L’histoire débute dans la campagne thaïlandaise : Pan, jeune homme insouciant vivant de petits boulots aux champs, rêve de devenir chanteur de Lukthung (chant traditionnel thaïlandais) et d’épouser Sadaw. Mais le père de cette dernière ne voit pas d’un bon œil le mariage de sa fille avec un bon à rien. Toutefois, avec persévérance et après plusieurs années, le vieux père consent enfin à donner la main de sa fille. Le bonheur sourit alors au jeune couple jusqu’à ce que Pan soit obligé de rejoindre les drapeaux pour servir son pays, laissant sa femme seule attendre la naissance de leur premier enfant. Pan va alors être précipité dans une spirale de malchance et de déconvenues.
Avis de Oli :
Tel le Candide de Voltaire, le jeune Pan va être amené à faire l’apprentissage de la vie en voguant, souvent poussé par le hasard, de galères en petits tracas et de chimères en cruelles désillusions. Terriblement naïf, Pan va se laisser user et abuser, puis lorsqu’il se révoltera maladroitement ce ne sera que pour finir encore plus bas. Supakorn Kitsuwon campe avec simplicité et sincérité ce personnage tragicomique, tandis que la jeune Siriyakorn Pukkavesh lui donne délicieusement la réplique. L’actrice, à laquelle Pen-Ek Ratanaruang pensait dès l’écriture du scénario, complète à merveille le casting principal et incarne avec fragilité et douceur une femme aimante mais délaissée.
Mais voilà que je vous parle de couple déchiré, de jeune femme bouleversée, de garçon manipulé et paumé alors que la fiche du film annonçait un long métrage au ton nettement plus enjoué… Bon disons le tout de suite alors : oui il est difficile d’enfermer MON-RAK TRANSISTOR dans un genre unique, oui le réalisateur a souhaité colorer son film de sentiments multiples et parfois opposés. Ainsi, aussi cocasses soient-elles, les scènes comiques de MON-RAK TRANSISTOR s’imbriquent toujours dans un ensemble plus sombre… mais d’un autre côté, ces relents dramatiques sont efficacement tempérés par l’humour dont fait si souvent preuve Ratanaruang. De plus, la volonté avouée de ce dernier de ne pas enfermer son œuvre dans un carcan trop réaliste (depuis les situations jusqu’aux costumes des personnages) vient encore désamorcer l’intensité dramatique de l’ensemble.
Drame, comédie, romance aussi, Pen-Ek Ratanaruang est même allé encore plus loin en injectant tout au long de son film des passages chantés. Prise de risque de la part du réalisateur thaïlandais, mais également gage d’originalité puisque ces éléments n’étaient pas présents dans le roman ici adapté sur grand écran. Ratanaruang impose le répertoire d’une immense star locale, décédée aujourd’hui et nommée Surapol. La seule chanson originale (« le soldat triste ») a été composée par un ami de Ratanaruang, Wisit Sasanatieng, réalisateur du très réussi LARMES DU TIGRES NOIR. L’acteur Supakorn Kitsuwon prête sa propre voix à toutes les chansons, et il faut bien avouer que ces dernières se fondent parfaitement dans le moule : tout d’abord elles ne sont pas si nombreuses ; enfin et surtout elles sont tout à fait réussies et servent parfaitement l’histoire, parfois avec humour. Peu de chances donc que ces passages provoquent une gêne quelconque même chez les plus sérieux allergiques à la musique.
Pour vous dire la vérité MONRAK TRANSISTOR m’a véritablement emballé. Le mélange des genres est ici parfaitement maîtrisé par un réalisateur déjà bien connu des festivaliers. Un homme au talent énorme, au sens du cadre si maîtrisé qu’il paraît pouvoir filmer n’importe quoi et en faire surgir de la beauté. Alors bien entendu quand un Monsieur comme celui-ci est capable de nous sortir des scénarios aussi originaux puis de les mettre en scène avec autant de doigté on se dit que quoi qu’il arrive, quel que soit le sujet de son prochain film, celui-ci vaudra immanquablement le détour.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le mélange des genres maitrisé ♥ Supakorn Kitsuwon ♥ Les chansons |
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C’était déjà le cas avec 6IXTY NIN9, ça le sera avec LAST LIFE IN THE UNIVERSE. Ça l’est bien évidemment et plutôt deux fois qu’une avec ce film ci, MONRAK TRANSISTOR, à mes yeux le plus frais et le plus réussi des longs métrages de Pen-Ek Ratanaruang. |
Titre : Monrak Transistor / มนต์รักทรานซิสเตอร์
Année : 2001
Durée : 1h56
Origine : Thaïlande
Genre : Comédie dramatique musicale
Réalisateur : Pen-ek Ratanaruang
Scénario : Pen-ek Ratanaruang, Wat Wanlayangkoon
Acteurs : Supakorn Kitsuwon, Siriyakorn Pukkavest, Prasit Wongrakthai, Somlek Sakdikul, Porntip Papanai, Ampon Rattanawong, Black Phomtong