[Film] Missing, de Ronnie Chau (2019)


Une assistante sociale part à la recherche de son père, un policier ayant disparu sept ans plus tôt dans les collines de Sai Kung à Hong Kong.


Avis de Cherycok :
Même si le cinéma de Hong Kong n’est plus ce qu’il était, avec beaucoup moins de films sortant tous les ans et des genres qui ont clairement évolué, il y a toujours des jeunes réalisateurs qui font leur apparition et qui tentent leur chance dans une industrie un peu en berne, mais pas complètement morte comme le disent certains. C’est le cas de Ronnie Chau qui signe un premier film appelé Missing, à ne pas confondre avec The Missing (2015) de Billy Chan, Missing (2008) de Tsui Hark, ni The Missing (2003) de Lee Kang-Sheng. Le Missing qui nous intéresse est écrit à partir d’un roman publié en 2016 sur Internet et c’est une bobine horrifique tournant autour d’une légende urbaine de Hong Kong selon laquelle un portail menant vers un autre monde qui serait situé dans les collines de la péninsule de Sai Kung à Hong Kong. Il s’agit d’un film d’horreur psychologique qui risque de diviser, son ambiance atmosphérique risquant de laisser sur le carreau les spectateurs s’attendant à quelque chose qu’un minimum punchy.

L’histoire du film est celle de Ying, assistante sociale de son état, dont le père a disparu depuis 7 ans lors de sa randonnée matinale dans une forêt à l’extérieur de Hong Kong., mais qui n’arrive pas à tourner la page car elle est persuadée qu’il n’est pas mort. Elle s’est éloignée de sa mère qui, à l’inverse, a décidé d’aller de l’avant et de passer à autre chose. Une lueur d’espoir apparait chez Ying lorsqu’un collègue policier de son père la contacte car le badge de ce dernier a été retrouvé par le propriétaire d’un magasin de matériel de randonnée. Dans sa tentative de retrouver son père, Ying apprend que sa disparition pourrait être liée à une légende urbaine selon laquelle il existerait des portails qui, une fois ouverts, permettraient à des vivants de passer à l’intérieur et de rejoindre un royaume rempli d’esprits errants revivant sans cesse les circonstances et le traumatisme de leur mort. Ying va partir dans cette forêt en quête de réponses. Hong Kong n’a jamais été un grand pays de films d’horreur, contrairement à d’autres pays asiatiques tels que le Japon ou l’Indonésie. Pourtant, et de manière régulière, des cinéastes s’y sont essayés, avec plus ou moins de réussite. Avec Missing, il ne faut pas s’attendre à du jumpscare putassier ou à du bon gros gore qui tâche. Ronnie Chau préfère verser dans l’horreur psychologique, voire le thriller surnaturel avec une atmosphère inquiétante, choisissant l’ambiance et la tension plutôt que les sursauts artificiels comme on le voit souvent. Un angle d’attaque intéressant mais qui ne réussit clairement pas tout ce qu’il tente, aussi bien dans la forme que dans le fond.

L’ambiance du film est des plus intéressantes. Au fur et à mesure que le film avance, que Ronnie Chau pose les différents axes qu’il va développer, son film se fait tantôt inquiétant, tantôt tendu, mais ne laisse malheureusement pas planer jusqu’au bout le mystère qui plane réellement sur son histoire. Certes, il n’apporte rien de bien nouveau au genre, et semble même s’inspirer de ce qu’il a déjà vu dans le passé, aussi bien dans le cinéma japonais que dans les classiques américains, mais il n’a que rarement recours aux clichés et autres moyens inhérents au genre pour que l’ensemble se tienne. Il se montre même assez créatif le temps de quelques scènes lorsque le film bascule dans cet univers parallèle. On notera d’ailleurs un joli effort au niveau de la bande son qui accompagne parfaitement le côté très lumineux et presque naturaliste de la photographie. Mais Missing a quelques tares parfois très gênantes qui le tirent clairement vers le bas, à commencer par sa construction très lente, malgré ses 1h24 au compteur, et qui pourra rebuter certains spectateurs, les arcs narratifs des personnages secondaires, bien que parfois sympathiques, ne venant qu’entraver une progression de l’histoire parfois un peu laborieuse. Et puis il y a le casting qui ne joue pas en faveur du métrage. Entre Gillian Chung qui a parfois l’air perdue dans cette histoire, le regard parfois dans le vide, d’autres comme Ling Man Leung et Joey Lung sont à l’inverse dans un surjeu très théâtral qui dénote un peu trop, quand ça ne tombe pas dans le ridicule, et qui vient un peu gâcher la fête.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une ambiance intéressante
♥ Des influences bien assimilées
♥ Une tension plutôt bien gérée
⊗ Le jeu d’acteur
⊗ Une construction beaucoup trop lente
⊗ Des arcs narratifs secondaires peu intéressants
Missing est une tentative hongkongaise intéressante d’horreur psychologique. Malheureusement, ce premier film de Ronnie Chau est trop imparfait pour retenir suffisamment l’attention. Essai semi-validé donc.



Titre : Missing / 失蹤
Année : 2019
Durée : 1h24
Origine : Hong Kong
Genre : Horreur psychologique
Réalisateur : Ronnie Chau
Scénario : Ronnie Chau, Phillip Pang

Acteurs : Gillian Chung, Ling Man-Lung, Candice Yu, Josephine Koo, Ko Hon-Man, JJ Jia Xiaochen, Joey Leung

Missing (2019) on IMDb


5 1 vote
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

3 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires