[Film] L’Horrible Invasion, de John ‘Bud’ Cardos (1977)

Au fin fond de l’Arizona, des araignées privées de nourriture par les pesticides, s’en prennent au bétail, puis aux habitants d’une petite ville américaine. Elles tuent tout être vivant se présentant sur leur passage. Face à ces mygales affamées et hostiles, un vétérinaire et une entomologiste tentent de survivre et de trouver le moyen de riposter..


Avis de John Roch :
Affectant environ 6% de la population mondiale, l’arachnophobie est l’une des dix phobies les plus rependues chez l’être humain, allant de la tachycardie à l’évanouissement en passant par des vertiges, maux de ventre, crises de panique, voire des vomissements. Si la simple pensée d’une araignée cause l’un de ses troubles, vous êtes prié de quitter cette page remplie de bébête aux huit pattes poilues, vous êtes prévenu. Petite précision sur le film évoqué ici puisqu’il y a deux horribles invasions en France : Spiders : L’Horrible Invasion, et son araignée géante de l’espace qui est en fait une grosse peluche montée sur une Coccinelle, puis L’Horrible Invasion d’une armée de grosses bébêtes authentiques à laquelle tente de survivre le capitaine Kirk. L’un est un nanar pur jus, l’autre un film d’attaque animale par trop mal fichu. Il s’agit ici du second, réalisé par John ‘Bud’ Cardos, touche à tout du monde du cinéma qui a été producteur, acteur, réalisateur, assistant, chauffeur et dresseur d’animaux sur des tournages allant des très Z films de Al Adamson (l’homme qui tourne un film et se débrouille pour le sortir cinq fois à peine modifié) à Alfred Hitchcock (il a dressé les oiseaux dans le film du même nom). Avec L’Horrible Invasion, il signe non seulement son métrage le plus notable, mais aussi l’un des meilleurs représentants du film d’horreur avec des araignées voraces.

L’Horrible Invasion se déroule dans une petite bourgade tranquille de l’Arizona dont la population tient autant du cowboy que du redneck, tranquille jusqu’au jour où une vache est retrouvée morte sans explication. Alors que les habitants craignent une quarantaine pour cause de fièvre aphteuse, deux vétérinaires découvrent que des mygales ont élargi leur terrain de chasse à cause des pesticides qui ont éradiqué les insectes, principale source de nourriture des arachnides. Vous me direz, où est le problème ? Les mygales qui ont la dalle s’entre bouffent sans repas à proximité, mais les pesticides les ont également rendues plus intelligentes, et elles vont carrément lever une armée pour conquérir le monde, tout du moins une petite partie de l’Arizona pour commencer. L’Horrible Invasion reprend le schéma classique d’un film d’agression animale avec une structure qui va crescendo, ça démarre donc doucement avec la mort d’abord d’animaux, puis d’humains isolés avant la traditionnelle attaque à grande échelle, puis le final où le groupe de héros qui tente par tous les moyens d’éradiquer la menace tout en survivant aux assauts des araignées. Un schéma classique donc, et un scénario qui est réduit à son strict minimum, c’est-à-dire William Shatner en vétérinaire tombeur de ses dames qui déclenche une histoire d’amour qui vire au trio amoureux assez étrange. Il est à souligner que des scènes d’exposition ont été sucrées du montage Français d’époque, exploitant d’avantage ledit trio, scènes désormais réintégrées qui donnent un peu plus de sens aux relations entre les personnages, mais qui alourdissent le métrage.

Il est clair que cette partie de l’histoire n’est pas vraiment passionnante, en revanche John ‘Bud’ Cardos se rattrape en donnant à son film un petit discours écolo alors dans l’air du temps en évoquant explicitement un produit chimique qui commençait alors à devenir interdit : le DDT (ou dichlorodiphényltrichloroéthane pour les intimes), utilisé comme insecticide alors que le produit chimique était cancérigène et reprotoxique, ce qui donne une dimension intéressante à l’Horrible Invasion, les mygales représentant au final la folie des hommes et leur manie à vouloir contrôler la nature. Reste que malgré ça, la première partie de L’Horrible Invasion est par moments ennuyeuse. Ennui contrebalancé par les scènes avec les mygales, avant la dernière demi-heure qui se lâche complètement et c’est là que le film prend toute son ampleur. De vraies arachnides ont été utilisées, et on parle ici de 5000 mygales d’après la légende (néanmoins quelques peintures ont été nécessaires pour donner un effet de masse), et les différentes attaques sont toutes aussi folles les unes que les autres. Car John ‘Bud’ Cardos y va à fond, que ce soit de balancer une dizaine de mygales sur les acteurs, de mettre une gamine de quatre ans face à une autre dizaine de ces bêtes voire un nombre plus important lorsqu’elle est sur une balançoire, ou des moments plus spectaculaires comme ce pilote d’avion qui se fait attaquer en plein ciel, on ne peut pas dire que L’Horrible Invasion manque de moments marquants. Mieux encore, si la mise en scène s’avère pour la plupart du temps plate, le réalisateur réussit tout de même de sacrés coups d’éclats lorsqu’il passe du point de vue des personnages aux mygales, ou quand il suit celles-ci dans des scènes qui ont de la gueule, d’autant plus que certains mouvements de caméra qui prennent les bestioles sur le vif tiennent parfois du miracle. En définitive, L’Horrible Invasion est un film qui malgré ses défauts tient encore bien la route, les passages avec les mygales sont toujours aussi saisissants, le discours écolo amène un vrai fond, et le métrage réserve son lot de scènes par moments spectaculaires voire improbables à l’image d’un dernier plan où le titre Français du métrage prend tout son sens, aussi pessimiste que beau, ou aussi moche que nanardesque selon votre appréciation du moment. Au royaume du film d’attaque animale, L’Horrible Invasion est dans le haut du panier.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une mise en scène parfois réussie…
♥ Les scènes avec les mygales qui font parfois froid dans le dos
♥ Parfois assez fou
♥ Des acteurs impliqués (tu m’étonnes !)
♥ Thématiquement pas inintéressant
⊗ … mais plate quand il n’y a pas d’araignées à filmer
⊗ Une première partie relativement ennuyeuse
Bien qu’il ait vieilli sur certains aspects, et que la première partie soit parfois ennuyeuse, L’Horrible Invasion est dans le haut du panier du film d’attaque animale et n’a rien perdu de sa force dès lors qu’il s’agit de montrer à l’écran des mygales attaquer la population d’une petite ville perdue. Souvent tendu, parfois surprenant, ce métrage est à déconseiller à qui souffre d’arachnophobie, ou à qui a une peur minime des araignées.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Selon la légende, 50000 dollars du budget du film ont été attribués aux mygales. La production offrait 10 dollars pour qui trouverait une de ses bêtes, 5000 ont été ramenées sur le tournage.
• Au vue du faible budget du film (en partie bouffé par les mygales, voir ci-dessus), il n’y a pas eu de cascadeurs lors du crash de l’avion dans la station service, ce sont bien les acteurs qui échappent à l’explosion
• Mygales toujours : contrairement à des idées reçues, le venin des mygales d’Amérique du nord n’est pas mortel à moins d’y être allergique. Sur le tournage, les acteurs ont juste souffert de grosses démangeaison dues au poils irritants des pattes des mygales.
• Il a été mentionné à Igo Kantor, producteur du film, lors d’une interview à Fangoria, que Arachonophobia (1990, produit par Steven Spielberg) avait des similitudes avec L’Horrible Invasion. Kantor a répondu : « j’ai pensé que c’était une copie [de l’horrible invasion], mais vous ne partez poursuivre Spielberg en justice ».



Titre : L’horrible invasion / Kingdom of the spiders
Année : 1977
Durée : 1h35
Origine : U.S.A
Genre : Arachnophobie
Réalisateur : John ‘Bud’ Cardos
Scénario : Richard Robinson, Alain Caillou, Jeffrey M. Sneller et Stephen Lodge

Acteurs : William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux dressler, David McLean, Natasha Ryan, Joe Ross, Altovise Davis

 L'horrible invasion (1977) on IMDb

























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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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