Masuoka est obsédé par les phénomènes liés à la peur : d’où provient-elle et à quoi conduit elle ? Il a filmé dans le métro le suicide d’un homme dont le visage était marqué par une stupeur indicible. Ces images l’obsédant, il traque dans les rues de Tokyo, caméra à la main, des éléments de compréhension. Ses recherches le conduisent dans un monde souterrain, où il découvre une jeune fille enchaînée. Il la ramène chez lui et décide de l’élever.
Avis de Yume :
Depuis la déferlante Ring en 1998, le genre horreur a retrouvé ses lettres de noblesse, ou tout du moins un public. Dans la masse de films plus ou moins ringards, un jeune réalisateur a réussi à se faire un nom avec une seule licence, celle de The Grudge. Takashi Shimizu, puisque c’est de lui dont il s’agit, en a donc visiblement enfin fini avec sa licence, qu’il a quand même décliné 5 fois, entre DV et cinéma japonais et américain ; un bel exploit ! Il revient donc peu après son expérience américaine avec un film d’horreur qui se veut étonnant : Marebito, littéralement L’être Venu d’Ailleurs.
Et c’est bien cet être venu d’ailleurs qui permet au film de ne pas sombrer corps et âme. Il faut donc saluer la performance de la jeune actrice Tomomi Miyashita, qui arrive à créer un personnage humanoïde mais non humain sans aucun artifice, à part une démarche particulière dérivée de la danse butoh. Par contre à part cette performance, il n’y a pas grand-chose à sauver dans Marebito, et surtout pas son scénario. Partant d’une base intéressante Takashi Shimizu et son scénariste Chiaki Konoka n’arrivent pas à créer une intrigue prenante, et une ambiance de terreur. En fait, le film s’enlise trop rapidement dans un pseudo discours philosophique, plus proche de la discussion de comptoir que de l’analyse. Qu’est-ce que la peur ? Voilà la question que veut soulever Marebito à travers l’errance et la recherche du personnage de Shinya Tsukamoto.
Il y a bien quelques idées sympathiques de temps à autres, comme cette problématique entre éduquer ou élever la jeune fille, ou bien des références à des auteurs classiques du genre comme Lovecraft et Dante. Mais au final le mélange se révèle indigeste, et surtout peu sauvé par la réalisation. Certes Takashi Shimizu n’a disposé que d’un budget réduit, et d’un temps de tournage très court. Mais est-ce une raison pour abîmer autant les yeux des pauvres spectateurs avec ses passages en caméra subjective, et ses angles de cadrages particuliers. L’exercice de style constant que s’impose Takashi Shimizu ne sert néanmoins pas vraiment son propos, sauf pour ce qui du cadre qui est celui d’une ville froide, quasi désertique, violente, technologique et bétonnée. A certains moments, on se croirait même dans un film réalisé par l’acteur principal Shinya Tsukamoto. Ce dernier traverse le film, la mine renfrognée, l’œil hagard, sans jamais pourtant se rapprocher des performances qu’il faisait dans ses propres longs métrages. Alors qu’est-ce que la peur ? une chose est sure, ce n’est pas ce film.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La performance de Tomomi Miyashita | ⊗ Le scénario ⊗ Ambiance ratée ⊗ Le pseudo discours philosophique |
Marebito est un coup dans l’eau et son discours pseudo intellectuel se transforme en masturbation mentale incompréhensible. Si jamais il y avait quelque chose à comprendre. |
Titre : Marebito / 稀人
Année : 2004
Durée : 1h32
Origine : Japon
Genre : C’est quoi la peur ?
Réalisateur : Takashi Shimizu
Scénario : Chiaki Konaka
Acteurs : Shin’ya Tsukamoto, Tomomi Miyashita, Kazuhiro Nakahara, Miho Ninagawa, Shun Sugata, Junko Amagi, Masaru Endô, Kaori Fujii, Masayoshi Haneda