Durant la deuxième Guerre Mondiale, un sous-marin transporte une arme secrète, développée par les nazis, appelée Lorelei, afin d’empêcher une troisième bombe atomique de ravager le Japon. La cible est Tokyo.
Avis de Laurent :
Adaptation d’une nouvelle de Harutoshi Fukui, Lorelei (qui emprunte son nom à la mythologie germanique) raconte les aventures de l’équipage du sous-marin I-507 en mission pour empêcher une troisième bombe atomique de s’abattre sur le Japon. Lorelei est une œuvre qui joue sur différents tableaux. Il est à la fois un film de guerre, d’action, une romance, un film de science-fiction et surtout il appartient au sous-genre du film de sous-marins qui a ses propres références et ses propres codes. Ce sous-genre du film de guerre côtoie le meilleur (A la poursuite d’Octobre Rouge) comme le pire (Blue). Malheureusement Lorelei balance dans la deuxième catégorie. La faute à un sujet survolé, une réalisation approximative et un contexte historique non maîtrisé qu’il aurait fallu prendre avec des pincettes. Comme de nombreux films qui, avant lui, jouaient avec une réinterprétation de l’histoire du pays, le réalisateur Shinji Higuchi s’aventure sur une pente pour le moins glissante.
En effet, il est difficile de s’affranchir d’un nationalisme grossier et d’éviter de bonifier un passé qui n’a rien de glorieux. Ambitieux et difficile sur le papier, Lorelei l’est tout autant au niveau de la réalisation qui demande de gros moyens lors des nombreuses scènes de batailles navales. Force est de constater que le résultat ne tient pas ses promesses avec des scènes de combats anti-spectaculaires (pour un blockbuster le spectateur est loin d’en avoir pour son argent) et pas impliquantes pour un sou. Il faut dire que la tenue générale des effets spéciaux est décevante pour un spécialiste du genre à la réalisation. Rappelons que Shinji Higuchi s’était auparavant illustré dans la sympathique série des Gamera sur laquelle il s’était brillamment occupé des effets spéciaux. Alors réputé pour son dosage équilibré entre CGI honorables et SFX à l’ancienne, le choix du tout numérique dans Lorelei a un effet désastreux.
Tout juste plus élaboré qu’une cinématique de Playstation, le résultat est vraiment raté. Le côté huit-clos qui fait partie intégrante du genre film de sous-marin est lui aussi bancal avec une pression finalement jamais palpable. Dommage car avec un Kôji Yakusho au casting, le film promettait de belles choses. Malheureusement, sa prestation est bien moins convaincante que dans les films de Kiyoshi Kurosawa ou Shohei Imamura. La faute à un personnage passablement écrit et une direction d’acteurs probablement inexistante. La palme revient au personnage de Paula Atsuko Ebner qui incarne l’arme secrète sous la forme d’une femme mutante. L’aspect science-fiction est tout simplement ridicule et tombe comme un cheveu sur la soupe. Vient s’ajouter à cela une romance indigeste entre Paula et Yukito Orisaka un jeune marin kamikaze (Satoshi Tsumabuki).
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Plutôt bien rythmé | ⊗ Sujet survolé ⊗ Réalisation en demi-teinte ⊗ Nationalisme grossier |
Malgré un carton plein au box-office japonais de 2005, Lorelei est donc au final un film décevant qui tombe dans tous les pièges qui lui étaient tendus. Il peut cependant se suivre si on est peu exigeant sur la marchandise, mais un sujet aussi tendancieux aurait mérité d’être traité avec plus de subtilité et un minimum de recul. Si les films de sous-marin venant d’Asie vous intéressent, tentez plutôt votre chance avec l’efficace thriller coréen Phantom of the Submarine de Min Byung-Chun à défaut d’être original. |
Titre : Lorelei, la Sorcière du Pacifique / Lorelei / ローレライ
Année : 2005
Durée : 2h08
Origine : Japon
Genre : Guerre / SF
Réalisateur : Shinji Higuchi
Scénario : Satoshi Suzuki, Harutoshi Fukui
Acteurs : Kôji Yakusho, Satoshi Tsumabuki, Toshiro Yanagiba, Yû Kashii, Shin’ichi Tsutsumi, Ken Ishiguro, Colter Allison, David Austin, Nicholas Dombrovskis