[Film] Mamba, de Mario Orfini (1988)

Froid, méthodique et toujours tiré à quatre épingles, Gene n’est pas un homme qu’une femme peut plaquer comme ça. A Eva, son ancienne maîtresse, il fait le plus cruel des cadeaux d’adieu: un mamba, le serpent le plus venimeux du monde. Enfermée dans son loft en présence du reptile, Eva n’a aucune chance de survie. C’est du moins ce que pense gene qui, à distance, suit la chasse de son serpent…


Avis de John Roch :
Le mamba noir, il est mignon, surtout quand il est joué par Uma Thurman, il est vif et agile comme l’était Kobe Bryant, mais il faut pas le faire chier. Considéré comme l’un des serpents les plus dangereux du monde, s’il se sent agressé vous allez passer un sale quart d’heure, un dixième de son venin injecté en une morsure suffit pour tuer un homme, et vu la rapidité du bestiau, qui peut piquer des pointes à 23 km/heure, autant dire que si vous n’êtes pas un as du sprint, que vos poumons sont rongés par les méfaits du tabac ou que vous vous déplacez en moto-crotte, vous êtes foutu. Cette rapidité et cette agressivité font que le mamba noir est très peu utilisé au cinéma, les dresseurs étant réticent à travailler avec le serpent, si l’on excepte Venin de Piers Haggard et ce Mamba de Mario Orfini, aussi connu sous le nom plus passe partout de Fair Game. Producteur, réalisateur et scénariste, Mario Orfini tente de s’offrir l’Amérique, mais s’entoure d’une équipe intégralement Italienne, dont Giorgio Moroder à la musique, qui a bossé sur Scarface, Midnight Express, mais aussi Top Gun et Over the Top, et Ferdinando Scarfiotti, oscarisé pour Le Dernier Empereur, à la déco. Pour trouver un coté Américain, c’est du coté du casting qu’il faut chercher, se côtoient Gregg Henry, acteur prolifique que vous avez vu au moins une fois dans un film ou une série, Bill Moseley, passé à l’ époque à la postérité pour son rôle de Chop-Top dans Massacre à la Tronçonneuse 2, mais aussi pour un con pour son rôle de Rick dans Douce nuit Sanglante Nuit 3, et l’ Anglaise Trudie Styler, pas encore femme mais déjà compagne de Sting, et c’est tout. Mamba se compose d’un casting de trois acteurs, car le film tient sur un concept intéressant, à savoir un face à face entre l’actrice et le serpent dans un lieu clos.

Génie imbu de sa personne et concepteur de jeux vidéo, Gene est du genre à prendre de haut l’espèce humaine et ne supporte pas l’échec, et quand Eva, qu’il considère comme inférieure, le largue, il l’a mauvaise. Ne l’ayant plus sous son contrôle et ne la voyant pas avec quelqu’un d’autre, il décide de lui faire un joli cadeau d’adieu : un Mamba noir qu’il va enfermer avec son ex dans son logement, un loft dans un entrepôt, sans portes ni fenêtres. Déjà rendu agressif par la saison des amours, Gene injecte des hormones au serpent, qui doit mordre pour évacuer son venin avant de s’auto empoisonner, ce qui décuple son agressivité. Comme le chantait Didier Barbelavie et Felix Grave, « Un chagrin d’amour. Putain, que ça fait mal », mais au point d’élaborer un plan aussi farfelu, on atteint des sommets. Parce que le concept à lui seul ne peut tenir sur 1h20, on n’échappe pas à l’habituelle présentation des personnages, en particulier celui campé par Gregg Henry, caractérisé comme un homme froid, intelligent, calculateur et méthodique. Un pur psychopathe présenté dans une introduction qui est ce qu’ il y a de meilleur dans Mamba, dommage que la suite ne suive pas, car dès que l’on embraie sur Eva, tout dérape pour la simple raison qu’on s’en tape complètement, on s’en tape qu’elle recueille une tortue sur le chemin des courses, on s’en tape qu’elle range sa bouffe dans le frigo, on s’en tape de ses sculptures en pâte à modeler (mais pas de la pâte durcissante, c’est de la play-doh ni plus ni moins), on s’en tape qu’elle glousse devant Betty Boop, bref Eva est un personnage inexistant, que le jeu de Trudie Styler rend insupportable, au point de souhaiter que le mamba lui croque les fesses le plus vite possible. Venons-en au mamba justement, une fois introduit on ose espérer un film avec un minimum de suspens et des scènes sous tension. Il n’en est rien, bien que le film soit assez rythmé et qu’ on ne s’ennuie pas, ça ne fonctionne pas.

Le serpent en premier lieu, pour l’un des plus vifs et rapides du monde, il est plutôt à la ramasse et semble être sous tranxène, et on se surprend à se dire qu’il est assez con pour foirer autant de fois son coup, la première attaque étant par ailleurs involontairement drôle. La musique est vite aussi répétitive que la vue subjective et les décors ne sont pas inintéressants mais inexploités. Mais c’est encore une fois Trudie Styler qui gâche la majorité des scènes, son surjeu hystérique qui lasse même le serpent dans le final, son regard halluciné à s’en exploser les globes oculaires et cette mauvaise idée de la faire parler à voix haute tout le temps achèvent des moments sans idées, où l’héroïne fait vingt fois le tour de son loft en courant, et où le mamba se téléporte d’un endroit à l’autre avec une aisance à faire pâlir Jason dans le chapitre 8 de ses aventures, qui faisait déjà fort en passant d’un bout à l’autre de Manhattan en un claquement de doigt. Finalement, on se sent comme Gregg Henry dans la deuxième partie du film, qui regarde un écran pour voir l’avancement des événements, et passe des coups de fil pour voir si Madame Sting est toujours vivante : on regarde l’écran sans trop de convictions, et son téléphone de temps à autres en attendant que ça se finisse.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un bon concept de départ
♥ On ne s’ennuie pas
♥ Gregg Henry et le personnage qu’il incarne
⊗ Passé le concept, un film sans véritables idées
⊗ Aucune tension
⊗ Ça tourne vite en rond
⊗ Le mamba noir jamais vif ni menaçant
⊗ Trudie Styler, insupportable
Passé un concept prometteur et Gregg Henry, Mamba ne tient pas sur la longueur : serpent sous anxio, actrice insupportable, aucune tension ni suspense. Un petit gâchis.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a subit 4 secondes de coupes en Angleterre.


Titre : Mamba / Fair game
Année : 1988
Durée : 1h21
Origine : Italie
Genre : Attaque animale
Réalisateur : Mario Orfini
Scénario : Mario Orfini et Lidia Ravera

Acteurs : Gregg Henry, Trudie Styler, Bill Moseley

 Fair Game (1988) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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