Thomas part seul dans le désert pour chasser ses démons intérieurs. A la nuit tombée, un vagabond s’invite autour du feu de camp. La conversation se fait menaçante et l’irréparable se produit. De retour à Los Angeles, Thomas tente de cacher son secret mais il n’est pas revenu seul, une ombre plane constamment derrière lui.
Avis de Cherycok :
Une fois par mois, je parcours les rayons de mon magasin Noz à la recherche de blu-ray pas chers de films qui valent le coup d’œil. Intrigué je fus par une bobine titrée Mojave, comme le désert, avec un casting qui m’a bien plu, Garrett Hedlund (Tron : L’Héritage, Death Sentence) et Oscar Isaac (Star Wars 7/8/9, The Card Counter) en tête. La note IMDB n’était pas faramineuse, 5.2/10 pour 5400 votes, mais bon, pour 0.99€, je n’encourais pas un grand risque quoi qu’il arrive. Et puis j’avais bien aimé la seule autre réalisation du metteur en scène William Monahan, à savoir London Boulevard avec Colin Farrell et Keira Knightley, plus connu pour avoir scénarisé des films tels que Kingdom of Heaven (2005) et Mensonges d’État (2008) de Ridley Scott, Les Infiltrés (2006) de Martin Scorsese, Hors de Contrôle (2010) de Martin Campbell, ou plus récemment Marlowe (2021) de Neil Jordan. Après visionnage, on peut affirmer que cette note IMDB assez moyenne reflète bien le film Mojave, un film pas désagréable mais au final assez anecdotique, qu’on regarde sans déplaisir mais aussi sans entrain.
Le scénario de Mojave est assez simple. L’isolement dans le désert semble être idéal pour qu’un artiste parvienne à faire le point suite à une période de doutes et de crise personnelle. Mais le voyage à la recherche de son « vrai moi » devient beaucoup plus compliqué lorsque cette escapade solitaire dans le désert est interrompue par une forte consommation d’alcool, des tendances autodestructrices et un tueur en série psychopathe. A partir de là va s’installer un jeu du chat et de la souris entre les deux personnages avec au milieu un policier mort qui pourrait bien envoyer l’un comme l’autre en prison. Le film est donc essentiellement centré sur la confrontation du duo Garrett Hedlund / Oscar Isaac. Le casting est malheureusement à double tranchant. Aussi bien Hedlund qu’Isaac livrent des prestations à la fois brillantes et hors de propos. En fonction des scènes, soit ils sont très justes, soit trop cabotins. Bien que certaines scènes demandent un jeu plus exagéré que d’autres, c’est parfois un peu trop appuyé pour que cela soit crédible. On sent bien qu’ils tentent de donner un sens à leur personnage, mais ils n’y arrivent qu’un coup sur deux. Et du coup, les dialogues sonnent un peu faux, non pas qu’ils ne soient pas bien déblatérés par le casting, mais parce qu’on a parfois l’impression qu’ils veulent soit se donner l’air intelligent, en allant piocher sans vergogne dans le jargon littéraire (comme si le réalisateur / scénariste croyait que citer Melville et Shakespeare allait faire monter d’un cran le niveau de son film), soit juste être badass avec de la punchline un peu artificielle. On sent bien que derrière ces dialogues se cache un sous-texte sur la lutte des classes, ou que parfois la ligne est assez mince entre un artiste mal dans sa peau et un criminel. On pourrait également y voir une certaine critique du système hollywoodien, avec cette relation étrange qu’entretiennent les scénaristes et les producteurs. Mais ça ne fonctionne qu’en partie.
Les personnages de Mark Wahlberg (Boogie Night, Les Infiltrés) Walton Goggins (Les 8 Salopards, Django Unchained) et de la frenchie Louise Bourgoin (La Fille de Monaco, Adèle Blanc-Sec) ne sont au final qu’accessoires car marquant cruellement de développement, voire d’implication dans la trame de l’histoire. On a l’impression qu’ils sont là juste pour balancer les 2/3 idées politiques du réalisateur, les 2/3 critiques du système qu’il a envie d’exprimer et rien de plus. S’ils n’étaient pas là, cela n’aurait que peu d’impact sur ce duel entre les deux personnages principaux qui, bien que bancal, arrive à maintenir l’intérêt du film, avec une tension qui monte crescendo au fur et à mesure qu’ils se croisent et qu’ils échangent joutes verbales et autres moments plus musclés. Il y a une réelle alchimie qui se dégage de ce duo. La mise en scène est bonne. Visuellement, Mojave est beau, aussi bien dans la façon qu’a le réalisateur de mettre en valeur ces paysages désertiques que lorsqu’il filme les acteurs en plans plus serrés, avec une caméra toujours placée au bon endroit. Même chose au niveau de la musique qui, bien qu’au final pas non plus très originale, participe néanmoins activement à capturer l’ambiance de chaque scène et même parfois à leur donner plus de sens. On regrettera par contre quelques idées étranges. Par exemple, on comprend que le héros va dans le désert possiblement pour mettre fin à ses jours, mais lorsqu’un inconnu se présente et qu’il pourrait clairement aider à cela, notre héros décide que, finalement non, c’est bien de rester en vie. Et puis le scénario, au final, si on calcule bien, n’a pas de réel but si ce n’est cette confrontation entre les deux personnages et c’est bien mince. Cette accumulation de points noirs font que même s’il reste regardable, Mojave reste une bobine dont on peut se passer aisément.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un casting sympathique… ♥ Visuellement agréable ♥ L’ambiance |
⊗ …mais en demi-teinte ⊗ Des dialogues qui sonnent faux ⊗ Des incohérences |
Une bonne mise en scène ne fait pas forcément un bon film et Mojave en est l’exemple même. Il peine à convaincre et, bien qu’il soit malgré tout regardable grâce à sa courte durée, c’est au final un film moyen et oubliable. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Le métrage devait au départ durer 129 minutes mais a finalement été amputé de plus de 30 minutes pour arriver à une durée de 1h33.
• Lorsque le film est sorti en 2015, c’était la première fois que Mark Wahlberg mourrait dans un film depuis 15 ans.
Titre : Mojave
Année : 2015
Durée : 1h33
Origine : U.S.A
Genre : Mi-ville Mi-désert
Réalisateur : William Monahan
Scénario : William Monahan
Acteurs : Garrett Hedlund, Oscar Isaac, Louise Bourgoin, Tim Soergel, Ralph Brannen, Walton Goggins, Mark Walberg, Matt Jones, Oliver Cooper, Fran Kranz