Tueur professionnel abonné à la malchance, Jack est engagé par un légendaire patron du crime pour livrer un sac dont il ne doit connaître le contenu sous aucun prétexte. La livraison est prévue dans un motel perdu au milieu de nulle part où gravite une foule de personnages louches. Mais l’arrivée d’une mystérieuse prostituée, dont la vie semble dépendre de celle de Jack, va compromettre sérieusement la livraison.
Avis de Cherycok :
Première réalisation de l’inconnu David Grovic, qui avait jusque là fait des apparitions dans deux films de seconde zone, L’Instinct de Tuer (The Bag Man en VO) est un petit thriller avec en tête d’affiche deux gros acteurs hollywoodiens qui malheureusement ont perdu leur statut d’acteurs bankables, je veux parler de John Cusack et Robert De Niro. Il faut dire que depuis quelques années, leur filmographie n’est pas ce qu’il y a de plus reluisante, alignant des films allant du tout juste sympathique au carrément médiocre. Les voilà tous les deux réunis dans ce qui s’apparente plus à un téléfilm de luxe qu’à une vraie péloche de cinéma, non pas que l’ensemble soit très mauvais, quoi que franchement très loin du chef d’œuvre, mais après visionnage on comprend aisément pourquoi le film est arrivé chez nous directement en DVD/bluray/VOD sans passer par la case Salles Obscures.
Inspiré du livre The Cat : A Tale of Feminine Redemption (1999) de Marie-Louise con Franz, L’Instinct de Tuer nous narre les mésaventures de Jack (John Cusack) qui va se voir confier par son boss (Robert De Niro) une mission qui consiste à livrer un sac sans jamais regarder son contenu. Des faux airs du Transporteur de Louis Leterrier me direz-vous… Mais non, la ressemblance s’arrête là. Alors que ce dernier était un film d’action matinée de comédie et ne se prenant pas trop au sérieux, L’Instinct de Tuer est un thriller noir assez violent doté d’une ambiance très étrange. Outre le motel bien glauque, c’est cette galerie de personnages assez improbables qui nous interloque : un duo de macs composé d’un nain serbe et d’un grand black borgne, un directeur de motel très bizarre qui ne veut surtout pas qu’on touche au fauteuil roulant que lui avait acheté sa maman, une prostituée aux cheveux bleus qui pose un peu trop de questions, ou encore des flics ultra violents.
On sent une réelle volonté de bien faire chez le réalisateur David Grovic. Malheureusement, on a cette désagréable impression que rien n’est maitrisée. Aucune envolée narrative mais surtout un film bien trop long pour ce qu’il raconte. L’Instinct de Tuer aurait clairement mérité d’être raccourci de 20 voire 30 minutes. On dirait que tout est étiré à l’extrême, avec certaines scènes interminables, comme lorsque John Cusack va à l’accueil du motel chercher les clés de sa chambre. 10 minutes pour récupérer ses putains de clés !
Le manque d’originalité est flagrant, avec le même schéma narratif qui se répète encore et encore. L’ensemble est très convenu, et à aucun moment le film n’arrive à nous surprendre. On essaie de nous faire douter sur chacun des nouveaux personnages mais jamais on n’arrive à nous leurrer. Le spectateur comprend très vite que tous les personnages que va rencontrer Jack sont suspects, et seul celui interprété par la jolie actrice brésilienne Rebecca Da Costa arrive à rester un tantinet mystérieux. Le doute n’est pas permis mais la miss fait son job et tire son épingle du jeu. C’est aussi le cas de John Cusack, acteur de talent capable de tout jouer mais étrangement boudé par Hollywood, seul acteur à vraiment sortir du lot dans le rôle du tueur à gage qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive. Quant à De Niro, dont la présence à l’écran ne dépasse pas les 10 minutes, sans doute uniquement là en tant que prête-nom histoire de donner un peu plus de « prestige » à la bobine, il nous ressert une fois de plus son De Niro chef mafieux en mode grimaçant. Le monolithique Dominic Purcell est anecdotique, sans doute pris dans le casting alors qu’il passait par là entre deux tournages chez Uwe Boll.
Néanmoins, tout n’est pas à jeter dans L’Instinct de tuer. Ce petit côté assez méchant du film n’est pas désagréable et les quelques scènes de violence un peu exacerbée, avec effets gores assez poussés même si dispensables au demeurant, sont plutôt réussies dans leur genre. Et si on exclut le final dans la forêt, assez risible, les quelques scènes d’action (bien trop rares) sont assez bien troussées et nerveuses. Dommage que le classique coup de l’épilogue qui nous explique tout sur tout -parce qu’on est sans doute trop cons pour comprendre de nous-même- vienne rajouter 15 minutes de plus à ce film qui aurait définitivement mérité d’être bien plus court.
Au final, L’Instinct de Tuer est un film assez lambda, qui pêche par son manque de punch et d’originalité. Ca se laisse suivre sans trop de soucis mais il ne marquera clairement pas les esprits. A noter que la version française sortie chez nous est en fait la version québécoise.
Note :
Titre : L’Instinct de tuer / The Bag Man
Année : 2014
Durée : 1h48
Origine : U.S.A / Bahamas
Genre : Mais y’a quoi dans ce putain de sac !?
Réalisateur : David Grovic
Avec : John Cusack, Rebecca Da Costa, Robert De Niro, Crispin Glover, Dominic Purcell, Martin Klebba, Sticky Fingaz, David Shumbris, Chazz Menendez, Danny Cosmo, Theodus Crane