[Film] Mon Futur Moi, de Megan Park (2024)


Elliott Labrant, à qui son moi futur a conseillé de ne pas tomber amoureuse, est sûre de pouvoir le faire après avoir reçu ce conseil. Jusqu’à ce qu’elle rencontre le garçon dont son aînée l’avait mise en garde.


Avis de Cherycok :
J’avoue avoir une affectation toute particulière pour ces petits films qui ne paient pas de mine, qui vont sur le terrain de la simplicité, qui abordent des thématiques universelles telles que la famille, l’amour, l’amitié, les sentiments. Des films répondants aux doux noms de Dinner in America, Little Miss Sunshine, Juno, 500 Jours Ensemble, … A cette liste, je vais désormais rajouter le très (trop) méconnu My Old Ass, sorti depuis peu chez nous sur Amazon Prime sous le titre Mon Futur Moi, deuxième film de Megan Park, également scénariste, après un très réussi The Fallout (2021). Coproduit par Margot Robbie, My Old Ass est un film simple mais original, un film tendre, touchant, qui pose les questions suivantes : Si à 40 ans, vous aviez la chance de pouvoir parler à votre vous de 20 ans, qu’est-ce que vous lui diriez ? Et si à 20 ans, vous pouviez parler à votre vous de 40 ans, quel conseil vous lui demanderiez ? Mélange de comédie stoner, de science-fiction, de romance et de drame, My Old Ass est un voyage amusant, surprenant et émouvant dans le monde compliqué du passage à l’âge adulte. Une vraie réussite sur laquelle on va s’étendre un peu plus en détails.

Elliott, une jeune fille de 18 ans, vit avec ses parents et ses deux frères dans une petite ville lacustre de l’Ontario au Canada. Avec ses copines Ro et Ruthie, elle adore faire du bateau sur le lac et un soir où elles décident de camper dans la forêt, ils ingurgitent une tisane aux champignons hallucinogènes autour d’un feu de camp. En plein trip, une jeune femme apparait devant Elliott et lui dit qu’elle est sa version de 29 ans, son futur elle du titre. Elle va lui conseiller de se rapprocher de ses parents et de ses frères, mais aussi de surtout éviter à tout prix un homme appelé Chad. Elliot étant gay, elle ne comprend pas trop où son « moi du futur » veut en venir, mais lorsqu’elle tombe peu de temps après sur ledit Chad, devant le charme et la gentillesse de ce dernier, tous ses acquis vont se retrouver chamboulés… En localisant le cadre de son film dans cette petite bourgade aux décors pittoresques du fin fond de l’Ontario, Megan Park apporte à son récit un charme de carte postale qui le rend immédiatement très agréable à regarder. Sa mise en scène simple n’est là que pour accompagner ses personnages qui le sont tout autant, aussi bien dans leur façon d’être que dans les relations avec leurs pairs, lors de ce douloureux moment du passage à l’âge adulte. Ce qui commence comme une rencontre surréaliste avec une version d’elle-même plus âgée de 21 ans va se transformer en voyage amusant et sincère alors que son futur elle commence à lui donner des conseils non sollicités sur l’amour, les choix de vie et la famille, forçant la toute jeune Elliott à repenser tout ce qu’elle croyait savoir. Cette prémisse bizarre aurait rapidement pu dérailler vers le chaos mais Megan Park maitrise son sujet et parvient à garder les choses sur terre, à garder la simplicité pour renforcer les enjeux émotionnels des personnages, en particulier les luttes internes de l’héroïne sur l’amour, sur l’identité, sur la croissance, tout en gardant de la première à la dernière seconde une très jolie authenticité.

L’authenticité, c’est ce qui ressort immédiatement de My Old Ass, en partie grâce au casting qui fait un excellent travail. Maisy Stella offre une performance d’une sincérité étonnante, capturant l’essence de l’angoisse et de l’incertitude de l’adolescence, commençant par ignorer ce qu’elle est sur le point de laisser derrière elle, ce qui lui permet de grandir au cours du film alors qu’elle découvre de nouvelles choses sur elle-même. Le jeune élément perturbateur du quotidien d’Elliott, le fameux Chad, est interprété par le charismatique Percy Hynes White qui joue avec brio le rôle de quelqu’un qui est censé être un signal d’alarme mais dont les actions et les paroles ne font que prouver le contraire, créant un tiraillement chez Eliott entre ses désirs passés et ceux futurs. Et puis il y a la toujours excellente Aubrey Plazza, présente uniquement le temps de deux longues scènes, apportant l’humour dans sa première et l’émotion et la mélancolie dans la seconde. Ensemble, ils arrivent à créer une dynamique qui élève My Old Ass bien au-delà de son idée de départ farfelue. Dommage que les personnages secondaires soient sous-exploités. Ils amènent de la profondeur au récit, certes, mais leurs histoires sont sous-développées et auraient pu amener encore plus de force au récit. La force de la mise en scène simple de Megan Park, c’est de laisser vivre ces personnages dans le cadre, de ne pas couper les silences un peu gênants, de mettre en images des petits moments tout simples, comme une baignade, un tour en bateau, un baisé volé, des regards qui en disent long, de s’attarder sur les petits détails qui comptent avant de livrer une brouette d’émotions bien méritée lors du final. Megan Park capte toute l’authenticité et la sincérité de son casting, de ses personnages, de son histoire, car elle sait que pour raconter une bonne histoire, la simplicité et le naturel suffisent parfois. Elle sait qu’une prémisse loufoque, de l’humour et de la légèreté peuvent amener beaucoup d’émotions. Elle sait qu’explorer les thématiques de l’identité, du temps qui passe, du bordel qu’est la transition vers l’âge adulte, fera vibrer la corde sensible du spectateur de tout âge, de celui qui est en plein dedans, à celui qui n’aura d’autres choix que de repenser à son adolescence en se disant que le temps passe décidément trop vite. Et je suis sûr qu’elle savait qu’elle était en train de faire un bon film, un très bon film.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting, excellent
♥ La simplicité de la mise en scène
♥ Des thématiques universelles
♥ Une réussite visuelle
♥ Des dialogues authentiques
⊗ Des seconds rôles qui manquent de profondeur
⊗ Une fin un peu abrupte
Mon Futur Moi / My Old Ass est un doux voyage sur le passage à l’âge adulte. Un film mignon, tendre, touchant, surprenant, au ton certes non-conventionnel, mais à l’authenticité et à la sincérité qui font plaisir à voir. Oui, vraiment, un très joli film.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Ce film réunit la scénariste/réalisatrice Megan Park et l’actrice Maddie Ziegler, qui ont travaillé ensemble sur le premier film de Park, The Fallout (2021).

• À l’instar de son personnage Elliot (qui se rend compte qu’elle n’est pas strictement attirée par les femmes), Maisy Stella s’identifie comme pansexuelle. C’est également le cas de Aubrey Plazza qui a déclaré publiquement être bisexuelle ou pansexuelle



Titre : Mon Futur Moi / My Old Ass
Année : 2024
Durée : 1h29
Origine : Canada
Genre : Mignonnerie
Réalisateur : Megan Park
Scénario : Megan Park

Acteurs : Maisy Stella, Aubrey Plaza, Percy Hynes White, Maddie Ziegler, Kerrice Brooks, Maria Dizzia, Alain Goulem, Seth Isaac Johnson, Carter Trozzolo, Alexandra Rivera

My Old Ass (2024) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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