
Angleterre, XIXème siècle. En utilisant un appareil photographique expérimental, le scientifique Sir Hugo Cunningham, découvre une entité surnaturelle appelée Asphyx, qui apparaît au moment de la mort pour capturer l’âme. Avec l’aide de son fils adoptif Giles, il mène d’autres expériences et conçoit un moyen de maîtriser l’Asphyx et d’accéder ainsi à l’immortalité. Mais, comme tout scientifique visionnaire devrait le savoir, défier les lois naturelles et spirituelles entraîne des conséquences terribles…
Avis de Cherycok :
Lorsque L’Esprit de Mort est sorti au cinéma, les films d’horreur gothiques façon Hammer étaient un peu passés de mode. L’année suivante, L’Exorciste allait redistribuer les cartes et changer définitivement le paysage du cinéma horrifique, délaissant la subtilité pour aller à fond dans les effets graphiques et les maquillages impressionnants. C’est en partie ce qui explique l’échec au box-office de L’Esprit de la Mort, aussi bien dans son pays qu’aux U.S.A où il a bénéficié d’une version rallongée de 12 minutes (alors que c’est l’inverse habituellement). Très rapidement, il a été un peu oublié par les amateurs de bobines horrifiques alors qu’il a clairement des atouts pour lui. Avec son ambiance particulière et son visuel soigné, L’Esprit de la Mort est plus intéressant qu’il n’y parait et l’édition française de MDC Films, qui propose les deux montages, est l’occasion de se replonger dans ce film d’horreur horrifique à mi-chemin entre l’époque victorienne et le steampunk.
L’histoire du film est assez intrigante, mêlant ce qui semble être deux obsessions de la période victorienne, à savoir la fascination pour les nouvelles technologies de l’époque, la photo et le début de de ce qu’ils appellent « l’image animée » dans le film, et la mort à travers la parapsychologie. L’Esprit de la Mort tourne autour du personnage de Sir Hugo Cunningham, dont le passe-temps favoris pour ses recherches et de photographier des personnes au moment où elles meurent. Un jour, il découvre sur plusieurs clichés une forme noire, qu’il va associer à l’esprit des morts Asphyx dans la mythologie de la Grèce Antique, qui s’apparait qu’au moment où les gens basculent dans le royaume des morts. Lorsqu’il filme une pendaison avec son nouvel appareil « d’images animés », il voit clairement l’Asphyx et commence à devenir obsédé par l’idée d’en capturer un. Peu à peu, ses recherches commencent à lui faire penser que capturer l’Asphyx de quelqu’un empêchera cette personne de mourir. Il décide de se mettre en situation de mort, de capturer la chose, et ainsi devenir immortel. Sauf que cela va le mettre sur la voie de la destruction et de la mort. Avouez que c’est tout de même assez intrigant non ? L’ambiance victorienne est ici parfaitement retranscrite et, avec ses machines sortant tout droit d’un univers steampunk, L’Esprit de la Mort a de la gueule. Ça a beau être le premier (et le seul) long métrage de Peter Newbrook, on sent immédiatement son passif de caméraman puis de directeur photo. L’ensemble est extrêmement élégant, certains plans sont superbes comme ces moments presque hors du temps sur les barques, et la cinématographie grand écran apporte ici réellement quelque chose au film. L’ambiance est très soignée et, bien que le film ne fasse absolument pas peur, l’atmosphère sait se faire inquiétante et rien que les cris longuement stridents des Asphyx ont parfois de quoi faire hérisser les poils.
L’Esprit de la Mort est un film assez cynique et offre un très sympathique récit, plutôt bien structuré, de la descente aux enfers d’un homme obsédé par sa découverte et ce qu’il pourra en faire. Le casting participe à cette réussite, même si le jeu très théâtral de ce genre de bobine horrifique très ancrée dans la Hammer des années 50 pourra aujourd’hui déstabiliser un jeune public peu ou pas habitué à la chose. On pourra néanmoins remarquer que Robert Powell semble brider son jeu, peut-être de peur d’en faire trop. Le vrai gros problème de L’Esprit de la Mort, c’est son scénario qui a malgré tout plusieurs failles. Tout d’abord, il nous présente de nombreux personnages forts, mais il ne sait pas réellement quoi en faire. Certains disparaissent trop soudainement alors qu’il aurait pu être intéressant d’avoir plus de détails sur les relations qu’ils ont les uns avec les autres. L’exemple le plus flagrant est ce fils adoptif, avec qui il mène l’expérience, mais cette donnée (l’adoption donc) n’a absolument aucune incidence sur quoi que ce soit dans le film. Certaines scènes nous font ressentir la même chose, comme ce jet d’acide sur le visage du personnage principal qui au final ne sert à rien car il n’a aucune incidence sur quoi que ce soit. On pourra également reprocher à L’Esprit de la Mort de ne pas être crédible sur certains points. On comprend que le but est d’approfondir et structurer suffisamment les choses, le film est suffisamment bavard (sans que cela soit gênant) pour nous convaincre de la véracité de ce que vivent les personnages, aussi impossible que cela soit dans la réalité. C’est d’ailleurs logique d’accepter le postulat de départ quand on regarde un film fantastique. Mais sans spoiler, certaines choses tombent un peu dans le ridicule si on prend en compte la logique psychologique que sont censés avoir les personnages dans une telle situation. Mais malgré ces quelques couacs, L’Esprit de la Mort est un film suffisamment intéressant pour qu’on y jette plus qu’un coup d’œil, ne serait-ce que pour tout le travail visuel représentatif de toute une époque révolue et pourtant dans les mémoires de tous les cinéphiles s’étant un minimum intéressé au cinéma d’horreur des années 50 et 60.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Un scénario bien structuré… ♥ Des personnages intéressants… ♥ La photographie ♥ Le principe de l’Asphyx ♥ L’ambiance victorienne bien retranscrite |
⊗ … mais qui a des failles ⊗ … mais qui manquent de liant ⊗ Une bande son en deçà |
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Avec son atmosphère particulière, son visuel réussi et son postulat de départ des plus intéressants, L’Esprit de la Mort est une jolie petite curiosité que tout amateur de cinéma horrifique se doit de voir au moins une fois, en particulier les amoureux de la Hammer. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• L’intrigue et l’astuce consistant pour les scientifiques à créer un dispositif pour attraper un esprit, le piéger dans un système de confinement, puis l’enfermer dans un sceau pourrait être la base du film Ghostbusters de 1984.
• Un remake a été annoncé en 2009, avec des prises de vues qui devaient commencer en 2011, avec Alison Doody dans le rôle féminin principal et Matthew McGuchan à la réalisation. Mais faute de financement, cela ne se fera jamais.
L’ESPRIT DE LA MORT est sorti chez MDC Films en blu-ray au prix de 25€. Il est disponible à l’achat ici : https://mdcfilms.myshopify.com/ Spécifications techniques : Format image 2.35:1 respecté – 1920×1080 – 23.976p – Encodage AVC. Audio : Anglais en en DTS-HD Master Audio 2.0 et Français en DTS-HD Master Audio 2.0. Sous-titres : Français (nouvelle traduction). En plus du film, on y trouve : Le film en VHS Vision (VF, 1h26), L’histoire de L’Esprit de la Mort par Nicolas Stanzick (39min), Galerie photos (4min), Bande annonce, Bandes annonces MDC Films |
Titre : L’Esprit de la Mort / The Asphyx
Année : 1972
Durée : 1h27 / 1h39
Origine : Royaume-Uni
Genre : Steampunk victorien
Réalisateur : Peter Newbrook
Scénario : Christina Beers, Laurence Beers, Brian Comport
Acteurs : Robert Powell, Robert Stephens, Jane Lapotaire, Alex Scott, Ralph Aliss, Fiona Walker, Terry Scully, John Lawrence, David Grey, Tony Caunter, Paul Bacon