[Film] Man of Steel, de Zack Snyder (2013)

Clark Kent, élevé dans une ferme du Kansas, s’interroge sans cesse sur sa différence. Il apprend qu’il est né sur Krypton, un monde lointain aujourd’hui disparu dont les ultimes représentants tentent de conquérir la Terre au mépris de la civilisation humaine. Clark va devoir prendre de difficiles décisions pour devenir le symbole d’espoir pour toute l’humanité…


Avis de Rick :
Je le dis souvent, mais je n’ai jamais été un fan de Zack Snyder. Je suis le plus souvent hermétique à son style, à son abus de ralentis, et à sa manière de mettre lourdement l’émotion en image. Et le coup de grâce fut pour moi Sucker Punch, que j’avais littéralement détesté, allant jusqu’à me faire promettre de ne jamais revoir un film de Snyder. Mais seuls les cons ne changent pas d’avis, et face à une certaine aseptisation du cinéma à grand spectacle, forcément, au bout d’un moment, on en vient à jeter un œil sur les à-côtés. Snyder en réalité, j’y étais plus ou moins revenu, surtout moins, en tentant le Justice League… en 2017. Soit le film de Joss Whedon, ou plutôt, de la Warner. Mais avec la sortie du tristement très moche The Flash en 2023, le débat sur ce qu’il faudrait garder du DCEU arriva. Qu’est ce que l’on retiendra de ces 10 années de films dans l’urgence, faits à la va-vite, suivant les envies du moment, juste pour tenter d’avoir le même succès que Marvel. The Suicide Squad de James Gunn, et le premier Wonder Woman, si on lui retire sa dernière demi-heure, sont très sympathiques. Et voilà que lors d’un de ses débats, on m’a lancé « ben, Man of Steel ». Il n’en fallait pas plus pour aiguiser un poil ma curiosité, et voilà que le soir même, je me retrouve à regarder, 10 ans après sa sortie, Man of Steel. Les préjugés étaient là, je m’étais préparé mentalement à ma dose de ralentis, de plans iconiques et d’émotions beaucoup trop appuyées. Et si dans un sens, on retrouve bien les deux derniers points, Man of Steel m’aura plus que surpris. En réalité, oui, il est sans doute là le meilleur film du DCEU, et oui, j’avais tort. Il est peut-être là aussi le meilleur film de Zack Snyder. Un film qui se suffit à lui-même, sans interférences de studios, sans demandes folles (comme, introduire Wonder Woman, Cyborg, Aquaman et Flash dans un film devant préparer la Justice League tout en poursuivant Man of Steel). Un film simple, avec un début, un milieu, une fin, et surtout, une vision derrière.

Que l’on adhère ou pas, on ne peut le nier, Man of Steel a une vision. Celle d’un film de super héros mature, dans la lignée de la trilogie signée par Nolan, qui d’ailleurs écrit les grandes lignes de l’intrigue avant que David S. Goyer ne signe le scénario, lui qui avait déjà écrit la trilogie The Dark Knight. Une réappropriation et surtout une actualisation du personnage de Superman, personnage que je n’avais jamais réellement aimé. Adieu le slip rouge au-dessus de l’uniforme, place à la modernité. Man of Steel est clairement découpé en trois actes. Le premier se déroule sur Krypton et nous dévoile donc ce qu’il est arrivé à la planète du futur Superman, et à ses parents, dans une longue introduction qui envoie du lourd, en plus de déjà nous présenter le grand méchant de l’intrigue, le général Zod, en plus de quantité de petites informations utiles (le codex, les parents, la fuite, la fin de Krypton, tout ça tout ça). Une vision neuve de l’univers, une direction artistique sombre et originale, de l’action, un Hans Zimmer qui se lâche (superbe bande son, dommage que les meilleurs thèmes soient utilisés si souvent). Passé cela, nous découvrons enfin Loïs Lane, personnage important forcément et indissociable de Superman, qui enquête justement sur l’homme, ce qui permet au film de raconter toute l’enfance de Clark Kent, futur Superman, via des flashbacks. Avant l’arrivée de la dernière partie et de la menace principale du récit, le retour de Zod, pour une heure très chargée en action. Alors, premier excellent point, Snyder a réellement une vision pour son métrage, et ne se laisse donc pas du tout aller à ses tics de mise en scène habituels. C’est plutôt l’opposé en réalité, puisque les ralentis sont absents du métrage, qui fait le choix de la caméra à l’épaule et de la streadycam pour donner un aspect beaucoup plus brut au métrage, pris sur le vif, et voire même inédit dans le genre au final. C’est rafraichissant comme approche, surtout quand c’est bien fait, et c’est le cas ici. Pas de caméra folle, on comprend tout ce qu’il se passe, et c’est même dur à admettre, mais les CGI de Man of Steel, datant donc de 2013, tiennent mieux la route que ceux de The Flash, sorti il y a seulement quelques mois. La honte !

La mise en scène de Snyder n’est pas parfaite pour autant, car autant justement il m’aura convaincu dans l’action, et même dans ses expositions, mais moins dans l’émotion, où il a tendance, comme très souvent, à en faire des tonnes, notamment dans la mort de certains personnages. Rien n’est parfait comme on dit, mais encore une fois, voir un réalisateur avec une vision se permettre de se réapproprier une icône, avec les moyens de ses ambitions, c’est tout de suite plus sympathique qu’un simple film de studio réalisé par un yes man interchangeable. Surtout que si Man of Steel parvient à convaincre dans l’action, dans ses thématiques, il peut compter sur un très bon casting en prime. Que ce soit Henry Cavill ou Amy Adams dans les rôles clés (oui Cavill fait un très bon Superman), Michael Shannon en général Zod (un méchant avec une vraie motivation, et donc, une réelle écriture) ou les plus petits rôles avec Kevin Costner et Russell Crowe pour faire le père, adoptif et réel, de Clark, c’est tout simplement du tout bon. A noter d’ailleurs que Gal Gadot devait au départ interpréter une des antagonistes du film, mais qu’elle refusa, étant enceinte à ce moment, ce qui lui permis par la suite de jouer Wonder Woman. Tout cela fait du film un divertissement tout à fait recommandable, et même très solide. Avec certes un peu trop d’action (quasiment toute la dernière heure), un peu trop d’émotions (la mort d’un personnage notamment, lourde et insistante, même si l’on comprend bien pourquoi), mais très bon malgré tout. Revu (ou découvert) aujourd’hui, le constat est encore plus flagrant quand on voit ce qui sort actuellement. Quant au ton plus sombre et à l’aspect violent de l’œuvre, c’était, à mes yeux, un choix plus qu’intéressant, Man of Steel osant montrer des humains mourir, des personnages faire des choix difficiles, et dans un sens, tout cela les rend plus humains, plus réalistes, et cela ajoute de la gravité au récit. Chose qui manque clairement chez Marvel depuis bien trop longtemps. Du coup, bravo Snyder, j’aime enfin réellement un de tes films !

LES PLUS LES MOINS
♥ Le ton plus sombre, mature, plus grave
♥ Le style caméra à l’épaule
♥ Très bonne musique de Hans Zimmer…
♥ Un scénario intéressant
♥ L’action, bien présente
⊗ L’émotion parfois un peu forcée
⊗ …musique bien trop présente malgré tout
⊗ Trop d’action sur la fin ?
note6
Man of Steel est une excellente surprise. Certes, je découvre le film littéralement avec 10 ans de retard, mais ça rend la découverture d’autant plus agréable, de voir un gros film de super héros avec un réel point de vue artistique et narratif derrière. C’est solide, certains choix pertinents, et si ce n’est pas parfait, on tient une œuvre solide et pas parasitée par des éléments extérieurs.


Titre : Man of Steel
Année : 2013
Durée :
2h21
Origine :
Etats Unis
Genre :
Super héros
Réalisation :
Zack Snyder
Scénario :
David S. Goyer
Avec :
Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Kevin Costner, Diane Lane, Laurence Fishburne, Russell Crowe, Anje Traue et Ayelet Zurer
Man of Steel (2013) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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