L’officier Matt Cordell est de nouveau de retour d’outre-tombe. Pendant ce temps, une policière est gravement blessée lors d’une prise d’otages. Matt commence à avoir un faible pour elle dès qu’il apprend son existence.
Avis de John Roch :
Le plan final l’annonçait, ils l’ont fait. Pourtant, Maniac Cop 2 bouclait la boucle, Matt Cordell ayant terminé sa vengeance sur le système judiciaire et sur les taulards qui l’ont fait passer de vie à semi-zombie indestructible. Mais pourquoi reviendrait-il une troisième, et pour le moment ultime, fois? Et bien c’est une excellente question qui ne trouvera jamais réponse dans ce Maniac Cop 3: Badge of Silence de son nom original. Il faut dire que question tournage chaotique, Maniac Cop 3 se pose la. Le personnage du script de départ était un flic noir censé enquêter sur une série de meurtres dans un hôpital de Harlem, script qui peut être était un écho à l’affaire Rodney King qui faisait grand bruit à l‘époque. Le scénario de Larry Cohen fini, William Lustig alors en plein repérage et casting se heurte à un problème. Tout comme le second opus, ce troisième film est financé par des capitaux trouvés un peu partout dans le monde, notamment au Japon ou les Maniac Cop ont cartonné. Seulement, les investisseurs Japonais ne veulent pas d’un héro noir et réclament le retour de Robert Davi, sans quoi ils se retirent du projet. Malgré son opposition, Lustig cède et Robert Davi reprend son rôle de l’inspecteur McKinney. Pourquoi pas après tout, mais le soucis est que le retour de ce personnage n’était pas prévu dans un scénario qui n’a du coup plus aucun sens. Larry Cohen de son coté refuse de réécrire son script qu’il faut reprendre à zéro, car il considère qu’il doit être repayé en conséquence par la nouvelle société qui détient les droits de la saga. Refus catégorique, Cohen se barre et Lustig vient sur le tournage juste pour être payé, tourne ce qu’il peut en arrachant plusieurs page du scénario et livre un premier jet d’environs 50 minutes. Inexploitable en l’état, Le réalisateur refuse de tourner des scènes additionnelles et se barre à son tour, libéré de tout contrat puisqu’il a fait sa partie du job, à savoir mettre en scène son film tout inexploitable soit-il. Celles-ci seront tournées, à une scène près mais j’y reviendrai, par le coproducteur Joel Soisson.
Maniac Cop 3 est donc un film malade, qui a souffert d’une production bordélique et cela se ressent dans un produit fini dont William Lustig ne reconnaît pas la paternité au point de le signer Allan Smithee. Mais comme toujours, c’est le résultat final qu’il faut juger et Maniac Cop 3 est en l’état un métrage incohérent, sans aucun sens et qui transpire le je m’en foutisme, bien qu’il y ait tout de même quelques petites choses à sauver qui n’en font pas un naufrage totale, mais bien trop peu pour espérer un quelconque sauvetage. Matt Cordell n’a donc pas une minute de répits. A peine mis à l’aise dans son cercueil, il sort de tombe car ramené à la vie par un prêtre vaudou. Visiblement vénère, il retrouve fissa ledit prêtre pour lui en coller une mais celui-ci explique à Cordell que si il a réussi à le ramener d’entre les morts, c’est parce que c’est son âme qui refuse le repos éternel. Il est clair que l’adepte de la magie noire à ramener le maniac cop pour une raison précise, qui ne sera jamais expliquée. Raison qui sans doute a fini par être arrachée du script. Au lieu de ça, Maniac Cop 3 part dans une autre direction et nous présente Kate, fliquette de New York aux méthodes expéditives qui a gagné le surnom de maniac Kate. Suite à une intervention lors d’un braquage dans une pharmacie à l’issue d’une connerie sans nom, notre pauvre Kate est accusée d’avoir abattue de sang froid une otage, non sans s’être mangée quelques bastos qui la plonge dans un état de mort cérébrale. A son chevet l’inspecteur McKinney, qui n’est plus un homme froid et solitaire mais un genre de papa poule et tombeur de ses dames, ne croit pas la version officielle de l’histoire filmée par deux journalistes à sensation qui ont volontairement coupé l’enregistrement pour que l’histoire paraisse plus sensationnelle. Et devinez qui cette histoire met hors de lui? Notre cher Matt Cordell qui en fait une affaire personnelle, vu qu’il n’a plus que ça à foutre puisque le scénario a en grande partie été jeté à la poubelle. C’est pourtant la seule chose de Maniac Cop 3 qui tient un minimum la route en terme de scénario. Car finalement, Cordell cherche à innocenté la jeune femme comme pour lui éviter le même destin, parce que si elle se réveille c’est la taule direct pour vice de procédure et abus de pouvoir tout comme le maniac cop. Mais non, au lieu de continuer sur cette lancée, le film part complètement en vrille et nous fait le coup du monstre de Frankenstein qui réclame sa fiancée. Donc grosso merdo si on essaie de donner un minimum de raison au retour d’entre les morts de Matt Cordell, c’est pour qu’il puisse pécho, ni plus ni moins. Le pire c‘est que des scènes entières vont dans ce sens, tel cette scène onirique sortie de nulle part ridicule au possible, Cordell qui ramène sa future femme au prêtre vaudou pour qu’il la ressuscite, ou ce plan final absolument honteux. Le ton du film prend alors une direction en totale opposition avec les deux premiers films. On est ici face à un banal slasher (chose que Maniac Cop premier du nom évitait justement) en milieu hospitalier ou ceux qui osent dire du mal de Kate vont mourir des mains de Cordell (comment il sait qu’ils disent du mal d’elle? ben ça, c’est une excellente question), qui ne se servira quasiment pas de sa lame ou de son flingue mais utilise pour changer un peu des instruments médicaux. Pendant ce temps, McKinney se la coule douce, plus occupé à emballer la doctoresse du coin plutôt que de mener son enquête, lui qui était pourtant un personnage intéressant dans le second film traverse celui-ci comme un fantôme. Logique puisqu’il n’y était pas prévu à la base.
Techniquement Maniac Cop 3 n’est pas dégueulasse. La mise en scène et la photo restent correcte mais c’est au niveau du montage que le métrage est totalement détraqué. Celui-ci ne tient absolument pas la route. On sent que le monteur en a chié pour lier le tout sans y parvenir, et de fait le tout est raccordé sans aucune vraie logique. Des scènes se déroulent en parallèle alors qu’il est évident qu’elles étaient censées être montrées en un bloc, le métrage balance ici et la des passages des deux autres opus pour combler le vide ou sans que cela ne soit vraiment pertinent (ce grand moment ou Cordell arrive devant l’hosto et à tout à coup un flashback de ses dernières aventures), montre le maniac cop dans des plans furtif dans un décor qui n’est jamais montrée dans le film, et surtout Maniac Cop 3 défie toute logique en ce qui concerne l’unité de temps. L’unité de temps justement, elle n’est pas foireuse qu’au niveau du montage. La saga Maniac Cop est censé se dérouler sur une période de un mois, un mois et demi tout au plus. Si Maniac Cop 2 faisait illusion sur ce point en ne situant jamais son action dans le temps (à une bafouille près dans la scène finale), Maniac Cop 3 lui ne s’emmerde pas et montre clairement l’époque à laquelle il a été tourné: on y cite l’affaire Rodney King et un dossier médical montre un gros 1992 qu’il est impossible de louper, même sur une VHS à la bande magnétique délavée et bouffée par le temps. La musique en prend un coup également car Jay Chattaway ne rempile pas pour ce volet et Joel Goldsmith a bien du mal à livrer un score à la hauteur des précédents. Reste que malgré tout, Maniac Cop 3 n’est pas un naufrage complet. Le film contient quelques scènes d’action plutôt cool, ou parfois improbable (Cordell qui vide un chargeur sur un gars qu’il vient de balancer dans les airs, c’est con mais assez rigolo), notamment dans ses derniers instants qui contiennent une fusillade dans l’hosto assez courte mais qui renvoi au polar hard boiled HK, et une course poursuite finale ou un Matt Cordell enflammé (oui, encore) joue aux autos tamponneuses en poussant par la seule force de ses bras les véhicules qui lui passe sous la main. Une scène qui par ailleurs n’ a été tournée ni par William Lustig, ni par Joel Soisson mais par Spiro Razatos, coordinateur des cascades (et cascadeur) sur les précédents métrages de la saga. Mais tout aussi sympa soit cette dernière partie, hormis le plan final, cela ne sauve en aucun cas ce Maniac Cop 3 aussi inutile que foiré dans tout les sens. Depuis, Matt Cordell n’est plus revenu sur les écrans. Il y a pourtant eu deux tentatives. La première vient d’un certain Chris R. Notarile, réalisateur de quelques 160 fan films, qui a tenté de racheter les droits de la saga pour en faire un remake. Il a même tourné une bande démo pour convaincre les ayants droit qui ne lui ont rien cédé, et quand on voit la gueule de ladite bande, ce n’est pas étonnant. La seconde tentative, plus sérieuse celle-là, vient de Nicolas Winding Refn qui a annoncé il y a une dizaine d’année produire un remake, d’abord sous la forme d’un long métrage puis par la suite sous celle d’une série pour HBO que devait réaliser John Hyams, ce qui était rassurant quand on constate les compétences du metteur en scène et la qualité des séries produites par la chaine câblée Américaine. Sauf que Refn à déclaré en début d’année que finalement, ce remake sous quelque forme que ce soit ne se fera pas. Dommage, tant un remake de Maniac Cop parait pertinent de nos jours, non seulement aux States mais aussi en France vu l’actualité. Pourquoi pas un remake Français après tout, avec un Matt Cordell en ancien agent de police qui revient d’entre les morts pour dessouder et des CRS et des BRAV M? Je reviens, j’ai une bande démo à tourner et un coup de fil à passer à William Lustig…
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Techniquement ça tient la route ♥ Au départ, il y a une idée intéressante ♥ Des scènes d’action sympas |
⊗ Un scénario mauvais de chez mauvais. Enfin, une improvisation de scénario mauvaise de chez mauvaise ⊗ Le montage chaotique et sans logique ⊗ Un film incohérent et sans aucun sens ⊗ Le maniac cop qui veut une fiancée, sérieusement? ⊗ La plupart du temps, un banal slasher ⊗ La musique qui ne rivalise pas avec celle de Jay Chattaway ⊗ Robert Davi, complètement inutile ⊗ Les scènes reprises des autres opus pour faire bouche trou ⊗ Le plan final |
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| Maniac Cop 3 est l’opus de trop. Ayant souffert d’une production chaotique, le film est à l’arrivée un ratage qui évite la catastrophe intégrale en se rattrapant avec quelques scènes d’action sympas dans une dernière partie un peu plus convaincante que le reste, mais qui ne sauve en rien le métrage dans son intégralité. | |
Titre : Maniac cop 3 / Maniac cop 3: badge of silence
Année : 1992
Durée : 1h24
Origine : U.S.A
Genre : Maniac crap
Réalisateur : Allan Smithee (William Lustig et joel Soisson)
Scénario : Quelque part dans une poubelle
Acteurs : Robert Davi, Robert Z’Dar, Gretchen Becker, Caitlin Dulany, Paul Gleason, Jackie Earle Haley, Julius Harris, Grand L. Bush, Doug Savant
