméra sont fluides, il y a des travelings, des plans tournés à la Dolly, des transitions d’un décor à une autre qui aujourd’hui seraient réalisées en CGI mais qui ici n’ont que pour défaut une caméra qui tremblote légèrement lors du passage d’une main à l’autre. Coté mise en scène, Monster in the Closet sent le film tourné avec sérieux, tout autant que le montage que l’on doit à Raja Gosnell, futur réalisateur des adaptations cinématographiques de Scooby-Doo et des Schtroumpfs. Il est juste dommage que tout comme le rythme, la réalisation est en dent de scie, parfois réussie, parfois plate. Sérieux, Monster in the Closet l’est également dans le traitement de son histoire. Le film ne sombre jamais dans la parodie facile. Il s’agit d’un hommage sincère aux films de SF fauchés, du monstre au design craignos puisqu’il ressemble un étron dans lequel des morceaux de cacahuètes n’auraient pas été complètement digérées à l’armée tournée en dérision, en passant par la galerie de personnages clichés. On y trouve un scientifique qui tente de communiquer avec le monstre, un gamin surdoué et sa mère protectrice, un journaliste fouineur, un général de l’armée, et le héros au grand cœur. Les personnages contribuent plus ou moins au pastiche du genre : le monstre a une seconde mâchoire qui lui sort de la bouche comme dans Alien, le scientifique tente de communiquer avec la créature du placard à coup de note au xylophone en référence à Rencontre du Troisième Type, le général de l’armée lâche l’affaire lorsqu’il se rend compte que sa force de frappe est inutile pour maitriser la situation, et le héros est une sorte de Clark Kent qui n’est pas Superman mais qui possède tout de même un super pouvoir particulier, qui remet même en cause le sexe (ou la sexualité ce n’est pas vraiment clair) du monstre.

Ce qui amène à d’autres clins d’œil, en l’occurrence King Kong et la Belle et la Bête en sens inverse, mais aussi d’autres tels qu’une reprise de la scène de la douche de psychose. Monsters in the Closet s’appuie sur ces références pour apporter un humour parfois bien trouvé mais il faut reconnaitre que le métrage n’est pas à se taper le cul par terre, du moins jusqu’à son final qui vaut le détour. Mais outre ce moment à la fois improbable mais logique, Monster in the Closet peut également attirer les plus curieux de par son casting plutôt fourni pour une production de ce genre. On reconnaitra John Carradine dans ce qui est son 352ème rôle à l’écran, Donald Moffat qui affrontait déjà une créature non identifiée dans the Thing, Henri Gibson que vous avez au moins une fois vu dans une série TV ou dans un film, notamment chez Joe Dante dans Les Balieusards, Gremlins 2 ou L’Aventure Intérieure. Monster in the Closet, c’est aussi l’occasion de voir les débuts de deux stars en devenir : Stacy Fergusson, plus connu sous le nom de Fergie, chanteuse qui a fracassé les oreilles au sein des Black Eyed Peas mais surtout de Paul Walker, encore loin de se douter qu’il sera 25 ans plus tard l’un des protagonistes d’une des licences les plus juteuse de Hollywood, avant que le destin n’en décide autrement. Quant au monstre du placard, il n’est pas inconnu puisqu’il s’agit de Kevin Peter Hall qui a également enfilé le costume de l’alien de Terreur extra-terrestre, de Harry le Bigfoot de Harry et les Hendersons, et surtout du Predator dans les deux premiers opus de la saga. Un casting sympathique, pour un film qui l’est tout autant, sans pour autant être indispensable.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène plus que correcte…
♥ L’hommage aux films de SF fauchés
♥ Le casting
♥ Pas mal de petites idées
♥ Le final
⊗ … mais parfois plate
⊗ Le rythme en dent de scie
⊗ Il y a de l’humour certes, mais rien de vraiment drôle

Monster in the Closet est un petit hommage à la SF fauchée des années 50 aux nombreux clins d’œil et aux quelques petites idées. Un film inégal mais sympathique, sans toutefois être à se taper le cul par terre.



Titre : Monster in the closet
Année : 1987
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Beuuuargghh
Réalisateur : Bob Dahlin
Scénario : Peter L. Bergquist et Bob Dahlin

Acteurs : Donald Grant, Denise DuBarry, Claude Atkins, Howard Duff, Henry Gibson, Donald Moffat, Paul Walker, Paul Dooley, John Carradine, Stella Stevens, Kevin Peter Hall, Stacy Fergusson

 Monster in the Closet (1987) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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