Une mystérieuse cassette audio contenant une mélodie… quiconque l’entend commence doucement à la fredonner, par eux-mêmes, avant d’être impliqué dans de tristes accidents.
Avis de Rick :
Ça a déjà été dit, quasiment à chaque fois, mais Shimizu Takashi s’est quelque peu perdu ces dernières années, sans pour autant atteindre le triste niveau de Nakata Hideo, lui au fond du trou. Et ce même si en 2023, Nakata aura réussi à moyennement convaincre avec son Forbidden Play… Mais moyennement, c’est déjà bien mieux que Sadako en 2019 qui faisait mourir d’ennui et It’s in the Woods en 2022 qui faisait mourir de rire. Mais Shimizu, malgré la baisse de qualité depuis Inunaki, reste un cran au-dessus, car il croit à ce qu’il fait. Ça a beau être bancal, trop long, partir dans tous les sens, il y a toujours un petit quelque chose à sauver, que ce soit dans Suicide Forest Village, Ox-Head Village ou Immersion. Il est juste dommage que le temps des vrais grands films horrifiques, et bien, ça commence à dater. Heureusement, pour la fin 2023, Shimizu délaissait enfin les villages hantés et les sujets sans doute trop complexes pour lui (la VR) et revenait à la base avec ce Minna no Uta (la chanson de tout le monde si l’on traduit littéralement). Pas un chef d’œuvre, mais clairement un retour à ce que Shimizu sait faire de mieux. Une intrigue simple, une malédiction simple, une enquête, quelques moments classiques mais bien trouvés, et un métrage hyper efficace qui, en plus, a la gentillesse de ne pas durer 2h comme les précédents de Shimizu. Oui, la différence entre 2h et 1h42 paraît mince, mais elle se ressent immédiatement, surtout quand d’un côté, c’est bien et justifié, et de l’autre trop long et compliqué pour rien. Minna no Uta donc, c’est exactement ce que l’on pouvait attendre de Shimizu il y a 10 ans de ça, et rien que pour ça, la vision du métrage fait extrêmement plaisir.
À la base de tout ça, il y a une vraie légende urbaine, plutôt méconnue aujourd’hui, d’une voix présente sur un enregistrement audio lors d’un vieux concert des années 70. Shimizu prend ce petit élément pour construire son film autour, citant même la légende et permettant d’ancrer son nouveau métrage dans un univers tangible, sans en faire des tonnes. Ici, ce sera donc une cassette (ah, les plus jeunes ne connaissent pas tout ça) retrouvée dans un vieux débarras pour un membre d’un groupe. Et premier point, qui d’ailleurs m’aura fait peur, oui, pas mal de jeunes acteurs dans le métrage sont de vrais chanteurs, mais donc, pas vraiment des comédiens. L’accent est donc mis, lors de certaines scènes, sur le vrai monde de la musique. Mais rassurez-vous, Shimizu ne fait pas comme Shiraishi avec son Shirome, nous sommes bien là face à un réel film d’horreur, et jamais le reste ne prendra le pas sur l’intrigue. D’ailleurs, comme souvent, nous pourrons dire que ce qui intéresse le plus le réalisateur, et par extension l’histoire qu’il raconte, ce sera l’enquête, menée par Makita Sports, de plus en plus présent récemment sur le grand écran (après le très sympathique Mondays en 2022), pour découvrir le pourquoi du comment de cette cassette. Et Shimizu ne fait pas les choses à moitié, retournant clairement à la base de son cinéma. Peu de jumpscares ici, mais plutôt une atmosphère, lente, qui doucement mais sûrement nous envahit, nous fait douter, peu mettre mal à l’aise. Et il y parvient le bougre, car comme d’habitude, il met en avant un sens aiguisé de la mise en scène qui fait toujours plaisir, et qui ne l’a en réalité jamais quitté, même dans ses films les moins bons.
C’est ce sérieux technique d’ailleurs, et ce sérieux à toute épreuve dans l’intrigue que Shimizu souhaite raconter, qui fait passer l’ensemble comme une lettre à la poste, malgré le côté connu de l’entreprise. Car durant 1h42, rien ne viendra réellement surprendre le spectateur, encore moins celui qui a bouffé un peu tout ce qui se fait dans le genre depuis une vingtaine voire trentaine d’années. Minna no Uta fait dans le classique, à tous les niveaux, que ce soit dans ses apparitions spectrales, dans ses rebondissements, dans la structure de son récit, dans son enquête, dans son immanquable flashback pour tout nous expliquer, et même finalement dans son final. A l’opposé de sa fameuse trilogie sur les villages hantés, qui parvenaient à surprendre, au dépend parfois de la logique, en partant un peu dans tous les sens. Ici, c’est carré, très classique, déjà vu même, mais quand c’est fait avec autant de sérieux par un technicien doué et appliqué, et bien finalement, ça passe très bien, et ça parvient à tenir en haleine sur la durée, jusqu’à son dénouement, avec ce sentiment d’avoir réellement vu un vrai bon film de frousse, qui touche au but et fait durant plus d’une scène son petit effet sur son public cible. Alors oui, c’est très voire trop classique, oui certains comédiens ne sont pas top, mais finalement, le contrat est rempli de belle manière. Et d’autres films de ce calibre-là, j’en veux bien d’autres monsieur Shimizu. A noter d’ailleurs que sa scénariste sur Minna no Uta, Kakuta Rumi (également scénariste de Think Again Junpei, dont le blu-ray attend sur son étagère depuis un an), a depuis signée le scénario de Mina ni Sachi Are début 2024, et que le trailer donne sacrément envie !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement maitrisé ♥ Classique mais prenant ♥ De bons moments de frousses ♥ Shimizu, en forme, sur une histoire simple ♥ Sans temps morts |
⊗ Certains acteurs qui n’en sont pas ⊗ Oui, ça reste extrêmement classique et prévisible |
Minna no Uta, c’est bien le retour de Shimizu aux affaires, un récit simple, sérieux, efficace, pour un film d’horreur certes classique mais oh combien prenant. |
Titre : Minna no Uta – ミンナのウタ
Année : 2023
Durée : 1h42
Origine : Japon
Genre : Shimizu enfin en forme
Réalisation : Shimizu Takashi
Scénario : Kakuta Rumi
Avec : Makita Sports, Hayami Akari, Hoshi Tomoko, Katayose Ryôta, Shirahama Alan, Komori Hayato, Sano Reo, Sekiguchi Mandy, Nakatsuka Yûta, Kazuhara Ryuto et Yamakawa Marika
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