Kazuhito, sorti d’une prestigieuse université, n’a pas de grandes ambitions et préfère enchaîner les petits boulots à temps partiel. Alors qu’il retrouve une amie de lycée qui lui parle des bains publics, il va alors commencer à travailler là-bas. Seulement il va se rendre compte que les bains sont utilisés après la fermeture pour une activité un peu plus meurtrière…
Avis de Rick :
Déjà sorti en Angleterre il y a quelques temps chez Third Window Films, Melancholic débarque à présent en France chez Spectrum Films. Un métrage qui s’intégre plutôt bien d’ailleurs dans leur line-up actuel du cinéma Japonais, mettant en avant de nouveaux metteurs en scènes, sur des films récents ayant des choses à dire sur la société, tout en sachant divertir le spectateur. Ce fut le cas avec le génial Beyond the Infinite Two Minutes, puis avec le très bon Extraneous Matter, et ça continue à présent avec Melancholic, qui sort en combo avec Noise. En attendant les sorties prochaines d’Hydra et Bad City, pour du cinéma plus musclé. Melancholic, c’est l’histoire de Kazuhito, un Japonais comme les autres, vivant toujours chez ses parents, diplomé d’une université prestigieuse, mais qui pourtant, n’est pas heureux dans sa vie. Du coup, il enchaîne les petits boulots. Comme il le dit si bien lui-même, ce n’est pas parce qu’il sort d’une grande université qu’il doit absolument travailler pour une grande entreprise et être bien vue par son entourage. Mais une série de petits événements qui vont s’enchaîner vont pourtant lui faire un peu changer sa vision des choses, et surtout, vont lui donner de nouvelles perspectives. Dans un premier temps, il va retrouver une ancienne camarade de classe, et bien qu’au départ très distant avec elle, avec son aptitude habituelle d’homme peu concerné par ce qui l’entoure, il va la retrouver lors d’une réunion d’anciens élèves. Bien que se sentant à l’écart comparé aux autres et à leurs situations sociales actuelles, Kazuhito va continuer de voir Yuri, et finalement va se faire embaucher pour s’occuper des bains publics, où Yuri aime aller, assez souvent. Avec ce point de départ, on pourrait craindre que Melancholic ne soit finalement qu’une simple romance avec deux personnages finalement assez éloignés des normes Japonaises.
Ce qui n’aurait pas été un mal en soit suivant le traitement bien évidemment. Mais Melancholic, il suffit de lire son synopsis ou de jeter un œil à sa pochette pour comprendre que non, le métrage va dans une autre direction, puisque Kazuhito sera témoin des activités supplémentaires des bains, une fois ceux-ci fermés au public. Oui, on y tue des gens, puis il faut tout nettoyer et bien entendu se débarrasser des corps. Témoin de ses actes, Kazuhito n’a alors plus vraiment le choix, et se voit donc proposer de travailler aussi comme nettoyeur lorsque l’on a besoin de lui. Il accepte, même si encore une fois, il n’en a pas vraiment le choix, étant clairement un témoin qui sera éliminé également si l’envie lui venait de refuser. Mais Kazuhito en réalité, il trouve presque un sens à sa vie, il prend goût à cette nouvelle activité, il est très curieux de ce milieu qu’il ne connait pas, et comme tout lui réussit à côté, avec Yuri acceptant de devenir sa petite amie, il vit sa meilleure vie. Si bien qu’il sera par moment jaloux lorsque l’on fera appel à quelqu’un d’autre pour nettoyer, qu’il inondera les tueurs de questions pour en savoir plus, sur les victimes, sur comment tout ça fonctionne, sur le passé du gérant des bains. Rien de bien nouveau dans le fond, mais dans la forme, Melancholic nous raconte finalement une histoire assez prévisible mais d’un point de vue plus humain. Les exécutions sont froides et souvent expéditives, filmées de loin pour garder le point de vue de notre héros qui ne participe pas vraiment aux tueries, et la caméra ne se rapprochera alors de l’action que lorsque Kazuhito n’est pas physiquement présent sur place. En réalité, Melancholic tire sa force de son personnage principal, le fait évoluer, doucement certes, mais sûrement, sans pour autant dénaturer ce qui faisait de lui ce qu’il est à présent.
Le métrage propose donc un côté bien plus intimiste que d’habitude, et ne tente donc jamais d’en faire trop dans le sensationnel. L’action est rare et courte, on reste toujours sur le point de vue de Kazuhito, quelques notes d’humour noir s’invitent dans le récit (ou alors j’ai l’esprit tordu, allez savoir), et le métrage passe beaucoup plus de temps sur les à-côtés, sur les discussions entre nettoyeurs autour d’un petit verre, plutôt que sur son aspect thriller. Ce qui pourra ne pas plaire à tous du coup. Surtout que par moment, bien que restant le plus souvent sobre, Melancholic foire quelques petits effets, la faute notamment à un numérique un peu trop voyant pour un film si sobre, en particulier lors d’une scène du dernier acte, qui semble même quelque peu maladroite, dans son montage, dans le jeu des acteurs. Dommage, bien que sur l’ensemble du métrage, ces quelques ratés de quelques secondes ne viennent pas non plus noircir le verdict. Car finalement, on se prend d’affection pour ses personnages clairement différents de ce que la société aimerait attendre d’eux, que ce soit Kazuhito, Yuri, ou bien Matsumoto travaillant lui aussi aux bains. Et c’est ce qui compte. Le film ne renouvelle pas le genre, mais en prenant une approche plus humaine et moins bourrine sur le sujet, il captive.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Des personnages attachants ♥ Un film qui sait prendre son temps ♥ N’abuse pas de la violence |
⊗ Quelques petits ratés ou moments hésitants ⊗ En soit, toujours rien de neuf dans le genre |
Melancholic parvient à tenir en haleine en plaçant un regard humain sur le genre, en se focalisant sur un personnage extérieur aux meurtres. Pour un premier film, c’est une réussite, malgré quelques défauts. |
MELANCHOLIC est sorti chez Spectrum Films en Blu-ray, accompagné du film NOISE, au prix de 25€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En Plus du film, on retrouve : Court-métrage, Making of, Q&A et bande-annonce |
Titre : Melancholic – Merankorikku – メランコリック
Année : 2018
Durée : 1h54
Origine : Japon
Genre : Dur dur les Baito
Réalisateur : Tanaka Seiji
Scénario : Tanaka Seiji
Acteurs : Minagawa Yôji, Isozaki Yoshitomo, Yoshida Mebuki, Hada Makoto, Yada Masanobu et Hamaya Yasuyuki
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