[Film] Master Z : The Ip Man Legacy, de Yuen Woo-Ping (2018)


Après avoir été vaincu par le Maître Ip Man, Cheung Tin Chi, blessé dans son orgueil, mène une vie modeste, se consacrant à son épicerie et à l’éducation de son fils. En voulant secourir une femme, le challenger de Ip va devenir la cible des triades de Hong-Kong, menées par le cruel Kit Kang et sa sœur Kwan. Il devra affronter le funeste Owen Davidson, un homme d’affaires américain au cœur d’un commerce d’héroïne pour vaincre tous ses ennemis, sauver sa fierté et gagner le respect de ses pairs.


Avis de Cherycok :
Il faut avouer que c’est un peu le bordel de s’y retrouver dans les Ip Man tant on a l’impression qu’il sort presque un film par an estampillé Ip Man. Il y a bien entendu les quatre opus signés Wilson Yip avec Donnie Yen en vedette, sortis en 2008, 2010, 2015 et 2019. En parallèle, il y a les opus de Herman Yau, à savoir Ip Man – The Legend is Born (2010) qui traite de la jeunesse du maitre et Ip Man : The Final Fight (2013) qui s’attarde sur ses dernières années. En 2013, c’est Wong Kar-Wai qui s’y met avec The Grandmaster dans lequel il donne sa vision à lui, très stylisée. Un Ip Man : Kung Fu Master, parfois retitré Ip Man 5, sort en 2019. Mais il y a également Master Z : The Ip Man Legacy, sorti en 2018. Oui, on n‘est pas loin de la IpMansploitation ! C’est à ce dernier film que nous allons nous intéresser aujourd’hui puisque, à part Ip Man : Kung Fu Master, tous les autres ont déjà eu droit à leur chronique en ces lieux. Alors c’est parti pour une bonne petite série B où les bastons sont légion.

Si vous vous souvenez bien, dans Ip Man 3, Ip Man était confronté à un autre maitre en arts martiaux, Cheung Tin-Chi, qui tenait une école concurrente et avec qui il avait dû en découdre. C’est ce personnage que nous allons suivre dans Master Z : The Ip Man Legacy. Après sa déconvenue dans Ip Man 3, il décide de se ranger des arts martiaux et s’en va avec son petit garçon ouvrir une épicerie afin de mener une vie pépère. Mais alors qu’il part en livraison après avoir déposé son fils à l’école, Il voit une jeune femme se faire violemment agresser par des malfrats. Ni une ni deux, il descend de son vélo, aide la demoiselle et donne une bonne correction à ces voyous. Sauf qu’il ne sait pas à qui il s’est frotté car ces hommes font partie d’un puissant gang très violent et ils vont décider de se venger en mettant le feu à son épicerie. Manquant de mourir, il décide à son tour de se venger en incendiant leur fumerie d’opium. C’est le début d’une escalade de violence dont tout le monde ne sortira pas indemne.
Produit par Donnie Yen, Master Z : The Ip Man Legacy n’est pas à proprement parler un film sur Ip Man. Nous sommes ici plus dans un spin off de la saga de Wilson Yip, bien que toujours écrit par Edmond Wong et Chan Tai-Li qui avaient déjà scénarisé les Ip Man de Yip. La réalisation est confiée au maitre du kung fu Yuen Woo-Ping et les chorégraphies vont être gérées par son frère Yuen Shin-Yi qui fait partie du légendaire Yuen Clan. On retrouve au casting des pointures martiales. On a donc Max Zhang, qui reprend son rôle de Ip Man 3 et qui se voit pour la 2ème fois, après The Brink (2017), attribuer un premier rôle, dont les prouesses martiales ne sont plus à prouver. A ses côtés, on retrouve le charismatique Xing Yu (Ip Man, Crazy Kung fu) qui une fois de plus s’en donne à cœur joie dans la tatane, Michelle Yeoh (Tigre et Dragon, Police Story 3) qu’on est content de retrouver et qui lève toujours bien la gambette, Tony Jaa (Ong Bak, SPL 2) et son style particulier, ou encore l’imposant Dave Bautista (Les Gardiens de la Galaxie, Hotel Artemis) pour le côté géant indestructible. Autant dire qu’avec tout ce beau monde, il fallait s’attendre à ce que ça castagne sévère.

Et c’est effectivement le cas ! Master Z : The Ip Man Legacy est ultra généreux en combats. Des combats assez câblés qui risquent de ne pas plaire forcément aux puristes, mais des combats sacrément bien fichus malgré tout. Les chorégraphies sont dynamiques, souvent inventives, où la distribution de tatanes de masse côtoie la destruction massive assez jouissive de décor. Bien qu’on ait parfois l’impression que tout va être sujet à engendrer une baston, les amateurs devraient en avoir pour leur argent tant ça fait plaisir de voir un film du genre dans une période où le cinéma de Hong Kong n’est plus que l’ombre de lui-même (malgré quelques soubresauts ci et là). C’est toujours plaisant de revoir des combats à 1 contre 50 comme à la belle époque. Si les combats et le casting de luxe sont clairement deux gros atouts du film, on ne peut pas forcément dire la même chose du reste. Le schéma narratif et toute la construction du film sont vus et revus moult fois. On est dans le classicisme dans toute sa splendeur. Le film va accumuler tous les clichés et poncifs du genre avec des flics corrompus jusqu’à la moelle, des occidentaux qui sont forcément tous des grosses raclures (paie ta vision bien réductrice de l’histoire de Hong Kong… surtout lorsqu’on voit ce que le gouvernement chinois fait subir à l’ex-colonie britannique…), des triades qui ne font jamais dans la demi-mesure, le passé qui finit toujours par ressurgir, le peuple qui va se révolter, … Ce n’est clairement pas original pour un sou. Mais l’ensemble reste vraiment très efficace. Les personnages sont assez attachants avec des acteurs qui s‘en sortent très bien ; le film sait amener de la noirceur quand il le faut sans jamais tomber dans le pathos ; et donc surtout, le film nous délivre un bon gros quota de branlées façon avalanche de bourre-pif qui font plaisir. Et ne serait-ce que pour cette dernière raison, Master Z : The Ip Man Legacy est une série B qui vaut le détour.

LES PLUS LES MOINS
♥ Ça bastonne sévère
♥ Le casting classieux
♥ Les personnages attachants
♥ Bien rythmé
⊗ Des clichés par douzaines
⊗ Scenario lambda
Bien que pas original pour un kopeck, Master Z : The Ip Man Legacy est un divertissement des plus efficaces qui mise clairement plus sur ses nombreux fights chorégraphiés par le clan Yuen que sur son scénario plus que convenu.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Une suite aurait déjà été écrite. Aucune autre information pour le moment, ni sur l’histoire, ni sur le casting. A voir si elle voit le jour…
• Brian Thomas Burrell et Xing Yu ont tous deux joué un rôle différent dans les précédents films Ip Man. Xing Yu en tant que Lin dans Ip Man 1 et Brian en tant qu’Emcee dans Ip Man 2.
• C’est la deuxième fois que Max Zhang et Tony Jaa sont ensemble dans un film, la première fois c’était dans SPL II : A Time for Consequences.


Titre : Master Z : The Ip Man Legacy
Année : 2018
Durée : 1h43
Origine : Hong Kong / Chine
Genre : Ip Man mais sans Ip Man
Réalisateur : Yuen Woo-Ping
Scénario : Edmond Wong, Chan Tai-Li

Acteurs : Max Zhang, Michelle Yeoh, Dave Bautista, Ada Liu Yan, Xing Yu, Tony Jaa, Chrissie Chau, Kevin Cheng, Patrick Keung, Yuen Wah, Billy Lau, Anita Wong

 Master Z: The Ip Man Legacy (2018) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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