À New York, un tueur en série sème la panique. Vêtu d’un uniforme de policier et d’une matraque épée, il multiplie les meurtres, créant un climat de tension au sein des forces de l’ordre de la ville. Le Lieutenant Frank McCrae mène son enquête, désirant attraper le responsable de cette psychose générale.
Avis de John Roch :
Maniac Cop marque la première collaboration entre Larry Cohen, réalisateur et scénariste prolifique aux idées improbables (Le Monstre Est Vivant et ses suites, Meurtres Sous Contrôle, Épouvante sur New York, The Stuff…) et William Lustig qui a livré deux premiers métrages marquant (Maniac et Vigilante) mais qui était alors dans le creux de la vague et n’avait plus rien tourné depuis. La légende raconte que Maniac Cop est né d’une conversation autour d’un verre. Cohen aurait demandé à Lustig pourquoi celui-ci ne faisait pas de suite à Maniac, ce à quoi celui-ci aurait répondu qu’il n’y voyait aucun intérêt. Cohen aurait alors prononcé les deux mots magiques : Maniac Cop. Et oui, parfois il suffit d’un rien pour lancer un film. Larry Cohen s’occupe du scénario, William Lustig est partant pour la réalisation, reste à trouver un producteur. Et ça tombe bien car James Glickenhaus, entrepreneur, passionné et collectionneur de voitures de sport et accessoirement réalisateur (on lui doit entre autres le bourrin vigilante movie Le Droit De Tuer), veut se lancer dans la production. Pour Maniac Cop, il lâche un million de billets verts pour ce qui est en apparence un slasher movie comme il en pleuvait dans les années 80. C’est sans compter sur le talent de scénariste de Larry Cohen qui s’éloigne du genre et écrit un script qui tient plus du polar horrifique que du genre sus-mentionné. .
Maniac Cop comporte des éléments hérités du slasher movie. Les premières minutes qui enchaîne les meurtres, l’utilisation d’une arme blanche (ici planquée dans une matraque), la silhouette d’un tueur imposant dont on ne découvrira le visage que dans les derniers instants, ou la fin volontairement ouverte. Petite originalité ici quand au look du tueur puisqu’il s’agit d’un grand costaud qui porte l’uniforme d’un flic. Pourtant, Maniac Cop va s‘éloigner totalement du slasher en privilégiant une dimension policière à l’intrigue plutôt qu’un énième massacre d’ados par un énième boogeyman. Au contraire, point de jeunes gens dans Maniac Cop dont les personnages sont tous des flics campés par un casting de pur B movie où se croisent Tom Hatkins, Bruce Campbell, Richard Roundtree, Robert Z’Dar ou encore Laurene Landon. Maniac Cop est avant tout un polar. L’accent est mis sur l’enquête pour retrouver cet homme déguisé en policier qui assassine des innocents et terrorise la population, à moins que ce ne soit un vrai flic. Théorie à laquelle croit l’inspecteur McCrae, en charge de l’enquête. Après l’arrestation de l’agent de la paix Forrest que tout désigne comme coupable, il va découvrir au fil de son enquête que l’assassin n’est autre que Matt Cordell, légende de la police aux méthodes aussi expéditives que celle de l’Inspecteur Harry qui a été condamné à la prison pour abus de pouvoir. Petit problème : emprisonné avec tous ceux qu’il avait arrêté, Cordell s’est fait assassiner en taule plusieurs années auparavant. Alors toujours vivant ou fantôme ce Cordell ? Maniac Cop laisse légèrement planer le doute au détour de quelques scènes pour tout de suite abandonner l’idée. C’est le principal reproche que l’on peut faire à Maniac Cop : le métrage est bourré d’idées, mais celles-ci ne sont parfois qu’esquissées alors qu’elle auraient méritées plus de développement. Sur les motivations de Cordell déjà. Si son but est bel et bien une revanche sur le système judiciaire qui l’a mis à l’ombre, le personnage ne dépasse pas au final le statut de psycho killer classique en s’attaquant trop souvent à n’importe qui. Ça a du sens au départ, Cordell a un plan (semer la panique en ville pour ébranler l’image de la police, désigner un faux coupable pour rester dans l’ombre etc) mais ça ne tient pas sur la longueur, ledit plan étant tout de même assez complexe pour finalement se venger de deux à trois personnes, alors qu’il en massacre le triple.
Il en va de même pour une idée qui est excellente sur le papier. Lorsque l’affaire devient publique, les gens se mettent à craindre la police. Remis dans son contexte, à savoir le New York pré Rudy Giuliani de la fin des années 80 qui était alors au top de sa criminalité, Larry Cohen pose la question suivante : dans une ville rongé par le crime, la drogue et la violence, que ce passerait-il si même l’uniforme censé protéger et servir aspire la peur aux habitants ? Une panique qui est certes présente dans le métrage, mais finalement peu exploitée alors que cette thématique est intéressante et est même toujours d’actualité. Malgré tout, les idées sont là et si les 1h25 que dure le métrage ne permet pas de les développer plus en profondeur, le scénario de Maniac Cop est plus intéressant qu’il ne paraît et reste tout de même bien écrit. Si l’accent est donc mis sur le coté policier, cela n’empêche pas un rythme bien géré et on ne s’ennuie jamais devant le film dont l’intrigue est prenante de bout en bout, non pas sans humour, sans passages horrifiques dès lors que l’officier Matt Cordell apparaît à l’écran, le film contient même quelques cascades qui ont de la gueule. Un scénario illustré par un aspect technique plus que correct. Aidé par une superbe photographie qui sublime les scènes nocturnes, William Lustig livre ici une réalisation fluide, iconise son boogeyman dans des plans qui ont de la gueule, tout autant que certaines scènes telles que le flashback sur la mort de Cordell, ou que ceux de New York aussi beaux qu’inquiétants, bien que l’on soit loin de l’aspect craspec de Maniac. L’autre chose qui participe à la réussite de Maniac Cop, c’est sa musique. Lustig refait appel ici à Jay Chattaway qui avait déjà composé les scores de Vigilante et celui sublime de Maniac. Le compositeur délivre ici une musique qui une fois encore démontre à quel point celui qui signera les BO des séries Star Trek des années 90 est talentueux. Tout ceci ne fait pas de Maniac Cop un chef d’œuvre, mais une excellente série B des années 80 menée tambour battant pendant sa courte durée, au scénario qui ne manque pas d’idées, au casting de gueules comme on en verra plus et à l’aspect technique carré. Des qualités récompensées par un succès non pas dans les salles de cinéma mais en vidéo partout dans le monde. Et vu la fin explicitement ouverte du métrage, vous vous doutez bien que l’on a pas fini de parler de Matt Cordell…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La mise en scène propre ♥ La photographie ♥ La musique ♥ Le scénario bien écrit ♥ Le casting ♥ Matt Cordell |
⊗ Des idées intéressantes mais pas suffisamment développées |
35 ans après sa sortie, Maniac Cop tient toujours la route. Le métrage reste une très bonne série B des années 80 menée tambour battant pendant 1h25, à l’aspect technique carré, au casting de gueules comme on en verra plus et au scénario bien écrit qui ne manque pas d’idées, bien que certaines ne soient pas suffisamment développées. A voir ou à revoir. |
Titre : Maniac cop
Année : 1988
Durée : 1h25
Origine : U.S.A
Genre : Psycho cop
Réalisateur : William Lustig
Scénario : Larry Cohen
Acteurs : Bruce Campbell, Tom Hatkins, Laurene Landon, Richard Roundtree, Robert Z’Dar, Laurene Landon, William Smith, Sheree North, Lou Bonacki